Troisième greffe de pénis réussie en Afrique du Sud
Après avoir réussi la première greffe de pénis, l’équipe de l'Université Stellenbosch (SU) et de l'Hôpital scolaire Tygerberg vient d’effectuer une deuxième transplantation du même type. C’est la troisième greffe de ce type réussie dans le monde. Petite particularité : le receveur et le donneur n’ayant pas la même couleur de peau, le greffon sera tatoué.
Le 3e pénis greffé sera tatoué
Réalisée le 21 avril 2017, cette seconde opération a duré 9h30 au Tygerberg Hospital à Cape Town, en Afrique du Sud. Le bénéficiaire était un homme de 40 ans qui avait perdu son pénis il y a 17 ans en raison de complications après une circoncision traditionnelle. Son identité est protégée pour des raisons éthiques. En appliquant les leçons tirées de la première transplantation, Van der Merwe et son équipe ont pu réduire considérablement les coûts de la deuxième procédure.
Un écart de couleur entre le receveur et l'organe donneur sera corrigé avec un tatouage médical entre 6 à 8 mois après l'opération (le donneur ayant la peau blanche et le receveur la peau noire). Cela devrait être effectué par un tatoueur spécialisé dans le tatouage médical. Bien qu'il n'y ait aucune expérience avec une telle procédure, puisque la transplantation actuelle n'est que le troisième cas dans le monde et que le tatouage n'a pas été nécessaire dans les deux autres cas, il ne sera effectué que six mois après l’opération et plus d'une session sera probablement nécessaire.
Un impact psychologique important
"C'est certainement l'un des patients les plus heureux que nous ayons vus. Il va remarquablement bien. Il n'y a aucun signe de rejet et toutes les structures reconnectées semblent bien guérir", explique le Pr. Van der Merwe. L’équipe prévoit que le patient retrouve toutes ses fonctions urinaires et reproductives dans les 6 mois suivant la transplantation.
"Les patients décrivent une transplantation de pénis comme « le don d'une nouvelle vie ». Pour ces hommes, le pénis définit la virilité et la perte de cet organe entraîne une énorme détresse émotionnelle et psychologique", explique le Dr Amir Zarrabi de la Division d'Urologie de la FMHS, membre de l'équipe à l’origine de la greffe.
Trois ans après la première greffe de pénis
En décembre 2014, Van der Merwe et son équipe avaient réalisé la première transplantation réussie du pénis au monde. Deux ans plus tard, "le patient se porte extrêmement bien, physiquement et mentalement. Il vit une vie normale. Ses fonctions urinaires et sexuelles sont revenues à la normale, et il a pratiquement oublié qu'il avait une transplantation" témoigne le Pr. Van der Merwe. En juin 2015, la BBC rapportait même le fait qu’il s’apprêtait à devenir père.
Une deuxième greffe avait été réalisé aux Etats-Unis à l’hôpital général de Boston, deux ans plus tard.
Une réelle pénurie de greffons
Le plus grand défi pour cette étude qui prévoit de conduire 10 transplantations de ce type est le don d'organes. "Je pense que le manque de transplantation de pénis à travers le monde depuis que nous avons effectué le premier en 2014, est surtout dû au manque de donneurs. Il pourrait être plus facile de faire don d'organes que vous ne pouvez pas voir, comme un rein, plutôt qu’une main ou un pénis", juge le Pr. Van der Merwe.
La mutilation pénienne est plus fréquente en Afrique du Sud que partout ailleurs dans le monde en raison de complications de circoncisions réalisées dans le cadre d'un rituel de passage traditionnel sur les jeunes hommes dans certaines cultures. Les experts estiment que jusqu'à 250 amputations partielles et totales ont lieu par an dans le pays.