Le préservatif, c'est pas encore automatique
Le préservatif est le seul moyen efficace de prévention des infections sexuellement transmissibles. Or une étude médicale écossaise récente montre que, même si ce message est passé, de nombreux freins à son utilisation systématique persistent.
Réalisée auprès de jeunes filles de 20 ans triées selon leur expérience sexuelle et leur niveau social, cette étude montre les limites des messages de prévention des organismes publics. Si toutes les jeunes filles interrogées reconnaissent avoir déjà utilisé le préservatif, notamment lors de leurs premiers rapports (85 %), seules 15 % affirment s'en servir systématiquement.
La moitié des jeunes filles ne l'utilisent qu'avec un nouveau partenaire ou lorsqu'elles ont des partenaires occasionnels. Un des facteurs de non utilisation identifié est la survenue d'expériences négatives sexuelles avec un préservatif, vécu comme un “tueur de sexualité“, ou encore provoquant des relations plus douloureuses. D'autres jeunes filles interrogées les trouvent également difficiles à utiliser ou trop fragiles (expérience de rupture ou “glissade“ du préservatif par plus d'un tiers). Enfin une relation plus stable avec leur petit ami est évoquée comme unique facteur d'arrêt par une minorité.
Le préservatif est devenu une norme sociale reconnue de seule prévention sûre des infections sexuellement transmissibles (IST : sida, mais aussi syphilis, chlamydias...), comme le confirment les jeunes interrogées. Mais cette étude, bien qu'effectuée sur un petit nombre de personnes, semble indiquer que cette norme, si elle suffit pour les nouveaux partenaires (au statut infectieux inconnu), ne résiste pas aux difficultés d'usage ni à une influence perçue comme négative sur le vécu de la sexualité. Peut-être que de futures campagnes de prévention tiendront compte de ces données, par exemple en insistant à nouveau sur le meilleur mode d'utilisation de ces bouts de latex (cf. notre animation interactive, en lien ci-dessous), et, pourquoi pas, en incitant à utiliser davantage de gel à base d'eau, qui augmente les sensations, facilite la pénétration et n'endommage pas le préservatif?
Source : “Young women and limits to the normalisation of use of condom use: a qualitative study“, Williamson LM et coll., AIDS care, 5 mai 2009