Violences conjugales : un nouveau dispositif expérimenté en Seine-Saint-Denis
Afin de lutter contre le fléau des violences envers les femmes, de nouvelles mesures d'éloignement du conjoint et de soutien ont été annoncées fin octobre par Michèle Alliot-Marie. Une première expérimentation a été présentée ce matin en Seine-Saint-Denis, à l'occasion des 5es Rencontres Femmes du Monde.
Plusieurs dizaines de milliers de femmes sont victimes de violences de la part de leur conjoint chaque année. Tous les 3 jours, une d'entre elles décède sous les coups. Ces femmes sont dans une situation particulièrement difficile, retrouvant chaque jour la personne qui les fait souffrir, ce qui rend difficiles les plaintes et le suivi judiciaire, notamment par peur de représailles. Afin d'améliorer le dispositif d'aide aux victimes, le ministère de la Justice a donc proposé de nouvelles mesures, que nous avons évoqué fin octobre.
Une de ces mesures, le téléphone portable de protection, va tout d'abord être expérimentée en Seine-Saint-Denis et a été présentée le 23 novembre, en présence de Madame Alliot-Marie, Claude Bartolone, Jean-Paul Huchon, ainsi que les représentants de France Télécom Orange, de Mondial Assistance et de l'Association SOS victimes 93. Une femme victime de violence conjugale qui a déposé plainte pourra, grâce à ce dispositif, se voir attribuer, sur décision du parquet de Bobigny, un téléphone portable d'alerte, pour une durée de 6 mois renouvelable. Ce téléphone permettra, en poussant un simple bouton, une mise en relation 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 avec des conseillers de Mondial assistance, qui pourront évaluer la situation de danger et si besoin déclencher en urgence une intervention policière.
Claude Bartolone, président du Conseil général, Patrick Poirret, Procureur adjoint au tribunal de Bobigny, Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire des violences envers les femmes du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Marie-Christine Mourgue, présidente de SOS femmes 93 et de nombreux experts ont également présenté d'autres avancées susceptibles d'améliorer la prise en charge.
De nouvelles structures d'accueil et d'hébergement vont s'ouvrir, pour les femmes victimes de violence, à Villetaneuse et à Saint-Denis. L'objectif ? Accompagner la femme victime, l'aider à reprendre confiance en elle, élaborer de nouvelles perspectives. D'autres structures devraient bientôt voir le jour.
Pour aider les femmes à se rendre du commissariat (où elles portent plainte) aux unités médico-judicaires (où la gravité est constatée), des “bons de taxis“ sont mis en place par le Conseil général. Egalement expérimental et donc sujet à évaluations, ce dispositif concerne pour le moment les commissariats de Saint-Ouen, Noisy-le-Grand et Montreuil.
De nouvelles consultations de psychotraumatologie se mettent aussi en place, spécialisées dans la prise en charge des femmes victimes de violences. Il y en a désormais 6 dans le département, à Aubervilliers, Montreuil, Noisy-le-Grand et trois à Romainville.
Les 5es Rencontres Femmes du Monde, du 23 novembre au 5 décembre, ont aussi pour vocation de “sensibiliser jeunes et moins jeunes à la lutte contre les comportements sexistes“, selon Claude Bartolone, avec par exemple la projection du documentaire de Patric Jean “La domination masculine“ (sortie le 25 novembre) :
LA DOMINATION MASCULINE - BANDE-ANNONCE
Cette mobilisation d'un département, soutenue par l'Etat pour expérimenter de nouvelles actions, a pour vocation de tenter de faire reculer un phénomène trop fréquent et qui détruit des vies. Pour Mr Bartolone, “ce combat mené en Seine-Saint-Denis contre le sexisme et les violences à l'égard des femmes doit être généralisé et étendu à l'ensemble de notre territoire national“.
Jean-Philippe Rivière
Source : “Le sexisme n'est pas un cadeau“, dossier de presse, Conseil général de Seine-Saint-Denis, 23 novembre 2009
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