Les 6 principes de la sexualité consciente pour redécouvrir son plaisir

Caroline Michel Journaliste spécialisée en psycho et sexo
Publié le  , mis à jour le 
en collaboration avec Florentine d’Aulnois-Wang (thérapeute de couple )

Sexualité consiente

Et si nous quittions la sexualité telle que nous l’expérimentons pour cheminer vers une sexualité consciente, soit une sexualité qui s’exprime avec toute la spontanéité du monde, loin des schémas qui nous enferment ? Le dossier peut paraître vaste, mais il est plus clair et accessible qu’il n’en a l’air. Explications.

Au premier abord, définir la sexualité consciente n’est pas aisé. La thérapeute de couple Florentine d’Aulnois-Wang, qui publie "Les clés de l’intelligence érotique" (éd. Larousse), propose de développer la notion de sexualité consciente par ce qu’elle n’est pas : "Il ne s’agit pas, contrairement à ce que l’on imagine, d’un concept perché ou d’un espace spirituel au sein duquel on s’ennuie à mourir", pose la spécialiste, qui anime également le podcast "L’espace du couple".

La sexualité consciente n'est pas une sexualité méditative

Une "non-définition" qui a son importance, car on assimile naturellement les termes de "sexualité consciente" à une sorte de sexualité méditative, qui nous invite à nous concentrer sur l’instant présent et à entrer en communion avec notre partenaire pour atteindre des orgasmes purement psychiques, ou quelque chose du genre.

La sexualité consciente est bien moins pompeuse ! Elle est une sexualité que nous connaissons tous mais laissons de côté. Plus étonnant encore, elle est une sexualité à laquelle nous voulons tous accéder mais sans identifier le chemin qui nous y mènera : "La sexualité consciente revient à sortir du mode automatique qui nous habite quand nous faisons l’amour, et à partir à la découverte de notre mouvement sexuel. Plutôt que de reproduire des chorégraphies importées dans nos cerveaux à force de lectures, de visionnages de films pornographiques ou de blagues sur le sexe qui déraillent notre sexualité à nous, la sexualité consciente invite à revenir à soi, à l’autre et à la relation. Elle nous nourrit sur le plan individuel et relationnel", développe la spécialiste.

Toujours flou ? Voici les 6 principes de la sexualité consciente, tels que suggérés par la thérapeute. Car rien de tel que de découvrir les rouages, et même les règles, d’une sexualité consciente pour s’y essayer et partir à la découverte, enfin, de sa propre vie sexuelle.

Quitter le "toujours plus" et revenir au moins

Le mieux est l’ennemi du bien, comme on dit. C’est à partir de cette idée que nous pouvons comprendre les fondements d’une sexualité consciente. "Beaucoup de couples ne font plus l’amour, ou moins l’amour, car ils sont las de reproduire les mêmes rapports sexuels dans un souci de performance et d’orgasmes", observe Florentine d’Aulnois-Wang.

Et, face à nos déserts sexuels, notre premier réflexe est de chercher "le plus" : "Nous voulons plus d’expériences, de la découverte, plus d’objets sexuels, plus de partenaires, plus de manuels techniques, plus de nouveautés…", poursuit l’experte. C’est bien vrai. L’injonction au "plus de piment" traverse tout un chacun.

Le premier principe de la sexualité consciente sera de revenir au moins. Comment ? En oubliant les artifices, en se rappelant que notre sexualité nous appartient et que "nos corps savent". En somme, prenez deux corps, et laissez-les se rencontrer avec un maximum d’authenticité et d’éveil à eux-mêmes : ils sauront se trouver et s’épouser.

Pour aller plus loin, on peut également partir en quête du "moins que moins" en se détachant de tout ce que nous croyons savoir sur le sexe et sa bonne mise en œuvre. Osons nous dire que nous sommes novices en la matière, et que chacun rapport sexuel mérite d’être abordé sans méthode, sans pratique à tester, sans jugement et sans commentaire. Le premier principe sera donc celui-ci : entrons dans la relation en nous laissant guider, et en oubliant l’idée d’un quelconque mode d’emploi.

Se reconnecter à son corps, en dehors du lit et au lit

"Le corps est le véhicule par lequel nous nous engageons dans la découverte de la sexualité et durant la sexualité", prévient la thérapeute. Ce qui signifie, en d’autres mots, que la sexualité consciente passe par un corps que l’on apprivoise, dont on prend soin, qui est alimenté correctement, qui dort bien, qui bouge bien. "Un corps avec lequel on se sent en relation est un corps qui porte notre désir et exprime du plaisir", ajoute la spécialiste.

Notre mission ? Accepter notre corps tel qu’il est, et lui proposer d’être bien, d’être heureux. Peu importe les standards de beauté. "On ne s’occupe pas de son corps pour devenir le canon d’une époque, mais pour vibrer", explique Florentine d’Aulnois-Wang. Courons, dansons, faisons-nous plaisir, et n’oublions pas que plus que nous investirons notre corps de vie, de découvertes, de nature, de soleil, d’émotions, plus il sera notre allié. Une fois dans l’intime, le corps, qui connaît le chemin, l’empruntera les yeux fermés. Nous ressentirons davantage nos désirs et notre plaisir, car les sensations engendrées lors des rapprochements physiques seront plus exquises grâce à ce corps vibrant.

Miser sur la connexion

La sexualité consciente ne peut s'installer sans connexion sexuelle. D’ailleurs, selon la thérapeute, la véritable révolution sexuelle aura lieu quand la connexion deviendra un pilier de la rencontre.

La connexion sexuelle est une somme de connexions sexuelles : connexion à soi-même, connexion à l’autre, et connexion à la dimension sexuelle dans laquelle nous évoluons. Quand nous avançons tranquillement l’un vers l’autre, nous avons plus de chances de créer l’harmonie espérée. Pour lui faire de la place, nous pouvons, aussi, apprendre à faire fi du monde extérieur. La pleine conscience peut nous y aider : on active nos cinq sens, et on se concentre sur ce que nous touchons, sentons, voyons, entendons et goûtons. Mais pas de panique : la sexualité consciente reste accessible sans cet exercice, car grand nombre de personnes sont trop agitées pour y parvenir.

La simple respiration coordonnée peut créer la connexion attendue par la sexualité consciente, car elle nous ancre dans l’instant et nous relie à l’autre. Nous sommes deux êtres vivants, et vibrants, qui se relient l’un à l’autre. Autre astuce, pour revenir se connecter au présent et à l’énergie ambiante : se demander où l’on est. Cette question, aussi simple paraît-elle, force la connexion à soi, et par extension à l’autre, puisque sa présence entière nous ramène à ce qu’il se joue.

Entrer tranquillement dans la fête

"La sexualité consciente s’inspire du tantra, du slow sex, mais aussi d’études scientifiques qui nous prouvent que, souvent, les rapports s’engagent trop rapidement et que les femmes sont pénétrées trop rapidement, ce qui n’est pas toujours compatible avec l’accès au plaisir féminin", explique la thérapeute de couple Florentine d’Aulnois-Wang.

En effet, s’il ne convient pas d’associer la sexualité consciente au tantrisme ou au slow sex, la sexualité consciente est un mélange de plusieurs disciplines qui nous invitent, toutes, à prendre davantage le temps.

Le temps de quoi ? "Le temps d’entrer dans la fête", précise la spécialiste. Le mot "fête" est agréable à lire, tant il nous rappelle que la sexualité consciente n’est pas une sexualité mollassonne et contemplative. L’idée ? Vivre tranquillement des étapes préliminaires à travers des mots, des regards, des caresses tendres, afin de soigner l’ambiance et de permettre la fameuse connexion.

Pour nous inciter à ralentir afin de décliquer la fusion qui se doit d’opérer entre les partenaires, Florentine d’Aulnois-Wang nous rappelle que dans le porno mainstream, qui nous présentent des rapports sexuels sauvages et bouillants, tout n’est pas à jeter : "Le souci, aujourd’hui, c’est que nous voulons reproduire ce que nous voyons dans le porno, or, il ne s’agit que d’échantillons".

Comprendre : le porno n’a pas toujours tout faux, mais il exclut bien souvent l’excitation et la tension sexuelle qui mènent aux rapprochements. "Nous pouvons vivre ces échantillons, à condition d’y injecter un cheminement et du consentement, qui sont des compétences de la sexualité consciente", détaille l’experte. A nous d’y aller mollo et de dialoguer avec notre partenaire pour faire de notre sexualité une fête. Les festivités s’engageront quand nous aurons pris de longues minutes pour nous mêler. Toutes les pratiques réalisées par la suite détiendront ce "petit supplément d’âme" gage de plaisir et de jouissance.

Oublier la pénétration et l’orgasme

Aujourd’hui, la pénétration et l’orgasme font partie intégrante de notre sexualité. La sexualité consciente invite à les mettre de côté. Evidemment, ils sont les bienvenus, mais il nous faut les solliciter, et non pas les laisser entrer dans le rapport comme des étapes incontournables et obligatoires. Nous avons notre mot à dire. "A partir du moment où nous sommes deux avec Eros, nous n’avons pas besoin d’une pénétration et d’un orgasme pour voyager", souligne Florentine d’Aulnois-Wang. Car oui, la sexualité est un voyage, une découverte, dont nous ne savons rien de la destination exacte.

Ecouter son mouvement intérieur, et le vérifier auprès de l’autre, nous entraîne à la découverte d’une sexualité consciente. L’important, ensuite, sera de donner et de recevoir, durant les pratiques qu’il nous plaît d’inviter. Donner et recevoir n’est pas toujours simple, entre pudeur et culpabilité. Beaucoup d’émotions limitantes peuvent nous saisir pendant la sexualité consciente – preuve que nous y sommes. Osons les traverser pour profiter du cadeau présent. "En réalité, la connexion demande peu d’efforts, dès lors que l’on ne cherche pas à entrer dans l’expérience avec le mental et un corps d’athlète", précise la thérapeute.

Privilégier l’énergie sexuelle à la technique sexuelle

"Connaître son anatomie et les techniques qui mènent au plaisir et à l’orgasme est utile, mais le plus important, c’est l’énergie sexuelle", insiste Florentine d’Aulnois-Wang.

L’énergie sexuelle naît de la connexion, pas de la pratique qu’il faut absolument réaliser. Quand nous sommes connectés l’un à l’autre, on redécouvre son plaisir, et les gestes découlent. Pour appuyer le propos, la thérapeute propose une analogie : "Quand on est invité sur une piste de danse, on a deux choix. Celui de chercher le bon mouvement, du moins celui que l’on imagine être le bon, ou se laisser saisir par la musique, jusqu’à partir à la découverte des mouvements nouveaux, qui nous dépassent. C’est exactement la même chose dans le sexe".

Pas la peine de savoir danser. Préférons écouter la musique du rapport sexuel afin de se surprendre. Cette musique va créer la caresse, inviter la pratique, soutenir l’orgasme. Trop spirituel ? Pas tant que ça. Concrètement, chaque fois qu’une pensée s’impose et nous enjoint de fouiller dans notre bibliothèque à pratiques sexuelles et à positions, prenons la décision de ressentir l'énergie sexuelle, celle qui circule dans notre corps, celle qui s’exprime dans nos souffles, celle qui transperce dans le corps d’un partenaire habité de plaisir. Prenons le pli de nous focaliser sur elle et sur le sentiment de joie qui en découle. Ce sentiment de joie nous guide, et il est bien plus réel et palpable qu'il n'en a l'air une fois en plein acte sexuel.

Le plaisir et la jouissance seront, ensuite, plus surprenants, car pleinement imprégnés de l’énergie sexuelle présente. "J’anime des stages à ce sujet, et, souvent, des couples témoignent, à la fin du stage, d’une nouvelle sexualité. Ils développent une sexualité qui les nourrit et leur donne envie de recommencer. L’énergie que l’on rencontre dans la sexualité consciente est presque addictive, tant elle émane de nous", détaille l’experte. On retient : il suffit de s’y mettre pour ne plus faire demi-tour. Alors à nous la simplicité, le temps, la connexion, la spontanéité et l’énergie bienfaisante.


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Sources
  • Entretien avec Florentine d’Aulnois-Wang, thérapeute de couple
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