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  • Soumission chimique : comment identifier et réagir face à ce danger, les conseils d'une gynécologue experte

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    Lecture 3 min.
    Sihem Boultif
    Sihem Boultif Journaliste santé
    en collaboration avec Dr Ghada Hatem (Gynécologue)

    Soumission chimique : comment se rendre compte que l’on est victime ? Les conseils de notre experte

    Ce lundi s’ouvre le procès de Dominique Pélicot et de 50 autres prévenus devant la cour criminelle du Vaucluse. L’homme est accusé d’avoir exercé une soumission chimique à son épouse, avant d’inviter des dizaines d'hommes à abuser d’elle. Comment savoir si l’on est victime de soumission chimique ? Les réponses du Dr Ghada Hatem, gynécologue et fondatrice de la Maison des femmes à Saint-Denis, qui a mis en place une formation sur ce fléau pour les soignants.

    La situation aurait duré pendant 10 ans, de 2010 à 2020. Durant toutes ces années, Dominique Pélicot, 71 ans actuellement, droguait sa femme avant d’inviter des inconnus à la violer, dans son propre lit. Des faits qu’il filmait et qui ont permis à la police de découvrir ce que l’homme faisait subir à son épouse, qui ne se doutait de rien.

    Une cinquantaine de prévenus pour viols aggravés

    C’est une perquisition qui a permis de mettre au jour les agissements du retraité. Alors qu’il est en train de filmer sous les jupes de clientes, dans un supermarché, Dominique Pélicot est arrêté par la police. Intriguée par ses agissements, les forces de l’ordre décident de perquisitionner le domicile de l’homme. C’est dans son ordinateur que seront découverts différents fichiers. Des vidéos mettant en scène sa femme inconsciente, violée par différents individus.

    Journaliste, infirmier, ambulancier, chauffeur poids-lourds… Ce ne sont pas moins de cinquante individus, recrutés par le retraité sur internet, qui sont désormais accusés de viols aggravés sur la victime, Gisèle Pélicot.

    Une victime qui ne se doute de rien

    Pendant tout ce temps, Gisèle Pélicot ne s’est doutée de rien. Elle était droguée par son mari avec du Temestat à des doses lui faisant frôler le coma à chaque fois. Progressivement, sa mémoire en a été affectée : elle s’est réveillée un matin avec une nouvelle coupe de cheveux, sans se souvenir de son passage chez le coiffeur la veille.

    "Elle a vu différents médecins pour ses troubles de la mémoire, elle faisait des infections vaginales à répétition, mais aucun soignant ne s’est douté de ce qui se tramait" déplore le Dr Ghada Hatem, gynécologue et fondatrice de la Maison des femmes à Saint-Denis. "C’est pour cela que nous proposons une formation aux soignants, afin qu’ils apprennent à reconnaître les signes d’une soumission chimique".

    Comment savoir si l’on est victime de soumission chimique ?

    Justement, comment savoir si l’on est potentiellement victime d’une soumission chimique. "Lorsqu’on parle de soumission chimique, on pense aux boîtes de nuit et à une pilule mise discrètement dans un verre. Cela est vrai, mais les cas intra-familiaux sont très fréquents aussi et passent sous les radars" rappelle l’experte.

    Pour Ghada Hatem, il faut se poser des questions si l’on a fréquemment mal à la tête, si l’on a une fatigue, des trous de mémoire inexpliqués, des infections vaginales à répétition, des douleurs que l’on ne s’explique pas. "En tant que médecin aussi, on a le devoir d’y penser. Peut-être à tort dans neuf cas sur dix, mais parfois à raison et cela permettra de lever le voile sur ce que subit la victime".

    Comment agir, si l’on pense être victime de soumission chimique ?

    La principale chose à faire est d’en parler, d’exprimer ses doutes, conseille la gynécologue. "Le mieux est de se rendre dans un institut médico-judiciaire ou à la Maison des femmes où on a l’habitude de ce genre de situation. Si vous avez du sperme entre les jambes, il ne faut pas se laver, pour que l’on puisse effectuer le prélèvement. Il est préférable de ne pas se changer mais si vous souhaitez le faire, conservez les vêtements dans un sac en papier, pour ne pas détruire les traces ADN : c’est la même procédure qu’après un viol" souligne le médecin. "Demandez une prise de sang à réaliser rapidement, pour détecter les éventuelles drogues. Il est aussi possible de les détecter via les cheveux, à distance".

    Pourrait-on éviter ce type de drames ?

    Dominique Pénicot s’est vu prescrire du Temestat pour droguer sa femme. "Ce sont souvent des médicaments courants qui sont utilisés dans les cas de soumissions chimiques. Cela peut être pour faire signer un chèque ou un prêt à une personne âgée, pour droguer ses enfants afin d’abuser d’eux…" rapporte notre experte.

    Est-ce que le fait de rendre amers ces médicaments permettrait aux victimes de se rendre compte qu’elles sont en train d’être droguées ? "Je ne crois pas" répond Ghada Hatem. "L’être humain est malheureusement suffisamment pervers pour détourner cela". Enfin l’entourage peut-il permettre d’éviter cela ? "Pas toujours" d’après la spécialiste. "Dans les cas de soumissions intra-familiales, il n’est pas rare que les membres de la famille soient au courant mais ferment les yeux, pour différentes raisons".


    Sources
    • Entretien avec le Dr Ghada Hatem, le 2 septembre 2024
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