Faut-il mettre bébé en position assise ?
Question simple en apparence et pourtant. Parents et professionnels ne le savent pas toujours, mais mettre un bébé en position assise trop tôt peut être délétère pour son développement, et même provoquer des conséquences à long terme. Alors, quelles sont les bonnes pratiques à adopter ? Est-il possible de rattraper ses "erreurs" ?
L’acquisition de la position assise
L’apprentissage de la position assise compte parmi les grandes étapes du développement psychomoteur de votre enfant. "En général, les bébés tiennent assis avec un appui lorsqu’ils sont capables de bien tenir leur tête. Cela intervient aux alentours de 5 ou 6 mois", nous rappelle le pédiatre Eric Saban. Ce n’est que vers l’âge de 6 ou 7 mois que l’enfant commence à tenir seul. "Tant que l’enfant n’est pas capable de trouver la position assise seul, il est préférable de ne pas l’y installer car il ne sera pas à l’aise", ajoute le spécialiste.
Inutile "d’entraîner" votre bébé
Un bébé qui ne parvient pas à s’asseoir seul n’est en réalité pas capable de se tenir correctement assis sans appui artificiel (coussins par exemple). La musculature naissante de son dos ne lui permet pas de soutenir le poids de sa tête qui l’entraîne vers l’avant. De plus, "dès qu’il sort du ventre de sa maman, le bébé découvre la pesanteur et tout son système nerveux va s’organiser pour l’aider à ne pas tomber", explique Lucie Meunier, psychomotricienne. Autrement dit, s’il ne maîtrise pas la position assise, bébé va souffrir de micro-tensions internes liées à cette peur de la chute.
C’est pourquoi les professionnels de santé recommandent aujourd’hui aux parents de ne pas "entraîner" artificiellement leur enfant à se tenir assis, chose qu’ils pourraient être tentés de faire pour entrer dans la norme de l’examen du 9e mois où cet apprentissage est censé être acquis. De plus, un bébé bloqué en position assise sera stressé car il ne pourra pas montrer qu’il est fatigué.
Quid de la poussette canne et de la chaise haute ?
Concernant la poussette canne ou la chaise haute, le pédiatre estime qu’il n’est possible d’y installer l’enfant qu’à partir du moment où il tient parfaitement sa tête et peut rester assis seul pendant au moins 30 secondes. Il est préférable que la poussette puisse légèrement s’incliner, et que la chaise haute ne soit pas trop large pour que l’enfant soit très bien maintenu.
Dans tous les cas, observez votre enfant : "il doit être souriant et ne pas présenter de troubles de l’équilibre", poursuit le Dr Saban. Autrement, cela signifie qu’il n’est pas encore prêt à être installé dans ce type de matériel. Cela peut s’observer par exemple lors du repas, si le bébé rechigne à manger son plat : peut-être est-ce lié au fait qu’il est en réalité très inconfortable.
Les conséquences possibles d’un apprentissage trop précoce
Un apprentissage prématuré de la station assise peut malheureusement créer plus que de l’inconfort d’après la psychomotricienne. "Un bébé assis trop tôt va s’installer sur son sacrum et pas sur ses ischions. Comme il aura envie de bouger, il va commencer à avancer sur ses fesses (ce qui peut engendrer des troubles musculaires), au lieu de ramper puis de faire du quatre pattes. On sait pourtant que le quatre-pattes est une étape importante dans le développement du bébé. 80 % des enfants dyslexiques ne sont pas passés par ce stade", affirme Lucie Meunier.
Bloquer artificiellement un enfant en position assise va dissocier le haut de son bas du corps (car l’enfant va devoir stabiliser ses fesses pour bouger ses bras), ainsi que sa notion de droite et de gauche. "Ce manque d’organisation croisée dans le cerveau peut être nuisible à l’enfant s’il a déjà une fragilité au niveau de sa représentation spatiale", explique la psychomotricienne.
Les bonnes pratiques à adopter
Que vous agissiez en prévention ou que votre enfant ait été assis trop précocement, pas de panique, il est toujours temps de rectifier le tir. Déjà, sachez qu’il est primordial de porter votre bébé. "Un bébé porté se sent soutenu physiquement et psychiquement, et pourra agir librement avec ses mains. Par exemple, lorsque votre bébé est bien lové dans vos bras, il peut apprendre à toucher doucement votre visage, car ses mains sont libérées de la fonction d’agrippement", constate Lucie Meunier.
Ensuite, l’idéal est de le laisser évoluer librement au sol, car d’après la spécialiste, il est important de comprendre que c’est parce que votre enfant bouge qu’il apprend. "Cela ne viendrait à l’esprit de personne de bloquer un bébé lion. Et bien c’est pareil avec les enfants", illustre-t-elle, insistant sur l’importance du mouvement. Cependant, si votre enfant ne supporte pas d’être allongé, prenez-le sur vos genoux et permettez-lui de prendre appui sur vous. "En étant assis contre vous, le bébé recrutera le tonus musculaire qui l’aidera ensuite à ramper", poursuit la psychomotricienne. Sécurisé, il se sentira ainsi plus fort pour entrer en contact avec le monde !