60 millions de consommateurs épingle les Ehpad pour la qualité des repas servis

Magali Régnier Journaliste

Encore une attaque envers la gestion des Ehpad. Selon une enquête réalisée par 60 millions de consommateurs, publiée jeudi 26 octobre, la qualité des repas dans les établissements en France laisserait à désirer pour de nombreux résidents, loin de ce qu’on peut attendre. 255 résidents se sont exprimés ouvertement sur leur ressenti à l’heure de passer à table.

Des plats peu appétissants, mixés, servis aux mauvais horaires

Que reproche l’enquête du magazine ? Si les plats sont souvent perçus par les résidents comme "assez équilibrés" dans leur ensemble, c’est davantage la forme et le goût qui sont critiqués. De nombreux plats seraient ainsi mixés pour convenir aux résidents dépendants, mais pâtissent de ce traitement. Les répondants sont nombreux à trouver ce qu’il y a dans leur assiette "peu appétissant" ou encore "sans goût".

Face à ce constat gustatif pauvre, "un quart seulement des résidents finit son assiette, 53 % la terminent 'parfois' et 21% 'jamais" évoque le magazine. Un constat qui impacterait à terme la santé de nos aînés.

Les horaires des repas sont aussi pointés du doigt. Selon les résidents questionnés, le petit-déjeuner, servi entre 7 heures et 10h30, et le dîner, entre 18 heures et 18h30, induisent plus de 12 heures de jeûne : le maximum recommandé par les gériatres. Le magazine accorde toutefois le bénéfice du doute, sur toutes ces questions notant que "Dans certains Ehpad, ça se passe mieux que dans d'autres”. Mais l’enquête entière peut légitimement inquiéter les proches.

L’Ehpad, victime d’une situation économique tendue

Si la critique est bien présente, l’enquête admet toutefois un fait réel. L’attente des résidents, et la qualité des repas sont à replacer dans un problème plus global : le manque de personnel et de moyens que connaît le secteur des Ehpads. "Pour moins de six euros, voire trois euros, selon certains témoignages reçus, vous ne pouvez pas faire des miracles pour assurer tous ces repas” intervient Sylvie Metzelard.

Sur France Info, Pascal Champvert, président de l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) se défend également en expliquant qu'il est difficile de proposer des repas de qualité lorsqu'on a 11 % d'inflation sur les produits alimentaires. "Cela revient à imposer au gestionnaire d’économiser sur tout, les biscottes, les yaourts, le poids des portions de viande, etc."

"Arrêtons de fragiliser un secteur déjà en crise"

Selon David Jacquet, fondateur du site MDRS (Maison de retraite sélection), contacté par Doctissimo, l’enquête tombe mal et participe à un "bashing" tendance, organisé contre les Ehpad depuis deux ans aujourd’hui.

Sur le fond, l’expert appelle aussi à ne pas perdre de vue le vrai nœud du problème : "Que ce soit dans le privé, ou le public, je ne peux pas dire aujourd’hui qu’on mange de façon exceptionnelle dans les Ehpad, et que la qualité sera la même partout. Mais apporter une amélioration a une fois de plus un coût, alors que le secteur est aujourd’hui en faillite. Plus de 50% des structures sont en déficit. Alors comment fait-on ? On creuse un peu plus la dette ? Demander toujours plus, c’est fragiliser un secteur déjà en crise".

Face à cette nouvelle polémique, David Jacquet appelle donc a un peu plus de mesure : "La critique des Ehpad fonctionne bien dans les médias. Mais je pense qu’il faudrait les laisser tranquille deux minutes, parler de ce qui est positif, et laisser le personnel faire son travail tranquillement, car ne l’oublions pas, le service rendu est aussi indispensable à la société" rappelle-t-il.