L'intelligence artificielle peut prédire les risques de santé à travers votre rétine
Selon une recherche britannique, l’imagerie activée par l'IA du réseau de veines et d'artères de la rétine pourrait prévoir avec précision les maladies cardiovasculaires, voire même la mort.
L’annonce peut sembler futuriste, elle date pourtant du 4 octobre. Selon une étude regroupant plusieurs universités scientifiques et médicales anglaises, l’imagerie activée par l'IA du réseau de veines et d'artères présentes dans de la rétine pourrait désormais prédire avec précision les maladies cardiovasculaires qui vous attendent, et même la mort possible selon votre état de santé. Cela sans avoir besoin de tests sanguins ou de mesure de la pression artérielle, rendant la mesure bien moins invasive, alors les maladies cardio vasculaires, l'insuffisance cardiaque et les accidents vasculaires cérébraux, sont les principales causes de mauvaise santé et de décès dans le monde. Les conclusions de cette étude sont publiées dans le British Journal of Ophthalmology.
Un algorithme créé pour détecter les facteurs de risques connus
La rétine comme indicateur de l’état de santé n’est pas une nouveauté. Des recherches publiées précédemment indiquaient que la largeur des minuscules veines et artères (artérioles et veinules) de la rétine peut fournir un indicateur précoce et précis d'une maladie circulatoire.
Les chercheurs britanniques ont donc eu l’idée de développer un algorithme entièrement automatisé activé par l'intelligence artificielle (IA) (analyse QUantitative de la topologie et de la taille des vaisseaux rétiniens, ou QUARTZ en anglais abrégé) pour développer des modèles permettant d'évaluer l'imagerie vasculaire rétinienne, ainsi que les facteurs de risque connus.
Ils ont appliqué QUARTZ aux images rétiniennes de 88 052 participants à la biobanque britannique âgés de 40 à 69 ans, en examinant spécifiquement la largeur, la surface des vaisseaux et le degré de courbure (tortuosité) des artérioles et des veinules de la rétine. Ils ont ensuite appliqué ces modèles aux images rétiniennes de 7411 participants, âgés de 48 à 92 ans, de l'étude European Prospective Investigation into Cancer (EPIC)-Norfolk. La performance de QUARTZ a été également comparée aux scores de risque de Framingham.
La santé de tous les participants a été suivie pendant une moyenne de 7 à 9 ans, période au cours de laquelle il y a eu 327 décès par maladie circulatoire sur les participants à la biobanque britannique et 201 décès circulatoires parmi 5862 participants ceux de EPIC-Norfolk
Chez les hommes, la largeur artériolaire et veinulaire, la tortuosité et la variation de largeur sont apparues comme des facteurs prédictifs importants de décès par maladie circulatoire. Chez les femmes, la surface et la largeur artériolaires et veinulaires et la tortuosité veinulaire et la variation de largeur ont contribué à la prédiction du risque. Dans l'ensemble, ces modèles prédictifs, basés sur l'âge, le tabagisme, les antécédents médicaux et la vascularisation rétinienne, ont capturé entre la moitié et les deux tiers des décès par maladie circulatoire chez les personnes les plus à risque. Un score pratiquement à égalité avec le score de risques de Framingham.
Une pratique non invasive pour une meilleure prévention ?
L'imagerie rétinienne est déjà une pratique courante au Royaume-Uni. "La prédiction du risque de vasculométrie basée sur l'IA est entièrement automatisée, peu coûteuse, non invasive et a le potentiel d'atteindre une plus grande proportion de la population" énumère l’étude. Les chercheurs y voient un outil prédictif de choix à investir davantage : ”Le système vasculaire rétinien est un marqueur microvasculaire, il offre donc une meilleure prédiction de la mortalité circulatoire et des accidents vasculaires cérébraux”.
Surtout, la forme non invasive de l’imagerie par IA permettrait de toucher un large public, sans même avoir recours à une prise de sang. L’étude l’affirme : dans la population générale, elle pourrait être utilisée comme une forme sans contact de bilan de santé vasculaire systémique, pour trier les personnes à risque moyen à élevé de mortalité circulatoire pour une évaluation plus approfondie des risques cliniques et une intervention appropriée. Et pourrait être inclue dans le bilan de santé chez les personnes âgées de 41 à 74 ans.
"Ce qu'il faut maintenant, c'est que les ophtalmologistes, les cardiologues, les médecins de soins primaires et les informaticiens travaillent ensemble pour concevoir des études afin de déterminer si l'utilisation de ces informations améliore les résultats cliniques" conclut l‘étude.