Bodybuilding : même chez les amateurs, dopage et culte du corps font rage
Poussés par le culte du corps parfait, de nombreux amateurs de bodybuilding vont jusqu'à dépenser des milliers d'euros en produits dopants, très accessibles sur internet ou sous le manteau, une pratique pourtant dangereuse qui peut les mener au tribunal.
Julien B. le dit et l'assume: “Quand on a une passion, on met de l'argent“. A 37 ans, cet ancien culturiste de haut niveau qui travaille dans une salle de sport ne cache pas qu'il a consommé pendant des années des substances dopantes.
“Ca décuple la force, les performances. La progression n'est pas du tout la même“, explique-t-il à la barre du tribunal correctionnel de Créteil, où il est jugé avec 23 autres personnes pour son implication présumée dans un trafic de produits dopants.
A entendre les prévenus, le dopage est une pratique courante dans les salles de musculation, où les pratiquants papotent ouvertement hormones de croissance, stéroïdes anabolisants ou diurétiques.
“Dans n'importe quelle salle en France ou sur internet, on peut se procurer des produits“, affirme Julien.
Malgré des revenus modestes, il a pu payer certains médicaments 150 euros, 250 euros, voire 400 euros la boîte afin d'assouvir sa passion.
Les produits utilisés sont souvent importés du Portugal, de Roumanie ou de Thaïlande, où la législation est bien moins sévère qu'en France. Certains culturistes n'hésitent pas à consommer des produits destinés aux chevaux, le tout pour obtenir un physique “écorché“, c'est-à-dire que du muscle et pas de graisse.
“Pathétique“ et “narcissique“ -
Car s'ils souhaitent se lancer en compétition, ni les blancs d'oeufs, ni les régimes hyper-protéinés ni les compléments alimentaires ne permettent aux amateurs de gonflette de rivaliser avec les meilleurs bodybuilders, des masses aux physiques d'Hercule.
“Lorsque je faisais de la compète, je côtoyais beaucoup d'entraîneurs et pour eux c'était banal“, raconte Sid R. “J'étais baigné dans ce milieu. J'étais à la recherche de toujours faire plus, de ne pas être dépassé. On s'entraîne avec d'autres qui prennent des produits, et nous on reste là. Donc soit on arrête, soit on continue“, souffle ce jeune homme de 31 ans, à la calvitie bien entamée, sans doute l'un des nombreux effets indésirables de la prise de produits.
Parmi les autres conséquences pour la santé, les spécialistes citent l'augmentation de la tension artérielle, les maladies cardiovasculaires, lésions du foie, développement du tissu mammaire chez l'homme, stérilité provisoire...
Devant ces risques, certains font leur autocritique. “La musculation, ça a un côté narcissique, on passe dans une espèce de délire, on est dans une bulle. C'est vrai, il y a un côté pathétique“, sourit Kamel H.
“On est dans un monde à part“, confirme Paulo L. Depuis qu'il a été arrêté en 2009, il jure avoir stoppé les cachets et autres seringues. “Je me rends compte que je n'ai pas besoin de ça pour vivre. Mais on veut toujours avoir l'image d'un corps parfait. C'est comme ça que se fait la dépendance“, analyse-t-il.
Mais d'autres assument le risque. “Je suis un compétiteur, je ne suis pas un revendeur, ni un dealer“, lance François M. “C'est un usage personnel, je ne le conseille pas. Mais avant tout, il y a les heures d'entraînement. On sait par où on passe et chacun prend ses responsabilités.“
Pour l'acquisition et la détention de produits dopants, les consommateurs risquent jusqu'à cinq ans de prison. La contrebande est passible de dix ans d'emprisonnement.
AFP/Relaxnews
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