Quels sont les risques du surentraînement ?
Lorsqu'on souhaite à tout prix atteindre un objectif, on peut se programmer des entraînements très intenses... en repoussant parfois les limites du raisonnable. Quels sont les risques du surentraînement ? Le point avec Vincent Roche, kinésithérapeute.
Faire de l’exercice régulièrement, pour garder la ligne, c’est une bonne chose. En revanche, il faut veiller à ne pas basculer dans le surentraînement, qui comporte des risques pour la santé. Faisons le point sur la question, avec Vincent Roche, kinésithérapeute à Kiné Kléber, à Paris.
Le surentraînement a un impact négatif sur la santé
On le sait tous : pour rester en bonne santé, il faut faire du sport, régulièrement. Mais attention à ne pas franchir la limite entre activité physique pour sa santé et surentraînement aux conséquences négatives. En effet, comme le rapporte une publication de l’UCLA, l’université de Californie Los Angeles aux Etats-Unis, l’une des conséquences négatives du surentraînement est la rhabdomyolyse.
"Elle survient lorsque, en raison d’un surmenage, le tissu musculaire se décompose et libère des protéines telles que la créatine kinase ( CK ) et la myoglobine qui peuvent endommager les reins. Les symptômes de la rhabdomyolyse peuvent inclure des douleurs musculaires, une faiblesse importante, une urine foncée et trouble et, dans les cas graves, aucun débit urinaire".
Selon le Pr Niloofar Nobakht, néphrologue citée dans l’article, "une rhabdomyolyse exceptionnelle peut survenir après un exercice intense et à partir d'entraînements de haute intensité au cours desquels les muscles sont sursollicités". D’après elle, certaines personnes, comme les athlètes de haut niveau, les pompiers ou les militaires sont davatage exposés à ce risque, qui se traite bien s’il est pris en charge rapidement.
Comment bien s’entraîner sans risque ?
Alors comment faire pour bien s’entraîner, sans risquer le surmenage, qui mettrait notre santé en danger ? Doctissimo a posé la question au kinésithérapeute Vincent Roche. Selon lui, une idée très répandue dans l’inconscient collectif est qu’il faut s’entraîner très dur, pour obtenir des résultats. "Les gens ont cette idée en tête et s’en servent soit comme excuse pour ne pas s’entraîner soit comme un objectif qu’ils se fixent mais ce n’est pas bon dans les deux cas".
Pour bien s’entraîner, il faut prendre en compte plusieurs paramètres : la technique d’entraînement, sa planification et la récupération, qui permet aussi la prévention des blessures.
"Il faut rappeler les règles de base : pour bien s’entraîner, il faut bien manger, bien dormir, s’hydrater et faire des étirements" indique le kiné.
Existe-t-il un entraînement-type ?
"Non, tout dépend de l’objectif de chacun" ajoute le spécialiste. "On peut vouloir se maintenir en forme et marcher deux fois par semaine, pour être bien dans sa peau et dans sa tête ou on peut vouloir préparer une course de 10 km avec ses collègues de travail, ce n’est pas la même chose". Dans le second cas, un programme d’entraînement doit être appliqué. "Cela veut dire s’astreindre à courir trois fois par semaine, pendant deux mois à basse allure, puis augmenter l’intensité de l’effort avec d’autres exercices… Il faut baliser l’entraînement, se donner un cadre" précise encore Vincent Roche.
Attention à la douleur, propre à chacun
Lorsqu’on s’entraîne on peut ressentir de la douleur. "C’est un mécanisme que l’on perçoit tous différemment, selon notre vécu, nos antécédents… Certains la supportent mieux que d’autres" explique le kiné. "Il faut toujours écouter les sensations ressenties dans son corps, et la douleur est un signal auquel il faut s’adapter car il peut freiner les performances".
Dans tous les cas, le professionnel de santé nous invite à respecter une méthode d’entraînement avec une bonne récupération et un respect de ses limites. "C’est la meilleure façon de progresser. Et attention aux courbatures : si vous en ressentez après un entraînement inhabituel, c’est normal, mais si vous en avez après chaque entraînement, c’est que vous repoussez de manière anormale vos limites" conclut-il.