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  • Erreur de péridurale, une mère en état neurovégétatif après un accouchement : que s'est-il passé ?

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 3 min.
    Sihem Boultif
    Sihem Boultif Journaliste santé
    en collaboration avec Dr Gérald Kierzek (Directeur médical)

    Une femme est restée dans un état neurovégétatif après une péridurale. Quels sont les risques de cet acte ?

    Le 10 août 2019, Lucie doit accoucher de son troisième enfant. Prise en charge dans un hôpital du Val d'Oise, elle est victime d'une erreur de péridurale et finira dans un état neurovégétatif. Comment expliquer un tel drame ? Le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste, décrypte les risques et complications potentiels liés à cet acte courant.

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    La péridurale est une forme d’anesthésie partielle proposée aux femmes enceintes afin de les soulager des contractions de l’accouchement. Selon l’Inserm, 82,7 % des femmes y ont eu recours en 2021. Dans l'immense majorité des cas, ce geste ne laisse (fort heureusement !) aucune séquelle. Alors comment expliquer un tel drame ?

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    Privée d’oxygène pendant 15 mn, elle finit handicapée à 98 %

    Lucie B. se présente à l’hôpital Simone-Veil d’Eaubonne (Val-d’Oise) le 10 août 2019 pour accoucher de son troisième enfant, une petite fille. Malheureusement pour elle, la péridurale lui sera administrée au mauvais endroit par une médecin anesthésiste stagiaire, sans la supervision d’un titulaire. C’est au cours de ce geste qu’elle fera un arrêt cardiaque. Pour quelle raison ? Le médecin stagiaire aurait poussé trop loin l’aiguille, au moment de réaliser la péridurale.

    Lucie B. sera par la suite opérée en urgence, afin que son enfant puisse naître par césarienne. Mais son cerveau sera privé d’oxygène pendant quinze minutes, ce qui engendrera de lourdes séquelles. La jeune femme – âgée aujourd’hui de 40 ans - est depuis déclarée handicapée à 98 % et séjourne dans une clinique, selon nos confrères du Parisien.

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    Ses proches mettent en cause l’hôpital, ils ont porté plainte pour blessures involontaires auprès du procureur de Pontoise. Le tribunal administratif a également été saisi et les médecins experts, nommés par la commission de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux d’Île-de-France (CCI), reconnaissent une erreur médicale.

    Comment une péridurale a pu engendrer de telles séquelles ?

    Interrogé sur ce cas, le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo, rappelle tout d’abord que la "péridurale est considérée comme une technique sûre et efficace pour soulager la douleur pendant l'accouchement".

    Cependant des complications peuvent survenir, comme :

    • Une baisse de la pression artérielle ;
    • Des maux de tête (en cas de perforation accidentelle de la dure-mère, une des couches des méninges entourant le cerveau et la moelle épinière) ;
    • Des douleurs lombaires temporaires ;
    • Et dans des cas extrêmement rares, des complications neurologiques comme une paralysie temporaire ou des troubles de la sensibilité.
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    Quelle est la différence entre péridurale et rachianesthésie ?

    En poussant l'aiguille trop loin, le médecin stagiaire a donc réalisé une rachianesthésie au lieu d'une péridurale. "La principale différence entre la péridurale et la rachianesthésie réside dans le site d'injection de l'anesthésique" définit Gérald Kierzek.

    "La péridurale consiste à injecter l'anesthésique dans l'espace péridural, situé juste à l'extérieur de l'enveloppe de la moelle épinière, via un cathéter qui permet des injections répétées et un ajustement de la dose. La rachianesthésie, quant à elle, implique une injection directe dans le liquide céphalo-rachidien entourant la moelle épinière, ce qui produit un effet plus rapide et plus intense, mais de durée limitée et sans possibilité d'ajustement".

    Dans le cas de cette patiente, à cause de cette injection au mauvais endroit, parce que le cathéter est introduit trop loin, "le risque était une paralysie respiratoire en particulier et un arrêt cardiaque si une mauvaise surveillance et une intubation immédiate ne sont pas pratiquées" ajoute le Dr Gérald Kierzek. "De même, en cas d’arrêt ventilatoire par paralysie, l’intubation permet d’éviter l’arrêt cardiaque. Encore faut-il qu’une surveillance constante ait lieu…" nuance le médecin. Ce qui ne semble pas avoir été le cas pour Lucie B.

    Un accident qui n'aurait pas dû avoir lieu

    Dans les faits, cet accident n’aurait jamais dû survenir. "Théoriquement, une dose test d’anesthésiant est injectée quand le cathéter de la péridurale est mis en place, pour vérifier l’absence de complication... et avant d’injecter plus de dose !" rappelle le médecin urgentiste.

    "D’après les experts, il y a eu plusieurs erreurs" conclut Gérald Kierzek. "Un mauvais site d’injection, avec une rachianesthésie au lieu d’une péridurale, pas de dose test injectée et un défaut de surveillance jusqu’à l’arrêt cardiaque, réanimé mais avec des séquelles graves, par manque d’oxygène pour le cerveau".

    Le taux de péridurales lors des accouchements en France figure parmi les plus élevés du monde, avec plus de huit femmes sur dix qui en bénéficient. Cet accident isolé ne doit pas remettre en cause le recours à cette technique. Selon cette récente étude, publiée dans le British Medical Journal, cette procédure pourrait même réduire le risque de complications sérieuses de 35 %.


    Sources
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