Diabète gestationnel : des complications accrues pour le fœtus
Une étude de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), publiée dans la revue Diabetologia, passe en revue l’ensemble des complications touchant les futures mamans souffrant de diabète gestationnel et les risques sur leur bébé…
En France, comme dans beaucoup d’autres pays, le nombre de femmes en surpoids et obèses est en hausse, ce qui augmente les risques de diabète de type 2 avant la grossesse et de développer un diabète gestationnel. Afin d’évaluer l’ampleur de cette maladie et les complications qu’elle entraîne chez l’enfant à naître, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris a mené une vaste enquête. Il s'agit de la première étude nationale visant à évaluer l'effet du diabète sur la grossesse en France sur la base d'une combinaison de données maternelles et néonatales. "Nous avons réalisé une étude nationale d'observation à grande échelle sur la base des données de 2012 sur les sorties des hôpitaux et du système national d'assurance maladie, qui incluent tous les accouchements et cessations de grossesse après 22 semaines pour des raisons médicales. Nous avons utilisé un algorithme spécifique basé sur l'utilisation d'agents hypolipémiants avant, pendant et après la grossesse et le diagnostic hospitalier à l'accouchement pour déterminer l'état de diabète maternel", expliquent les chercheurs.
Diabète et grossesse : une étude sur les 800 000 naissances françaises
Pour dresser leur constat, les scientifiques ont donc étudié les données concernant les 796 000 accouchements survenus en France, en 2012. Les résultats ont été analysés en fonction du type de diabète et pour celles souffrant de diabète gestationnel, les auteurs de l’étude ont différencié celles traitées ou non par insuline. Parmi l’ensemble des futures mamans, 7 % présentaient un diabète gestationnel. Et 75 % d’entre elles ont réussi à contrôler leur niveau de glycémie grâce à une modification de leur régime alimentaire. Le diabète de type 2 représentait 60 % des cas de diabète préexistant. L'insuline a été utilisée pour traiter 28 % des femmes atteintes de diabète gestationnel et 77 % des femmes atteintes de diabète de type 2.
Le risque d’accouchement prématuré et de césarienne accru
Les auteurs de l’étude ont remarqué que 70 % des femmes souffrant de diabète gestationnel présentaient une hypertension artérielle gravidique. Mais ce n’est pas tout : elles avaient plus de risque d’être exposées à des naissances prématurées ou à un accouchement par césarienne par rapport à la population non diabétique. Sans surprise, les risques de macrosomie étaient également plus importants (80 %). "Après avoir exclu les femmes soupçonnées d'avoir un diabète pré-gestationnel non diagnostiqué, le risque est resté modérément augmenté seulement pour les personnes souffrant de diabète gestationnel", indiquent les chercheurs.
Diabète gestationnel : des conséquences sur le bébé
Un taux glycémique élevé durant la grossesse a également des conséquences sur le fœtus. Ces derniers souffrent plus souvent de détresse respiratoire (10 %), de traumatismes à la naissance (30 %) et de malformations cardiaques (30 %). Néanmoins, les risques d'effets indésirables étaient beaucoup plus faibles chez les femmes souffrant de diabète gestationnel par rapport à celles présentant un diabète pré-gestationnel. Chez les femmes souffrant d’un diabète de type 2 au moment de la conception, les fœtus sont deux à quatre fois plus exposés aux complications.
Les femmes traitées par insuline, davantage à risque ?
Des risques plus élevés ont été observés chez les femmes atteintes de diabète gestationnel traitées par insuline par rapport à celles traitées par l'alimentation. "Nous avons clairement démontré que le diabète gestationnel entraîne une multitude d’effets indésirables au cours de la grossesse, et que la plupart des risques sont plus élevés chez les femmes atteintes traitées par insuline", expliquent les chercheurs. Pour eux, cela est dû à un diabète plus sévère et difficile à contrôler. Les traitements à base d’insuline retardent l’accouchement. "Le fœtus se trouve donc plus longuement exposé à un taux de glucose sanguin élevé", indiquent les spécialistes. Toutefois, lorsque les chercheurs recentrent leurs résultats, le constat s’inverse. Pour les naissances à terme, le risque de mortinatalité est plus élevé quand le diabète est traité par un régime alimentaire. "En limitant l'analyse aux accouchements après 37 semaines et en excluant les cas de diabète pré-gestationnel non diagnostiqué, nous avons identifié une augmentation modérée de la mortalité périnatale chez les femmes non traitées par insuline."
Pour les chercheurs, l'incidence du diabète au cours de la grossesse devrait augmenter considérablement à l'avenir en raison du fléau de l’obésité qui sévit au sein de la population. Depuis 2010, le dépistage du diabète gestationnel est recommandé chez les femmes enceintes à risque (35 ans et plus, un IMC élevé, antécédents familiaux…).