Grossesse : l'apnée du sommeil en lien avec un risque accru d'autisme chez l'enfant ?
Selon une étude américaine, l'apnée du sommeil pendant la grossesse pourrait augmenter le risque de donner naissance à un enfant souffrant d'autisme.
L'apnée du sommeil durant la grossesse pourrait augmenter le risque de changements cérébraux et comportementaux associés à l'autisme, en particulier chez les hommes. C'est ce qu'avance une étude réalisée sur des rats conduite par Amanda Vanderplow et son équipe de l'Université du Wisconsin-Madison, aux Etats-Unis. Les travaux ont été publiés le 3 février dans la revue PLOS Biology.
L'apnée du sommeil se traduit par une respiration partiellement ou complètement interrompue. Cela provoque une diminution de l'oxygénation du sang et concerne 15% des grossesses sans complications et plus de 60% des grossesses à haut risque au troisième trimestre.
Lors des travaux, les scientifiques ont soumis des rats en gestation à de faibles niveaux d'oxygène intermittents au cours de la seconde moitié de leur période de gestation. Bilan : des anomalies comportementales chez la progéniture ont été constatées peu de temps après la naissance, ainsi qu'une altération des fonctions cognitives et sociales chez les descendants mâles mais pas les femelles. Parmi lesquels, les troubles du comportement, de la mémoire ainsi que de la sociabilisation. Ces comportements, rappelant les troubles du spectre autistique, ont persisté à l'âge adulte.
Des études supplémentaires nécessaires
"Nos données fournissent des preuves claires que l'apnée du sommeil maternelle peut être un facteur de risque important pour le développement de troubles neurodéveloppementaux, en particulier chez les descendants mâles" a indiqué Michael Cahill, l'un des auteurs de l'étude."Ici, nous montrons que l'apnée du sommeil pendant la gestation produit des phénotypes neuronaux et comportementaux chez la progéniture de rongeurs qui ressemblent étroitement à l'autisme". Des études supplémentaires seront nécessaires sur les humains pour établir un lien certain entre apnée du sommeil pendant la grossesse et risque d'autisme chez l'enfant à naître.
Vers une nouvelle voie thérapeutique ?
La manière dont l'hypoxie maternelle a induit ces changements chez les fœtus qui ne subissaient pas eux-mêmes d'hypoxie reste incertaine. Néanmoins, les auteurs ont découvert que chez l'animal, la progéniture affectée présentait une activité excessive d'une voie de signalisation cellulaire connue sous le nom de voie mTOR, une caractéristique identifiée dans le cortex des humains atteints d'autisme, et que le traitement à la rapamycine, un inhibiteur de mTOR, atténuait partiellement les effets comportementaux de l'hypoxie maternelle chez la progéniture.