Des gynécologues s’opposent à la pérennisation des maisons de naissance
Dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) de 2021, le parlement a décidé de pérenniser l’expérimentation des maisons de naissance et d’en doubler le nombre. Un choix critiqué par le principal syndicat de gynécologie : le SYNGOF.
Parmi les 51 articles qui constituent le projet de loi, l’article 30 est dédié aux maisons de naissance qui sont désignées comme “des structures sanitaires au sein desquelles des sages-femmes, dans les conditions prévues aux articles L. 4151‑1 et L. 4151‑4 relatifs à l’exercice de leur profession, assurent l’accouchement des femmes enceintes dont elles ont suivi la grossesse.”
Contiguës à un établissement de santé autorisé pour l’activité de soins de gynécologie‑obstétrique, ces maisons sont conçues pour qu’un transfert rapide des mères ou des nouveau-nés puisse être fait en cas de nécessité.
Pour une première phase d’expérimentation, et après la publication du décret de novembre 2015, ce sont 8 maisons de naissance qui ont vu le jour, avec une autorisation de 5 ans d’exercice. Implantées dans 6 régions (Île‑de‑France, Occitanie, Auvergne‑Rhône Alpes, Grand Est, Guadeloupe, La Réunion), ces 8 structures ont fait l’objet d’un rapport à l’issu duquel le parlement a conclu que leurs projets devaient être pérennisés.
Plus encore, l’article 30 propose également que d’autres maisons de naissance puissent ouvrir leur porte et que leur nombre atteigne les 20 à l’horizon de 2022.
Des gynécologues qui s’opposent
Mais le principal syndicat des gynécologues, le SYNGOF, ne se réjouit pas de cette annonce et le fait savoir par voie de communiqué de presse. Ainsi, considérant que "l'expérimentation en cours n’a pas fait l’objet d’une évaluation transparente” et qu’elle “n’a donné lieu à aucune étude de coût sérieuse ni aucune étude de satisfaction comparative avec les accouchements à bas risques dans nos maternités”, le syndicat déplore alors ce vote et insiste sur la nécessité d’augmenter le ratio sages-femmes/parturientes dans un secteur qui éprouve “les plus grandes difficultés à recruter des médecins et des sages-femmes qui acceptent de travailler dans des conditions matérielles souvent inacceptables.”
Recruter et assurer le maintien des maisons de naissance : le voeu d’une sage-femme militante
Fer de lance du mouvement #jesuismaltraitante sur les réseaux sociaux, la sage-femme Anna Roy approuve également cette réalité et ce besoin de recruter plus de sages-femmes pour les mères qui accouchent. Mieux encore, son appel radical réclame “une femme pour une sage-femme”. Longuement, la spécialiste a expliqué sur son compte Instagram qu’elle considérait que ses conditions de travail ne lui permettaient pas d’accueillir les femmes enceintes dans la bientraitance. Cette dernière se pose également comme étant partisane des maisons de naissance.
Aussi, elle écrit :
“Je rêve d'un Grenelle de la naissance. Je rêve d'une sage-femme par femme en salle d'accouchement, je rêve d'ouvertures de maternités, de maisons de naissance, je rêve que les femmes accouchent où elles veulent y compris chez elles, je rêve d'un suivi sage-femme post natal plus long, je rêve d'un congé maternité de 6 mois renouvelable, oui je rêve ! J'ai l'âge pour ! Et il arrive que les rêves se transforment en lois.”