Pré-éclampsie : un impact psychologique important
À l’occasion de la journée mondiale contre la pré-éclampsie, l’association Grossesse Santé publie les résultats d’une enquête menée auprès de 1000 femmes qui révèlent que les mères ont eu à vivre des épisodes psychologiques difficiles.
Maladie qui touche environ 15 000 mamans par an en France, la pré-éclampsie est un syndrome dû à un mauvais ancrage du placenta. Elle associe une hypertension artérielle et l’apparition anormale de protéines dans les urines.
2% des grossesses sont concernées par cette affection qui survient entre le 5ème mois et le 9ème mois de la maternité. Elle peut, dans certains cas, entraîner de graves complications telles que le syndrome HELLP (atteinte du foie) et même mener jusqu’au décès de la mère et/ou de son enfant.
Souvent minimisé par l’entourage et le corps médical, les mères qui ont souffert de la pré-éclampsie vivent pourtant un réel impact psychologique et souffrent d’entendre des phrases telles que “Madame, ressaisissez-vous”. L’enquête réalisée par l’association Grossesse Santé à l’occasion de la journée mondiale contre la pré-éclampsie qui a lieu le 22 mai 2021 révèle à quel point les femmes ont vécu leur parcours comme une véritable épreuve mêlant stress, anxiété et culpabilité.
Des complications engendrées par la pré-éclampsie
Côté mamans, presque la moitié (43%) des femmes interrogées ont déclaré avoir développé un syndrome de Hellp, une pathologie qui multiplie par 3 ou 4 les risques de mort in utero. 22% des mères ont fait un séjour en réanimation de 24h ou plus et 16% ont fait une éclampsie (crises convulsives provoquées par une hypertension artérielle intracrânienne), 11% un hématome rétro-placentaire et près de 9% ont eu une insuffisance rénale. Au total, 25% des pré-éclampsies donnent lieu à de graves complications).
Les bébés souffrent, eux aussi, de complications avec dans 43% des cas un retard de croissance in utero, mais plus spectaculaire encore 6% des naissances ont été prématurées. 49% des nourrissons ont dû être placés en réanimation néonatale et 13% des mères ont déclaré le décès du bébé.
Seulement 19% ont eu la chance que leur bébé n'ait aucune complication.
Un impact psychologique important
Pendant leur grossesse, les mères ont eu à vivre des moments très anxiogènes qui ne les ont pas quittés après l’accouchement. Enceintes, 87% ont ressenti de la peur et de l'angoisse, 85% un sentiment d'impuissance, de perte de contrôle, 76% de la culpabilité tandis que quelques jours après l’accouchement, elles sont toujours 81% à ressentir de la peur et 85% de l'angoisse et ce, qu’elles aient eu des complications ou non liées à la prééclampsie.
Ce sentiment d’angoisse est toujours vivace quelques mois après la naissance de l’enfant : 96% des mères repensent sans le vouloir aux évènements, 64% ont parfois le sentiment de revivre cet évènement, 78% ont le sentiment d'avoir échappé de peu à la mort,54% ont eu des cauchemars suite à leur accouchement. Plus de la moitié d'entre elles (51%) ont une difficulté à se connecter à leur quotidien et à accomplir les tâches de la vie quotidienne, à travailler, à s'occuper de leur bébé, de leurs autres enfants et ce sentiment a perduré de quelques mois à plus d'un an dans 78% des cas.
Les réponses à l’enquête sont sans équivoque : les mères ont eu à vivre des moments psychologiques difficiles avec 49% d’entre-elles à exprimer “une tristesse et un repli sur soi”, 20% ont indiqué à avoir souffert de troubles de l'appétit, 10% d'idées suicidaires et évoquent une grande détresse par rapport à leur enfant : 69% se sentent “très coupables”, 54% sont très anxieuses à propos de l'état de santé de leur enfant, et 25% se sentent “incapables de s'occuper de leur enfant”. “Des signes cliniques peuvent être révélateurs d'une dépression du post-partum” indiquent les conclusions de l’enquête.
Une prise en charge jugée insuffisante
Près de la moitié (44%) des mamans ont déclaré avoir eu un entretien ou deux avec un psychologue, mais elles estiment que leur utilité était limitée (48%), pour l’association Grossesse Santé “ces entretiens arrivent très tôt après le choc : les mamans pourraient ne pas avoir eu le temps de prendre le recul nécessaire pour en tirer parti, toujours dans la sidération par rapport à l'événement. Son intégration psychique prend du temps et nécessiterait un suivi plus soutenu”.
Ces mères se tournent alors sur les réseaux sociaux (61%) pour y lire les autres témoignages et se sentir soutenues, elles indiquent également écrire et partager leur histoire pour 26% d’entre elles.
30% décident d’engager une thérapie personnelle estimant que “les partenaires, famille ou ami.e.s ne savent pas, ou ne peuvent pas les écouter ou les soutenir comme elles le souhaiteraient” et que le monde médical ne les entend pas assez (35%).