Première spermatogenèse in vitro : une réelle avancée pour les hommes infertiles ?
Des chercheurs lyonnais affirment avoir réussi à créer des spermatozoïdes in vitro à partir de cellules souches testiculaires. Cette première mondiale pourrait être une avancée vers un traitement de l’infertilité, mais doit encore être confirmée.
Transformer in vitro des cellules souches en spermatozoïdes
“Obtenir des spermatozoïdes humains complets in vitro à partir de prélèvements effectués chez des hommes infertiles“ : cette première mondiale vient d'être réalisée par la start-up Kallistem, fondée par une équipe de l’Institut de génomique fonctionnelle de Lyon (CNRS/Inra entre autres).
Les chercheurs ont en fait réussi à recréer en laboratoire les conditions nécessaires à une spermatogenèse, c’est-à-dire à la différenciation de spermatogonies (cellules souches testiculaires) en spermatozoïdes. Plus de 20 ans ont été nécessaires pour arriver à mettre au point de processus et à fabriquer des cellules reproductrices humaines. La spermatogénèse dure en effet 72 jours chez l’homme, un processus long et complexe.
Des spermatozoïdes dont la qualité n'a pas encore été testée
Pour l’heure, les scientifiques n’ont pas encore testé la qualité des spermatozoïdes créés in vitro. Pour cela, ils doivent d'abord tenter de faire naître des bébés rats à partir de spermatozoïdes fabriqués en laboratoire. Expérience qui n’a pas encore été menée.
Autre phase de test à venir : les chercheurs doivent analyser chez l’homme cette fois comment ces cellules se comportent, en comparaison avec des spermatozoïdes crées dans le corps. Il est donc beaucoup trop tôt encore pour dire si la découverte de Kallistem pourra un jour venir en aide à des hommes infertiles.
135 000 hommes concernés dans le monde
Selon les chercheurs de Kallistem, leur découverte pourrait ouvrir des espoirs pour les “jeunes garçons pré-pubères soumis à un traitement gonadotoxique“ (comme les chimiothérapies) et aux “hommes adultes qui souffrent d’infertilité non prise en charge par les technologies actuelles“. Au final, un public relativement faible que la start-up estime à 135 000 personnes dans le monde.
L'annonce faite aujourd'hui n'est guère différente de celle datant de mai dernier. La société Kallistem recherche des financements pour les phases suivantes de ses tests. Elle a déjà déposé ses premiers brevets mais aucune revue spécialisée n’a pour l’instant publié les résultats de ses recherches. Une validation pourtant indispensable dans la communauté scientifique.
Violaine Badie
Source : Communiqué de presse du CNRS (17 septembre 2015)