Fausses couches : le projet de recherche "In utero care"
Les spécialistes des CHU de Bordeaux, Poitiers et Limoges ont initié le projet de recherche "In Utero Care". Le but : offrir de nouvelles options thérapeutiques aux femmes pour prévenir les fausses couches et les morts fœtales.
Une femme sur dix souffre d’une fausse couche au cours de sa vie. Un phénomène encore trop peu compris - et largement minimisé - que plusieurs experts de plusieurs CHU du Sud-Ouest ont décidé de prendre à bras le corps. Un projet, baptisé "In utero care" a pour objectif de mieux cerner et traiter les pathologies de la grossesse pour prévenir les fausses couches répétées et les morts fœtales in utero.
Une pathologie inflammatoire rare du placenta en cause
Le projet "In Utero Care" est né d’une collaboration entre des équipes hospitalo-universitaires (Gynécologie-obstétrique, Médecine interne et Immunologie) du CHU de Bordeaux et de l’université de Bordeaux. Toutes les équipes sont ainsi mobilisés pour rechercher et identifier les causes des fausses couches à répétition, morts fœtales in utero et retards de croissance intra-utérin.
D’après leurs premiers observations, l’immunité de certaines femmes serait en cause. L’intervillite, une maladie inflammatoire rare du placenta serait également pointée du doigt. D'origine indéterminée, elle provoque des lésions placentaires inflammatoires, au pronostic fœtal sombre.
Les experts travaillent donc sur de nouvelles perspectives thérapeutiques afin d’offrir aux femmes concernées une chance de garder leur bébé. Déjà deux patientes ont été traitées avec succès dans le cadre de ce projet et d’autres vont l’être prochainement.
Pollution, génétique... Toutes les pistes sont explorées
Mais d'autres axes de recherche sont également explorés comme les pistes environnementales et génétiques. Ainsi le projet pourra s'appuyer sur lARTEMIS, une plateforme de prévention de la santé environnementale au cours de la grossesse et bénéficie d’une expertise dans le domaine des particules ultrafines. L’objectif est de confronter ces résultats à des études in-vitro de façon à quantifier ces nanoparticules au sein du placenta et à évaluer leur impact sur le développement placentaire.
Enfin, bien que les analyses autopsiques ne permettent d’expliquer la survenue des MFIU dans bon nombre de cas, il est possible que certaines anomalies génétiques soient parfois en cause. L’équipe de recherche va aller plus loin en réalisant le séquençage postnatal de l’exome (partie du génome utilisée par l'organisme pour la synthèse des protéines) des morts fœtales in utero afin d’essayer d’identifier certaines anomalies génétiques.
Cette initiative est assez inédite concernant un domaine, la grossesse, dans lequel les recherches sont assez peu nombreuses du fait de la difficulté à conduire des recherches chez des femmes enceintes. Pourtant, l'enjeu est de taille puisqu'aujourd'hui dans 50 % des cas après une fausse couche (moins de 20 semaines de gestation), on ne peut pas donner d’explication aux familles sur sa cause.