Syndrome métabolique et résistance à l'insuline, quels sont les liens ?
"Mon médecin me dit que je fais du sucre", "Mon pancréas marche moins bien". Avant l'apparition du diabète de type 2, différents mécanismes sont en marche. Le principal est la survenue de la résistance à l'insuline. Découvrez plus en détails cet état de "prédiabète" et les solutions pour y faire face.
Le diabète de type 2 associe une résistance à l'insuline et une anomalie de sa sécrétion à des degrés variables. Ce problème est fréquemment associé à d'autres problèmes de métabolisme regroupés sous le terme "syndrome métabolique".
Comment apparaît l'insulinorésistance ?
Produite par le pancréas, l'insuline a pour mission de réguler le taux de glucose (de sucre) dans le sang, en favorisant son entrée dans les cellules et sa conversion en énergie.
Mais une mauvaise hygiène de vie (sédentarité, mauvaise habitudes alimentaires...) va favoriser l'augmentation du cholestérol, le surpoids et l'obésité. Une accumulation de gras autour de la taille (adiposité abdominale) va perturber le rôle de l'insuline.
Ce phénomène dit de "résistance à l'insuline" se traduit par une moins bonne utilisation du sucre par l'organisme et donc un taux de sucre dans le sang (glycémie) plus important. Cette augmentation du taux de sucre dans le sang hyper-stimule le pancréas, qui augmente la sécrétion d'insuline pour compenser. Au bout d'un certain nombre d'années d'évolution, le pancréas s'épuise, l'intolérance au glucose apparaît, puis le diabète de type 2.
Cette résistance à l'insuline peut se diagnostiquer par une augmentation du tour de taille. Un simple mètre de couture permettrait ainsi de détecter précocement une nouvelle entité ennemie de vos artères et de votre pancréas : le syndrome X ou syndrome métabolique.
Quels sont les risques d'une résistance à l'insuline ?
Un taux de sucre élevé pendant plusieurs années va atteindre progressivement les artères et petits vaisseaux sanguins. Les répercussions se font alors sur tout l'organisme :
- Le cœur : les artères coronaires sont atteintes, ce qui va d'abord entraîner un risque d'angine de poitrine puis d'infarctus du myocarde ;
- Les yeux : le diabète est la première cause de cécité en France, suite à l'atteinte des petites artère irriguant la rétine ;
- Les artères : les risques sont l'hypertensions artérielle et l'artérite, avec dans les cas les plus graves, une amputation ;
- Les nerfs : la sensibilité et les douleurs diminuent dans les jambes, on parle de neuropathie ;
- Les pieds : il y a un risque d'ulcération et de cicatrisation difficile ;
- Les reins : le risque est le développement d'une insuffisance rénale chronique.
Prévention et traitements de l'insulinorésistance
Les mesures diététiques
En cas de surpoids, et notamment d'excès de graisse abdominale, toute perte de kilos, même modeste, est bénéfique, car elle améliore la sensibilité à l'insuline. En pratique, pas besoin de se lancer dans un régime draconien que l'on n'arrivera pas à tenir dans la durée. Il convient de revoir ses habitudes alimentaires pour les rendre plus saines :
- Réduire sa consommation de sucres rapides et de matières grasses (charcuterie, beurre, chips, crème, fromage...) ;
- Privilégier les glucides lents en faisant la part belle aux céréales complètes ;
- Consommer des protéines maigres comme le poisson ou la viande blanche ;
- Miser sur les fibres alimentaires, les fruits et légumes ;
- Réduire sa consommation d'alcool.
Une activité physique régulière
Entretenir sa masse musculaire va permettre d'augmenter le débit sanguin, les muscles réagissent mieux face à l'insuline. De plus, lorsque l'on fait du sport et même après la séance, le glucose est mieux transporté et les acides gras libres plus facilement consommés. L'idéal ? Entre 3 et 5 séances de 30 minutes minimum par semaine. Il faut y aller progressivement, en fonction de nos capacités et toujours en accord avec son médecin si l'on souffre de pathologies connues.
Un traitement médicamenteux
Un traitement médicamenteux peut venir en complément des mesures hygiéno-diététiques. Il vise à réduire l'insulinorésistance et traiter le diabète. Il correspond à la prise d'antidiabétiques (metformine, glitazones...) par voie orale ou injectable.
Un lien entre insulinorésistance et syndrome métabolique
On parle de syndrome métabolique (encore appelé syndrome X, syndrome d'insulinorésistance, syndrome pluri-métabolique ou encore "the deadly quartet", le quartet mortel) lorsqu'une personne présente au moins trois des cinq paramètres suivants :
- Tour de taille > 102 cm chez les hommes et > 88 cm chez les femmes - à moduler selon le groupe ethnique ;
- Cholestérol HDL (bon cholestérol) < 40 mg/dl chez les hommes et < 50 mg/dl chez les femmes (ou sous traitement pour un excès de cholestérol) ;
- Triglycérides > 150 mg/dl (1,7 mmol/L) (ou sous traitement pour un excès de triglycérides) ;
- Glycémie à jeun > 1 g/dl (ou sous traitement pour un diabète) ;
- Tension artérielle > 130-85 mm Hg (ou sous traitement pour une hypertension).
Ce phénomène devient plus fréquent avec l'âge, en cas d'antécédents cardiovasculaires, de surpoids, de manque d'activité physique, de tabagisme. Aux Etats-Unis, 22 % des américains de plus de 20 ans présentent ce syndrome *. Ce chiffre est encore plus élevé chez les Américains d'origine mexicaine.
Vers une nouvelle prise en charge plus globale du syndrome métabolique
Insulino-résistance, hypertension, excès de cholestérol, surpoids. Ces phénomènes sont étroitement liés. Il y a ainsi deux fois plus d'anomalies du bilan lipidique et de cas d'hypertension chez les patients diabétiques que dans la population générale américaine. A ce titre, le syndrome métabolique reflète l'installation d'une insulino-résistance qui se répercute sur tout l'organisme, avec notamment une accélération de l'athérosclérose et des complications cardiovasculaires. Loin d'être anodin, la mortalité globale à 7 ans atteint 18 % en cas de syndrome métabolique associé au diabète type 2, contre 4,6 % s'il est absent *.
Selon le Dr Sachs, endocrinologue à l'hôpital Avicenne, Bobigny, ces définitions ne sont pas encore consensuelles, mais il apparaît dès maintenant de dépister l'insulino-résistance chez les personnes obèses (10 % des français) ou en surpoids (30 %).
Selon le Pr. Valensi, de l'hôpital Jean Verdier, Bondy, "les mesures hygiéno-diététiques, avec une réduction pondérale modérée (de 5 à 10 %) améliorent régulièrement les composantes du syndrome d'insulino-résistance". Certains traitements oraux (comprimés) peuvent compléter cette action, seuls ou en association, notamment en cas de surpoids, d'excès de cholestérol, d'hypertension artérielle. Le diabète de type 2 s'intègre donc souvent dans une prise en charge pluridisciplinaire basée sur l'insulino-résistance dans son ensemble, et non uniquement sur le contrôle glycémique.