En France, deux à trois millions de femmes seraient victimes d'incontinence. Pourquoi certaines sont plus touchées que d'autres ? Quelles sont les périodes les plus à risque ? Ces fuites sont-elles héréditaires ? Découvrez les principaux facteurs de risque de l'incontinence urinaire.
Si l'on sait que les grossesses peuvent induire des fuites urinaires, les autres facteurs de risques sont moins connus. Tabac, obésité, hérédité. Petit panorama de ces ennemis d'une vessie en forme.
Quelques facteurs physiologiques
L'incontinence se caractérise médicalement par une fuite d'urine involontaire entraînant un problème social et hygiénique. Face à ces troubles, les deux sexes ne sont pas égaux. Les femmes en sont les principales victimes à cause de spécificités anatomiques de leur périnée, de maternité et de la ménopause qui peuvent causer un relâchement des tissus et des muscles.
Le sexe fort n'est pas, pour autant, totalement épargné. L'incontinence masculine est plus directement liée à une hypertrophie de la prostate ou à des suites opératoires et intervient ainsi à des âges plus avancés.
Même si toutes les études épidémiologiques ne donnent pas les mêmes résultats, 20 % des femmes de plus de 40 ans 1 souffriraient d'incontinence. Peut-on pour autant dire que cette maladie est liée à l'âge ? Non, même si la fréquence de cette affection augmente avec les années, ce n'est pas une maladie de la vieillesse. On constate deux pics :
- L'un vers 55 ans lorsque la ménopause cause un vieillissement progressif des tissus et donc un relâchement des muscles du périnée. C'est à cet âge que l'on observe le plus grand nombre d'incontinence d'effort ;
- Après la maternité, période durant laquelle le périnée est mis à rude épreuve en particulier en cas de un accouchement difficile ou si le bébé dépasse les 4 kilogrammes. Dans la très grande majorité des cas, l'amélioration de cette situation est spontanée ou nécessite quelques séances de rééducations.
Des grossesses multiples avec accouchement par voie vaginale 2 augmentent le risque d'incontinence d'effort. Pour les mêmes raisons, des antécédents d'hystérectomie, des anomalies anatomiques des voies urinaires et des traumatismes du périnée augmentent les risques d'incontinence. Présentée dans le cadre du 33 e congrès annuel de la société internationale de continence, une étude norvégienne 3 laissait penser que des antécédents familiaux (mère, grandes sours et dans une moindre mesure les grands-mères) augmentent les risques de souffrir de la même condition.
Des incontinences comme effets secondaires
Plusieurs maladies peuvent augmenter le risque de souffrir d'incontinence en mettant le périnée à rude épreuve ou en en créant une hyperactivité de la vessie.
Parmi ces maladies, on trouve pêle-mêle :
- Une toux fréquente occasionnée par une bronchite chronique ;
- Des antécédents d'infections urinaires récurrentes ;
- Des calculs rénaux ;
- Des affections neurologiques (maladie de Parkinson, d'Alzheimer, sclérose en plaques.) ;
- Un cancer de la vessie ;
- Des blessures de la colonne vertébrale ;
- Des accidents vasculaires cérébraux, etc.
Pour les incontinences survenant après la ménopause, le diabète constitue également un facteur de risque 4. De plus, certains médicaments peuvent augmenter le risque d'incontinence en stimulant la production d'urine (des diurétiques) 5.
Agir pour réduire son risque d'incontinence
Mais certains facteurs de risque de l'incontinence urinaire sont modifiables. Ainsi, différentes études ont permis de relier une augmentation de ces troubles chez les fumeuses, les femmes souffrant de surpoids ou d'obésité 6 ou chez les femmes buvant trop de thé ou de café 7. La pratique intensive de sports nécessitant des sauts ou provoquant des poussées abdominales importantes (athlétisme, danse, trampoline, etc.) serait responsable de fuites urinaires 8. A contrario, d'autres sports peuvent lutter contre le surpoids ou aider à muscler raisonnablement le périnée et sont donc conseillés. Il s'agit des sports où la personne est portée comme le vélo, la natation, etc.
Selon certains spécialistes, des filles de plus en plus jeunes consulteraient aujourd'hui pour incontinence. Le sport intensif, le repos minimum après l'accouchement, le tabagisme, le surpoids. bref le style de vie de ces jeunes femmes serait à l'origine d'effets délétères sur leur périnée et pourrait expliquer en partie cette évolution.
1 - J Public Health Med 2000 ;22 :3 2 - BJOG. 2003 Oct;110(10):927-33. 3 - Female urinary incontinence - running in family ? - Abstract 60 - International Continence Society Congress 2003 4 - Obstet Gynecol. 1999 Jul;94(1):66-70. 5 - Obstet Gynecol. 2000 Sep;96(3):446-51. 6 - BJOG. 2003 Mar;110(3):247-54. 7 - Obstet Gynecol. 2000 Jul;96(1):85-9. 8 - Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct. 2002;13(1):15-7.