Les infections nosocomiales en dix questions

David Bême
David Bême Rédacteur en chef
Mis à jour le 

Validation médicale : 27 juin 2014
Jesus Cardenas
Jesus Cardenas médecin, ancien directeur médical

Les infections nosocomiales touchent chaque année entre 600 000 et un million de personnes en France. Survenant dans les établissements de soins, ce fléau suscite autant d'inquiétudes que d'interrogations. Origines, conséquences, évolution, prévention… Doctissimo répond à vos questions.

Définition : Qu'est-ce qu'une infection nosocomiale ?

Les infections nosocomiales sont les infections contractées dans un établissement de soins (hôpital, clinique…) alors qu'elle était absente au moment de l'admission du patient. Lorsque l'état infectieux du patient à l'admission est inconnu, l'infection est généralement considérée comme nosocomiale si elle apparaît après 48 heures d'hospitalisation. Si elle apparaît avant un tel délai, on considère qu'elle était en incubation lors de l'entrée dans l'établissement.

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Pour prendre en compte une réalité plus large, les spécialistes rajoutent aujourd’hui toutes les infections associées aux soins à cette définition, qui prend donc également en compte les hospitalisations à domicile, en EHPAD et en établissement de réadaptation

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Combien de personnes sont touchées par les infections nosocomiales ?

Deux enquêtes nationales épidémiologiques ont été réalisées en 1996 et en 2001. Selon ces enquêtes, ces problèmes touchent chaque année en France 7 % des patients hospitalisés. Ce qui par extrapolation correspond à 800 000 personnes par an. Un chiffre comparable à celui observé dans les autres pays européens, où il varie entre 6 et 9 %.

Combien de personnes meurent des infections nosocomiales ?

On estime que les infections nosocomiales sont la cause directe de plus de 4 000 décès chaque année en France.

Les infections nosocomiales sont-elles en augmentation ?

Entre 1996 et 2001, à l'exclusion des infections urinaires asymptomatiques (non comptabilisées lors de la première étude), on observe une diminution de 13 % du taux des infections acquises dans l'établissement dans les Centres Hospitaliers Universitaires et de 24 % dans les centres hospitaliers généraux.

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Lors du congrès 2005 de la société française d'hygiène hospitalière, son président le Pr. Philippe Harteman estimait que le taux d'infection a baissé de 15 % en moyenne en trois ans et de 50 % pour ce qui est des légionelles.

Existe-t-il des facteurs favorisant les infections nosocomiales ?

Quel que soit son mode de transmission, la survenue d'une infection nosocomiale est favorisée par la situation médicale du patient :

  • Son âge et sa pathologie sont particulièrement importants. Les personnes âgées, les personnes immunodéprimées, les nouveau-nés (en particulier les prématurés), les polytraumatisés et les grands brûlés sont les plus "à risque" ;
  • Certains traitements peuvent paradoxalement favoriser la survenue de ces infections nosocomiales (antibiotiques qui déséquilibrent la flore des patients et sélectionnent les bactéries résistantes, traitements immunosuppresseurs…) ;
  • Les infections sont plus fréquentes lors de la réalisation d'actes invasifs nécessaires au traitement du patient : sonde urinaire, pose d'un cathéter, ventilation artificielle ou intervention chirurgicale.
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Certaines infections nosocomiales pourraient constituer le revers de la médaille des progrès médicaux. La prise en charge des patients de plus en plus fragiles est aujourd'hui possible mais ces derniers cumulent souvent de nombreux facteurs de risque.

Est-ce que toutes les infections nosocomiales ont la même gravité ?

Toutes les infections nosocomiales ne présentent pas le même caractère de gravité. Ainsi, les infections urinaires très fréquentes sont le plus souvent anodines malgré la gêne occasionnée. A l'inverse, des infections survenant lors de chirurgie osseuse ou pulmonaire peuvent être gravissimes. L'agent infectieux en cause joue également un rôle prépondérant : le terrible staphylocoque doré est ainsi très redouté.

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Certaines infections nosocomiales peuvent entraîner la mort (infections pulmonaires, septicémies marquant la présence de bactéries dans le sang, provoquant une infection étendue et une détérioration de l'état général de l'organisme...). Ces infections les plus graves surviennent généralement chez les patients les plus fragilisés ce qui rend difficile la distinction entre la responsabilité de l'infection nosocomiale elle-même et celle de la maladie préexistante. Par exemple, un malade souffrant d'une insuffisance respiratoire du fait d'un cancer du poumon évolué sera très sensible à une infection nosocomiale (comme il serait très sensible à une simple grippe).

Par ailleurs, la plupart des infections allongent la durée de séjour et entraînent un surcoût lié au traitement antibiotique.

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Comment surviennent les infections nosocomiales ?

Ces infections peuvent être directement liées aux soins (par exemple l'infection sur cathéter) ou simplement survenir lors de l'hospitalisation indépendamment de tout acte médical (par exemple une épidémie de grippe). Il existe plusieurs types d'infections nosocomiales relevant de modes de transmission différents :

Les infections d'origine "endogène" : le malade s'infecte avec ses propres microorganismes, à la faveur d'un acte invasif et/ou en raison d'une fragilité particulière ;

Les infections d'origine "exogène". Il peut s'agir :

  • Soit d'infections croisées, transmises d'un malade à l'autre par les mains ou les instruments de travail du personnel médical ou paramédical ;
  • Soit d'infections provoquées par les microorganismes portés par le personnel ;
  • Soit d'infections liées à la contamination de l'environnement hospitalier (eau, air, matériel, alimentation...).
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Quels sont les services hospitaliers les plus à risque ?

Selon les enquêtes nationales, les services les plus touchés sont par ordre décroissant : la réanimation avec des taux d'infection de l'ordre de 30 %, la chirurgie (de 7 % à 9 % selon le type), et la médecine (de 5 % à 7 % selon la spécialité). Les services à moindre risque sont les services de pédiatrie et de psychiatrie. Ces problèmes sont aussi fréquents dans les services de moyen et long séjour qu'en court séjour.

Les infections urinaires sont les plus fréquentes (40 %), suivies par les infections de la peau (11 %), les infections du site opératoires (10%), les infections pulmonaires (10 %).

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Comment prévenir les infections nosocomiales ?

La lutte contre les infections nosocomiales est difficile car elle se doit d'agir sur plusieurs facteurs. Qualité des soins, sécurité de l'environnement hospitalier, hygiène des mains, port des gants… sont autant de domaines qui doivent faire l'objet d'une vigilance renforcée et d'actions de prévention.

Lancé en 1994, un premier plan renforçait la lutte contre les infections nosocomiales avec la mise en place d'une meilleure surveillance de ces problèmes, la création de Comités de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) déclinés au niveau régional et national et du réseau d'alerte d'investigation et de surveillance des infections nosocomiales (RAISIN).

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En 2005, un nouveau plan de lutte a été lancé autour de cinq grandes orientations :

  1. Adapter les structures et faire évoluer le dispositif de lutte contre les infections nosocomiales ;
  2. Améliorer l'organisation des soins et les pratiques des professionnelles ;
  3. Optimiser le recueil et l'utilisation des données de surveillance et du signalement des infections nosocomiales ;
  4. Mieux informer les patients et communiquer sur le risque infectieux lié aux soins ;
  5. Promouvoir la recherche sur les mécanismes, l'impact, la prévention et la perception des infections nosocomiales.

Comment juger de la gestion de ces infections dans tel ou tel hôpital ?

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L'un des objectifs du plan de lutte contre les infections nosocomiales 2005-2008 est de "mieux informer les patients et communiquer sur le risque infectieux lié aux soins". Pour ce faire, le ministre de la santé a demandé au Directeur de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) de concevoir un tableau de bord des infections nosocomiales pour les établissements de santé début 2004.

Jugeant des moyens engagés dans la prévention, des pratiques, ainsi que des résultats, ce nouvel indicateur permettrait de mesurer l'impact des mesures entreprises, d'établir des comparaisons entre les établissements et d'informer de manière transparente les usagers. Testé en 2004 sur une trentaine d'établissements, ce tableau de bord devrait être généralisé à tous les établissements de santé à partir de 2005. L'objectif est qu'en 2008 tous les établissements de santé disposent d'un tel outil.

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Révision médicale : 27/06/2014
Jesus Cardenas
Jesus Cardenas médecin, ancien directeur médical
Sources

Rapport sur les infections nosocomiales du Ministère de la santé Plan de lutte contre les infections nosocomiales 2005-2008 Congrès 2005 de la société française d'hygiène hospitalière Enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales, 1996 -  BEH n°36/1997 Enquête de prévalence nationale 2001 - Résultats -Réseau d'alerte, d'investigations et de surveillance des infections nosocomiales (RAISIN) publié en 2003

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