Chaque hiver, l'épidémie de bronchiolite revient en force. Comment se transmet-elle ? Quels sont les traitements ? Quels sont les enfants les plus à risque ? Comment la prévenir ? Doctissimo répond vos questions sur la bronchiolite.
Qu'est-ce que la bronchiolite ?
La bronchiolite est une infection virale respiratoire des bronchioles (petites bronches) très contagieuse.
La bronchiolite est très fréquente chez les nourrissons et chez les enfants de moins de deux ans. Les nourrissons entre deux et huit mois sont généralement les plus touchés. On estime que chaque année quelques 500 000 nourrissons (30 % de la population des nourrissons) sont touchés par cette infection.1 On constate des pics d'épidémie en hiver (avec un pic net en décembre) qui semblent augmenter régulièrement.
Comment se transmet la bronchiolite ?
Le plus souvent, le virus responsable des bronchiolites du nourrisson est le virus respiratoire syncytial humain (VRS), très contagieux.
Il se transmet d'un individu à un autre :
- Directement par les minuscules gouttelettes expulsées lors de la toux et des éternuements ;
- Indirectement par l'intermédiaire des mains ou d'objets contaminés, sur lesquels le virus peut survivre plusieurs heures.
Selon la conférence de consensus de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes), la contamination est favorisée par la promiscuité, l'urbanisation et la mise en collectivité précoce des enfants.2
Ce virus peut entraîner un rhume à tout âge, mais c'est chez les nourrissons qu'il a la plus mauvaise influence en entraîne la bronchiolite.
Quels sont les symptômes de la bronchiolite ?
La bronchiolite débute souvent par une simple infection des voies respiratoires (rhume ou rhino-pharyngite), qui dégénère rapidement.
Les symptômes de la bronchiolite sont les suivants :
- Rhume avec fébricule, écoulement nasal, toux sèche inconstante ;
- Difficultés respiratoires (respiration est rapide, halètement) ;
- Signes de rétraction intercostale, sus et sous-sternale pendant l'inspiration accompagnés d'un battement des ailes du nez ;
- Agitation, pâleur et de cyanose ;
- Épuisement du nourrisson ;
- Troubles de l'alimentation (vomissements…) ;
- Le nourrisson boit de moins en moins bien, il rejette ses biberons ;
- La fièvre est discrète ou modérée.
À noter : les nourrissons âgés de trois à neuf mois sont les plus exposés au risque de bronchiolite, principalement à cause du calibre des bronchioles.
Quelle est l'évolution de la bronchiolite ?
Malgré des symptômes souvent impressionnants, la bronchiolite est une maladie bénigne. La plupart du temps, elle guérit spontanément en huit à dix jours en moyenne, même si la toux peut persister une quinzaine de jours. Les difficultés respiratoires s'amendent en quelques jours, sans laisser de traces.
Dans quelques cas, les surinfections bactériennes justifient l'administration d'antibiotiques. Différents signes doivent être suspectés chaque fois qu'une fièvre est élevée, qu'une otite est associée ou que les sécrétions bronchiques deviennent purulentes.
La détresse respiratoire
Selon l'agressivité du virus, la fragilité de l'enfant et l'importance de l'encombrement bronchique, une détresse respiratoire peut apparaître. Dans de rares cas, elle impose l'hospitalisation, afin de pouvoir surveiller la fonction respiratoire et, éventuellement, de mettre en oeuvre des mesures de réanimation, pour passer ce cap difficile.
Les formes graves de la détresse respiratoire doit être jugée par :
- L'altération de l'état de santé général ;
- Le changement de comportement ;
- Une élévation importante de la température ;
- Une déshydratation ;
- Des difficultés d'alimentation.
Quels sont les traitements de la bronchiolite ?
Une fois le diagnostic établi, la prise en charge de la bronchiolite est simple. Seuls les risques de forme grave et de complications pourront éventuellement déboucher sur une hospitalisation d'emblée.
Dans le cas contraire, le traitement se résume à :
- La surveillance accrue de l'évolution des symptômes par les parents ;
- La désobstruction du nez de bébé régulièrement par l'instillation de sérum physiologique.
En France, la kinésithérapie respiratoire est souvent prescrite par les médecines. Cette technique n'est cependant pas recommandée par la Haute autorité de Santé (HAS) en raison d'une manque de preuve de son efficacité.
De même, il n'y a pas lieu, sauf cas particulier, d'administrer des antibiotiques, qui sont inefficaces contre les infections virales ; ni d'antitussif, de fluidifiant bronchique ou tout autre médicament.
Quels sont les traitements médicamenteux ?
Les seuls médicaments indispensables lors d'un premier épisode de bronchiolite non compliqué sont les antipyrétiques de type paracétamol. Ces produits sont à utiliser pour faire baisser la température, lorsque celle-ci est trop élevée. Pour administrer un médicament contre la fièvre ou la douleur, vous devez impérativement respecter les posologies en fonction de l'âge et du poids de l'enfant. Demandez conseil à votre médecin.
Le sérum physiologique ou les produits apparentés permettent de désobstruer le nez.
Les antibiotiques ont un rôle important seulement en cas de surinfection bactérienne. En revanche, ils n'ont aucune action sur les virus responsables des bronchiolites.
D'une façon générale, la HAS déconseille la prise de médicament et recommande le nettoyage régulier du nez et la surveillance accrue des parents de l'évolution des symptômes.
Comment se déroule une séance de kinésithérapie ?
Le kinésithérapeute discute avec les parents sur les symptômes du bébé, comme la toux (rythme, fréquence, etc.). Puis il déshabille l'enfant en lui laissant sa couche et établit son diagnostic en fonction des critères respiratoires (fréquence des mouvements du thorax, auscultation pulmonaire, etc.). Il pourra ensuite évaluer comment l'enfant accepte la séance de kinésithérapie tout en rassurant rassure les parents sur le caractère non douloureux des séances, même si le bébé pleure.
Ces actes visent à augmenter le flux expiratoire. Le but est d'évacuer les sécrétions en les faisant remonter le plus haut possible dans l'arbre bronchique et de les faire sortir via la bouche grâce à la respiration de l'enfant. La pression exercée sur le thorax et l'abdomen en phase expiratoire permet d'amener les sécrétions dans la tranchée.
Souvent impressionnante pour les parents, ces pressions s'exercent sur la cage thoracique du bébé, qui, à cet âge, est plus souple. Une fois dans la trachée, les sécrétions sont évacuées dans la bouche grâce à un réflexe de toux provoqué par une pression. Enfin, il suffit d'empêcher l'enfant de les avaler en facilitant l'expectoration.
Existe-t-il des facteurs aggravants ?
Les bronchiolites peuvent être plus graves si :
- Les nourrissons ont moins de trois mois et plus encore moins de six semaines. A cet âge, les risques de détresse respiratoire et d'apnées sont plus importants ;
- L'enfant a des antécédents de prématurité ;
- L'enfant est atteint d'affections cardiaques (cardiopathie congénitale) et respiratoires (bronchodysplasies et mucoviscidose) ;
- L'enfant est atteint de déficits immunitaires ;
- Le tabagisme des parents, surtout celui de la mère, est associé à une incidence accrue de formes graves de bronchiolite.
Quand l'hospitalisation est-elle nécessaire ?
La décision d'hospitaliser constitue le plus souvent une simple mesure de précaution pour pouvoir bien surveiller l'enfant et, le cas échéant, assurer sans tarder les mesures d'assistance respiratoire (oxygénothérapie) ou de réhydratation nécessaire.
Selon la conférence de consensus de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes), l'hospitalisation s'impose en présence d'un des critères de gravité suivants2 :
- Altération importante de l'état général ;
- Survenue d'apnée, présence d'une cyanose ;
- Les enfants ayant une gêne respiratoire importante (fréquence respiratoire supérieure à 60 par minute) ;
- Age inférieur à 6 semaines ;
- Les prématurés nés avant 34 semaines d'aménorrhée et ayant un âge corrigé inférieur à trois mois (âge théorique si la naissance avait eu lieu à terme, c'est à dire à 40 semaines d'aménorrhée) ;
- Les enfants ayant une maladie cardiaque ou une affection pulmonaire chronique grave ;
- Les enfants ayant des signes de déshydratation ;
- Les enfants ayant des troubles digestifs ou des difficultés d'alimentation faisant redouter une déshydratation.
La bronchiolite peut également entraîner des pauses respiratoires chez le tout petit nourrisson de moins de six semaines. Dans ce cas, un risque exceptionnel mais réel de mort subite impose une surveillance respiratoire à l'hôpital.
Comment éviter la bronchiolite ?
Les meilleurs moyens de prévenir la contamination en période d'épidémie est d'éviter la contamination des nourrissons. Pour y arriver, respectez ces quelques règles d'hygiène :
- Lavez-vous les mains à l'eau et au savon, pendant au moins 30 secondes avant de manipuler un nourrisson ;
- N'embrassez pas les nourrissons sur le visage ;
- Ne sortez pas les nourrissons d'un ou deux mois dans des lieux trop fréquentés et trop confinés, comme les transports en commun ou les grandes surfaces ;
- Aérez régulièrement les appartements sans les surchauffer ;
- Désobstruez régulièrement les voies nasales du nourrisson en cas de rhume pour éviter que le virus ne s'étende vers les bronches ;
- N'échangez pas les tétines ou petites cuillères d'un bébé à l'autre ;
- Ne fumez pas en présence d'un enfant.
Attention : ces mesures ne suppriment pas le risque de contamination, mais elles le diminuent.