Trois millions de femmes ménopausées en France sont atteintes d'ostéoporose. Cette maladie est responsable chaque année de 130 000 fractures. Concernant principalement des personnes âgées, ces accidents sont particulièrement graves et handicapants. Découvrez grâce à quelques chiffres l'importance de cette "épidémie silencieuse".
Du fait de l'allongement de l'espérance de vie, l'ostéoporose devient un véritable problème de santé publique. Selon les experts, 40 % des femmes qui ont aujourd'hui 50 ans seront victimes durant leur vie d'une fracture liée à cette "maladie des os fragiles".
Une menace insidieuse
Contrairement à une idée fausse, l'ostéoporose est loin d'être une maladie anodine. Selon différentes études épidémiologiques, les experts estiment que l'ostéoporose touche 30 % des femmes de 50 ans et 50 % des femmes de plus de 60 ans.
Selon des études européennes et américaines 1,2, on peut estimer que, parmi la population française :
- Entre 2,1 et 2,4 millions de femmes présenteraient un fracture vertébrale qu'il serait possible de diagnostiquer grâce à un examen radiologique ;
- Le nombre annuel de fractures de l'extrémité du col du fémur est de l'ordre de 50 000. Ce chiffre passera à 100 000 en 2050.
Il y a 1 600 000 fractures de ce type par an, soit une fracture toutes les 20 secondes ! Dans le monde, 250 millions de personnes souffrent d'ostéoporose.
Les fractures ostéoporotiques se répartissent en 44 % de tassements vertébraux, 19 % de fractures du col du fémur, 19 % de fractures du poignet et 23 % au niveau des autres membres.
De l'importance du diagnostic et du dépistage
Depuis une dizaine d'années, la définition officielle de l'ostéoporose n'implique plus la survenue de fracture. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, c'est la densité minérale osseuse ou DMO qui permet de dépister les malades avant la survenue d'une fracture.
Cette DMO est déterminée par un examen de référence utilisant les rayons X : l'absorptiométrie biénergétique.
Malgré ces progrès diagnostiques, sur les 130 000 femmes victimes de fractures chaque année, seulement 20 % seront orientées vers un dépistage de l'ostéoporose. Les 80 % restant continueront à ignorer la véritable cause de cet accident.
Ces chiffres ont motivé l'appel du Groupe d'Information et de recherche sur l'ostéoporose (GRIO) qui vise à sensibiliser l'ensemble du grand public. "L'ostéoporose est liée à un excès de mortalité (qu'il s'agisse de fractures vertébrales ou du col fémoral) et une morbidité significative, une altération notable de la qualité de vie. Des études faites dans plusieurs pays européens montrent que, chez les femmes âgées, la mortalité après fracture du col fémoral et après accident cérébral est très comparable". déclare le Pr. Pierre Delmas, président de l'International Osteoporosis Foundation.
Selon le GRIO, les fractures s'accompagnent :
- D'une mortalité de 20 à 30 % dans l'année suivant l'accident ;
- D'une perte d'autonomie et d'un abandon du domicile dans 1 cas sur 2.
Une femme de 50 ans a un risque de décéder d'une fracture de hanche comparable à celui de mourir d'un cancer du sein, pour lequel il existe un dépistage de masse.
Des répercussions économiques élevées
Deux études, l'une suisse et l'autre anglaise ont démontré que la fracture du col du fémur est à l'origine d'une occupation des lits hospitaliers plus importante que celle due aux maladies pulmonaires chroniques, aux accidents vasculaires cérébraux, aux accidents ischémiques coronariens ou aux cancers du sein. En France en 1999, l'ostéoporose était responsable de 78 000 séjours hospitaliers.
Bien que la fracture du col du fémur ne puisse être uniquement attribuée à l'ostéoporose, ces chiffres plaident en faveur d'une stratégie préventive. Selon le GRIO, des études économiques 3 ont estimé que " des interventions thérapeutiques préventives présenteraient un ratio coût/efficacité acceptable, par rapport à celui d'autres interventions communément acceptées ". C'est ainsi que la France rembourse depuis 2006 l'ostéodensitométrie aux femmes à risque de fracture.