Les traitements de l'hypertrophie bénigne de la prostate
Avec l'âge, le volume de la prostate augmente naturellement et peut provoquer des troubles urinaires. Les symptômes de cette hypertrophie bénigne de la prostate sont souvent gênants, mais beaucoup d'hommes tardent à consulter. Pourtant, des traitements efficaces existent.
Quand la prostate grossit, on parle d'adénome, d'hypertrophie ou hyperplasie de la prostate. Cette augmentation naturelle du volume de la prostate touche deux tiers des hommes de plus de 50 ans. Lorsque le trouble est diagnostiqué par le médecin ou l'urologue, quatre voies thérapeutiques peuvent être proposées.
La simple surveillance
Lorsque le patient ne ressent pas de gêne dans sa vie quotidienne, l'urologue peut proposer une simple surveillance, une fois par an. La gêne est évaluée grâce à un questionnaire standardisé. C'est ce qu'on appelle également l'abstention thérapeutique. Cette voie est proposée quand la prostate n'est pas trop grosse et qu'elle n'empêche pas à la vessie de se vider correctement. En revanche, l'urologue peut donner quelques conseils comme éviter de boire après le dîner pour ne pas se lever plusieurs fois au cours de la nuit.
Les traitements médicamenteux
En France, 800 000 hommes prennent quotidiennement un médicament pour pallier les symptômes consécutifs à l'hypertrophie. Il existe aujourd'hui trois classes de médicaments qui peuvent être prescrits seuls ou en association. Trois familles de médicaments sont remboursées par la Sécurité Sociale :
- Les extraits de plantes dont l'efficacité est reconnue telles que le Serenoa repens ou palmier de Floride, ou encore Pygeum africanum ou prunier d'Afrique. Ces médicaments sont très bien tolérés et n'ont pas ou peu d'effets secondaires ;
- Les alpha-bloquants qui jouent sur le tonus musculaire et s'attaquent aux contractions responsables à 60 % de l'obstacle urinaire. Leur principal avantage est leur rapidité d'action. Ils peuvent entraîner des effets indésirables se caractérisant souvent par des sensations de vertige. Au niveau sexuel, les rares troubles observés sont une diminution de la quantité de sperme ;
- Les inhibiteurs de la 5 a-réductase dont l'action hormonale tend à faire dégonfler la glande. Ils permettent, chez un patient sur deux, une réduction de volume de 20 %. Mais, ce ne sont pas les plus efficaces, et ce ne sont pas des médicaments de première intention. Ils ont, de surcroît des effets secondaires au niveau de la sexualité.
Les combinaisons de médicaments ne semblent efficaces que chez 20 % de patients sujets aux aggravations. Ainsi, l'Association Française d'Urologie ne recommande de prescrire deux médicaments qu'en cas de risque accru, c'est-à-dire dans le cas d'un patient âgé, au PSA élevé et à la prostate particulièrement grosse, dont les symptômes sont nombreux. Une évaluation que l'on effectue souvent lors de la deuxième consultation.
La chirurgie : halte aux idées reçues !
Chaque année 72 000 patients sont opérés de la prostate en France. On distingue trois situations pour lesquelles l'opération est obligatoire : quand la vessie ne se vide plus totalement (résidu post-mictionnel), en cas de rétention aiguë d'urine (vessie complètement bloquée) ou quand les médicaments sont inefficaces. Quelles que soient les circonstances, cette opération a pour objectif de supprimer la gêne ressentie par le patient. Dans 90 % des cas, l'adénome est soigné avec succès. Deux techniques chirurgicales peuvent être proposées au patient en fonction de la taille de sa prostate :
- La résection transurétrale (RTUP) qui utilise les voies naturelles (ou endoscopiques) pour raboter la prostate. Cette technique concerne 90 % des patients. Elle est idéale pour les prostates de volume moyen ;
- L'incision (ou taille vésicale) qui consiste à retirer l'adénome auquel le chirurgien accède par une incision du bas ventre. Cette opération est indiquée quand la prostate est trop grosse pour être rabotée par les voies naturelles. Elle est aujourd'hui très bien maîtrisée, mais l'hospitalisation dure deux jours de plus que lorsque l'on pratique une résection.
Toutes les opérations durent maximum une heure, le patient peut subir une anesthésie générale ou locale. C'est l'anesthésiste qui décide avec le patient de la technique qui lui convient. Après l'opération, le seul effet secondaire est la modification de l'éjaculation qui devient rétrograde. Lors de l'éjaculation, le sperme part vers la vessie au lieu d'être extériorisé. Il est ensuite évacué lorsque le patient urine. Ceci ne signifie pas que le patient devient impuissant, le plaisir et les sensations restent les mêmes ! En revanche, si le patient souhaite encore avoir des enfants, il doit le signaler à son urologue afin de conserver du sperme en banque.
De nouvelles techniques chirurgicales
Depuis février 2006, la Haute autorité de santé (HAS) 1 recommande la diffusion d'une nouvelle technique : la thermothérapie par radiofréquence ou TUNA (Transuretral needle ablation). Cette méthode, intermédiaire entre les médicaments et la chirurgie, est indiquée pour les patients atteints d'hypertrophie bénigne de la prostate symptomatique et sans complication. Le nombre potentiel de patient est estimé par l'HAS à 100 000 par an. La méthode utilise des ondes qui chauffent la prostate à 100°C. Cette élévation de température entraîne une nécrose de l'adénome. Pour les patients qui ne répondent pas aux traitements médicamenteux et qui n'ont pas de complications, cette technique est avantageuse. En effet, contrairement aux méthodes chirurgicales, la radiofréquence ne provoque jamais d'éjaculation rétrograde et les effets secondaires sont très rares. Enfin, deux techniques utilisant un laser améliorent la prise en charge chirurgicale avec une hospitalisation beaucoup plus courte. Le patient entrant le matin, va pouvoir sortir le soir. Deuxième avantage de ces lasers, c'est de permettre d'opérer plus facilement, avec moins de risques, des patients qui sont sous anticoagulants, ou sous antiagrégants plaquettaire. Pour plus d'informations sur ces techniques, découvrez l'interview du Pr. Bertrand Lukacs, urologue à l'hôpital Tenon de Paris 2.