Tabac et grossesse : les méthodes de sevrage
Les méfaits du tabagisme maternel ne sont plus à démontrer ! Pourtant de nombreuses femmes enceintes et allaitantes continuent à fumer. Comment les aider à renoncer à la cigarette ? Quelles sont les méthodes de sevrage recommandées ?
Aujourd'hui en France, près de la moitié des jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans fument. Le plus souvent, elles arrêtent le tabac entre 25 et 34 ans. Selon une enquête menée en 2016 par Santé publique France, la prévalence de la consommation de tabac des femmes était estimé à 30% avant la grossesse et à 16,2% au 3ème trimestre.
Tabac et grossesse : attention, danger !
Le tabagisme maternel pendant la grossesse expose in utero le fœtus aux principaux composants du tabac qui passent la barrière placentaire. C'est un facteur avéré de nombreux risques :
- Des grossesses extra-utérines, le tabac serait responsable d'environ 35% d'entre elles ;
- Des avortements spontanés, le risque de fausse couche est trois fois plus élevé chez une femme qui fume ;
- Diverses anomalies du déroulement de la grossesse : prématurité plus ou moins importante, retard de croissance intra-utérin (RCIU), hématome rétro-placentaire (HRP), rupture prématurée des membranes (RPM), mort fœtale in utero, malformations...
Chez la femme enceinte, l'arrêt du tabac doit donc intervenir le plus tôt possible. Mais il n'est cependant jamais trop tard pour arrêter. Tout au long de la grossesse et pendant l'allaitement, le sevrage tabagique est immédiatement bénéfique pour l'enfant et sa maman.
Le tabagisme passif
L'exposition au tabagisme passif pendant la grossesse, que la femme soit non fumeuse ou ait arrêté de fumer du fait de la grossesse, devra être systématiquement recherché (en famille, au travail). Une exposition aux constituants de la fumée de tabac in utero, comporte des risques, et pour le fœtus et pour le déroulement de la grossesse.
Attention, deux ans après la naissance de l'enfant, le taux de tabagisme maternel remonte aux environs de 20,5 %. Pourtant, même après sa naissance, le nourrisson n'est pas à l'abri des dangers du tabagisme passif. Le tabac est un facteur de risque de la mort subite du nourrisson, il ne faut pas l'oublier !
Les méthodes de sevrage efficaces
Sur 100 femmes enceintes fumant lors de leur visite prénatale, 10 arrêtent de fumer sur simple conseil de leur médecin. Grâce au suivi plus intense d'un médecin tabacologue, 6 à 7 femmes supplémentaires cessent de fumer durant leur grossesse. Certaines méthodes se révèlent efficaces.
Les thérapies comportementales et cognitives
Pour arrêter de fumer, les thérapies cognitives et comportementales ont fait la preuve de leur efficacité. Ce sont des thérapies psychologiques qui aident les personnes à modifier un comportement ou un système de pensées. Concrètement, elles permettent d'apprendre des stratégies pour faire face à l'envie de fumer et de penser l'arrêt du tabagisme à long terme, dans la perspective d'une meilleure qualité de vie.
"En matière de sevrage tabagique chez la femme enceinte ou allaitante, on commence par conseiller une approche de ce type. Elle contribue à aider la femme à se défaire de ses habitudes de fumeuses : la cigarette après le repas ou celle qui accompagne le café, la cigarette détente ou celle qui aide à lutter contre le stress", explique le docteur Gérard Mathern, pneumologue et tabacologue.
Les substituts nicotiniques
Si les approches psychologiques et comportementales ne fonctionnent pas, le médecin peut orienter la femme vers les traitements de substitution nicotinique. Patchs, comprimés, gommes, inhaleurs… sont autorisés en France, pendant la grossesse, depuis octobre 1997. "Il n'y a aucune contre-indication à la substitution nicotinique pendant la grossesse !", témoigne le Dr Gérard Mathern. Leur utilisation doit néanmoins rester encadrée par un médecin pendant la grossesse et l'allaitement.
En fumant, on absorbe 4 000 substances nocives dont une centaine qui sont hautement toxiques pour le fœtus, comme le monoxyde de carbone (CO), le polonium 210 (radioactif), le cadmium ou les métaux lourds présents dans le tabac. "La substitution nicotinique permet d'apporter une seule substance, la nicotine, sous une forme non agressive, contre 4 000 en fumant! C'est donc un réel bénéfice pour la femme enceinte et son enfant à naître".
Et les médicaments ?
Le bupropion, plus connu sous son nom de commercial de Zyban ®, est déconseillé pendant la grossesse et l'allaitement. Les effets toxiques pour le fœtus ne sont pas encore connus mais les médecins s'accordent pour ne pas le prescrire. La varénicline (Champix ®) ne doit pas non plus être utilisé par la femme enceinte et allaitante. Des études sur l'animal ont montré des effets néfastes sur le fœtus ainsi que le passage du médicament dans le lait maternel. Le risque sur les humains n'est pas connu.
Avant d'envisager tout traitement, parlez-en à votre médecin.
Quand faut-il consulter ?
Il vaut mieux être suivi dans le cadre d'un sevrage tabagique en prévision d'une grossesse, à l'occasion ou au cours de celle-ci. Les professionnels de santé vont ainsi exposer les risques, donner leurs conseils, aider à la motivation, et soutenir la future maman tout au long de sa grossesse.
Par ailleurs, si l'arrêt du tabac provoque des symptômes de dépression ou d'anxiété, la femme enceinte ou allaitante doit "bénéficier d'un traitement psychologique et/ou pharmacologique adapté à son état".
Une bonne période pour arrêter de fumer définitivement
Vous avez tenu 9 mois, pourquoi ne pas en profiter pour prolonger cet arrêt définitivement ? L'accompagnement ne se limite pas nécessairement à la grossesse et la période d'allaitement. Vous pouvez continuer à être suivie par votre tabacologue, à utiliser les substituts si besoin. L'arrêt du tabac est certes primordial pendant la grossesse mais il est aussi très bénéfique à votre propre santé. Rappelons que le tabagisme est responsable de 73 000 décès chaque année en France.