Où en est la recherche pour lutter contre le tabagisme ?
Chaque année, le tabac est responsable de 73 000 décès en France. Diverses solutions pour arrêter de fumer ont déjà montré leur efficacité, mais la science ne cesse de vouloir développer de nouvelles thérapies et de nouvelles molécules. Où en est la recherche pour lutter contre le tabagisme ? Quelles sont les nouvelles solutions pour aider au sevrage tabagique ?
Les nouveaux composés pour le sevrage
À l'heure actuelle, le sevrage tabagique repose sur des médicaments tels que le Champix (varénicline) ou le Zyban (bupropion) et sur les substituts nicotiniques. Il existe en effet peu de nouvelles molécules pour aider à arrêter de fumer. La recherche pour lutter contre le tabagisme se concentre donc sur une optimisation de ces médicaments déjà existants.
À travers plusieurs études, des chercheurs ont par exemple tenté de trouver une meilleure utilisation des substituts nicotiniques : utilisation de dose fixe et élevée, combinaison de substituts nicotiniques de voies d'administration différentes, prétraitement avant la date d'arrêt, traitements surajoutés : substituts nicotiniques + bupropion/nortriptyline (antidépresseur), adaptation individuelle...
La recherche de nouvelles molécules n'est pas pour autant au point mort : des essais sont en cours concernant le tabac sans fumée, le topiramate, la naltrexone, la fluoxetine, les IMAO, de nouvelles formes de substitution nicotinique, la gabapentine, le millepertuis ou encore de nouvelles formes de la varénicline...
Le vaccin antinicotine
Les substituts nicotiniques et les médicaments tels que le Zyban ou le Champix ont fait leurs preuves dans l'aide au sevrage tabagique, mais il existe encore beaucoup d'échecs d'arrêt sur le long terme. Le principe du vaccin contre la nicotine serait une méthode efficace pour arrêter de fumer définitivement et pour éviter les rechutes. Son but est de neutraliser la nicotine dans le sang avant qu’elle n’arrive au cerveau. Plus concrètement, grâce à ce vaccin, l'acte de fumer ne satisfait plus le besoin de nicotine.
Depuis une dizaine d’années, la science tente de mettre au point un vaccin injectable qui permettrait de lutter efficacement contre la dépendance à la nicotine. Pourtant, aujourd'hui, aucun vaccin antinicotine n'est encore homologué pour l'usage dans aucun pays, leur tolérance étant encore remise en question (effets indésirables présents). Toutefois plusieurs laboratoires y travaillent et ont développé des vaccins qui sont encore en phase de test : les vaccins Ta-Nic, NicVax, Nic002 ou encore Niccine.
Protéger des méfaits
Si les substituts nicotiniques ou les médicaments sont d'une grande aide dans le sevrage tabagique, des chercheurs ont tenté de créer un spray qui protège directement l'organisme des méfaits du tabac et réduit les dommages infligés par la cigarette, notamment les dégâts pulmonaires. En effet, lorsqu'une personne fume, l'équilibre naturel entre ses protéases destructrices (sécrétées par les cellules inflammatoires en réaction à la fumée) et ses inhibiteurs, chargés d'empêcher la dégradation du tissu pulmonaire, se rompt. Les dégâts pulmonaires induits par les protéases destructrices s'installent.
Les travaux de nombreuses équipes de recherche visent à rétablir ce fragile équilibre, en développant les inhibiteurs de telles protéines. Une équipe californienne a ainsi testé un inhibiteur de MMP à large spectre : le GM6001, également appelé Ilomastat ou Galardin. Lors des modèles expérimentaux effectués sur des souris exposées à de fortes doses de fumée de cigarette, le produit a été donné sous forme inhalée, pour qu'il atteigne directement la cible visée, et à des concentrations jusqu'à 100 fois plus faibles afin de réduire les effets secondaires.2
Conclusion ? Le Galardin réduit les dégâts pulmonaires proportionnellement aux doses inhalées, et dans des proportions pouvant atteindre 96 % par rapport aux dégâts observés dans le groupe des souris non-traitées.
Les applications pour arrêter de fumer
Parmi les nouvelles solutions pour arrêter de fumer, on trouve les applications mobiles de sevrage tabagique. Grâce à leur smartphone, les fumeurs peuvent télécharger une des nombreuses applications qui peuvent les aider à passer le cap. Rien que pour l’arrêt du tabac, il existe plus d’une quarantaine d’applications mobiles. Diagnostic et coaching personnalisé, défis, conseils, envoi de messages... Chaque application dispose d'outils censés vous aider dans le sevrage tabagique.
Des chercheurs ont étudié les essais existants à ce sujet pour tenter de déterminer si les interventions de sevrage tabagique par téléphone mobile augmentaient le taux de sevrage parmi les fumeurs qui veulent arrêter de fumer. "Un effet bénéfique des interventions de sevrage tabagique par téléphone mobile sur les critères d’évaluation de l’abstinence à six mois", concluent-ils, en précisant que la plupart des études étaient des interventions par SMS dans des pays à revenus élevés, dotés de politiques bien conçues de lutte contre le tabagisme. "La prudence est donc de mise si l’on veut généraliser leurs résultats en dehors de ce type d’intervention et de contexte", ajoutent-ils.
Parmi les applications mobiles disponibles, on trouve Tabac Info Service lancée en janvier 2015, qui vient s’ajouter au numéro de téléphone 39 89 et au site internet Tabac Info Service, ou encore Stop-Tabac, développée par les experts de l’université de Genève, qui propose des conseils personnalisés. On peut citer entre autres Kwit, Arrêter de fumer assistant, Smoke Free, Quit Now, Resistabac, Get rich or die smoking, J'arrête de fumer ?, Zenfie...