Tabac, principal facteur de risque du cancer de la vessie
Cinq cancers sont directement causés par le tabagisme, parmi eux le cancer de la vessie, assez méconnu. Pourtant, il s'agit du cinquième cancer le plus fréquent en France, et le tabac en est le principal facteur de risque. Doctissimo fait le point.
Le cancer de la vessie est une tumeur maligne (qui peut se propager dans d'autres parties du corps) de la vessie qui prend naissance dans les cellules de la vessie. La vessie, qui fait partie de l’appareil urinaire, est un organe creux en forme de ballon dont la paroi musculaire est flexible et qui stocke l'urine. Lorsqu’un fumeur inhale la fumée du tabac, les produits chimiques sont filtrés dans leur urine, qui est stockée dans la vessie.
Le cancer de la vessie en chiffres
Plus de 10 000 personnes sont touchées par le cancer de la vessie chaque année en France, et environ 5000 personnes en décèdent. Ce cancer moins "connu" que d'autres est pourtant le cinquième le plus fréquent en France.
Les personnes les plus touchées sont majoritairement les hommes de plus de 60 ans. Une prévalence qui s'explique principalement par deux facteurs : d'une part le tabagisme et d'autre part les toxiques professionnels (goudrons, solvants, colorants…). Les femmes sont de plus en plus touchées également. L’âge moyen au diagnostic est de 70 ans, même si le cancer de la vessie touche aussi des personnes plus jeunes.
Le tabac principal facteur de risque du cancer de la vessie
Le tabac est le principal facteur de risque du cancer de la vessie, qu'il soit consommé sous forme de cigarette ou sous toute autre forme de combustion (cigare, pipe, chicha…). Plus une personne fume, plus elle a commencé jeune, et plus le risque d'avoir un cancer augmente.
En effet, les produits chimiques contenus dans la cigarette, une fois inhalés par le fumeur, se retrouvent dans le sang, puis sont filtrés par les reins d'où ils sont déversés dans les urines. Ils sont ensuite filtrés dans l'urine, est elle-même stockée dans la vessie. À long terme, ces produits chimiques peuvent endommager la paroi interne de la vessie et causer un cancer. Ils seraient donc responsables de la transformation des cellules de la vessie en cellules cancéreuses.
Les additifs ajoutés par l'industrie dans les cigarettes augmentent le risque de cancer de la vessie. De récentes études épidémiologiques confirment qu'entre 1994 et 1998, le risque d'un fumeur par rapport à un non-fumeur était estimé à 2,9. Aujourd'hui, il est de 5,5.
La prise en charge du cancer de la vessie
Le cancer de la vessie se manifeste le plus souvent par la coloration rouge des urines, qui indique la présence de sang. À un stade plus avancé, les symptômes sont douloureux : difficultés à uriner, brûlures, spasmes de la vessie, infections urinaires... Détecter la tumeur rapidement permet de guérir les tumeurs superficielles, car les tumeurs avancées sont de très mauvais pronostics. Ainsi, n'hésitez pas à consulter rapidement.
Le diagnostic
Le bilan comprend un :
- Un examen clinique ;
- Une cystoscopie ;
- Une échographie de l’appareil urinaire. Selon les besoins, d’autres examens (scanner du thorax, de l’abdomen et du pelvis) peuvent être nécessaires pour évaluer l’extension de la maladie. Ils ne sont pas systématiques ;
- Une cytologie urinaire (prélèvement d'échantillon d'urine) ;
- Si besoin, votre dépendance au tabac est évaluée afin de vous aider à arrêter.
Ces examens permettent de vous proposer un traitement adapté à votre situation, selon l’extension de la maladie (tumeur infiltrant ou non le muscle de la vessie, présence ou non de métastases), son degré d’agressivité (le grade), votre état général et les éventuelles contre-indications aux traitements.
Les traitements
La plupart des personnes atteintes d’un cancer de la vessie seront traitées par chirurgie. Le type de chirurgie pratiqué dépend du type de tumeur et du stade du cancer :
- La résection transurétrale (RTU) est le plus souvent pratiquée pour enlever une tumeur qui se trouve seulement dans le revêtement de la vessie et qui ne s’est pas développée dans la couche musculaire de la paroi de la vessie, soit un cancer de la vessie non invasif sur le plan musculaire. La RTU est également la première étape pour diagnostiquer et traiter une tumeur plus avancée ;
- La cystectomie partielle (ou segmentaire) permet d’enlever la tumeur et une partie de la vessie ;
- La cystectomie totale s'il s'agit d'un cancer infiltrant permet d'enlever la totalité de la vessie. Chez l'homme, une partie de la prostate, les vésicules séminales et la partie basse des uretères sont également retirées. Chez la femme, on associe également l'ablation de la paroi antérieure du vagin, l'utérus, le col, les trompes et les ovaires. Après l'ablation de la vessie, deux méthodes permettent d'évacuer les urines : dans une poche extérieure (intervention de Bricker) ou dans une nouvelle vessie construite à partir d'un segment de l'intestin grêle (entérocystoplastie). Pour certains cancers infiltrants mais de bon pronostic, il est possible de conserver la vessie, mais ce n'est pas le traitement standard.
- La radiothérapie et la chimiothérapie peuvent empêcher la survenue de métastases lorsque l'intervention chirurgicale n'est pas possible.
Le suivi
Le suivi après le traitement est une part importante des soins apportés aux personnes atteintes de cancer. Vous devrez avoir régulièrement des visites de suivi, en particulier au cours des trois premières années qui suivent le traitement. N'oubliez pas non plus les soins de support, qui peuvent être dispensés par plusieurs professionnels, et qui vous permettent de faire face aux conséquences de la maladie et de ses traitements (douleur, fatigue, troubles urinaires, dysfonction sexuelle, besoin de soutien psychologique...).
Prévenir le cancer de la vessie
Pour écarter au mieux les risques du cancer de la vessie, la meilleure solution reste évidemment l’arrêt du tabac, le plus tôt possible. N'oubliez pas qu'il est possible d'arrêter de fumer quel que soit votre âge car les bienfaits sur le corps se ressentent à tout âge. Il n'existe pas de dépistage systématique des cancers de la vessie. Pour certaines personnes à risque comme les fumeurs de plus de 50 ans ou les travailleurs de l'industrie chimique, un dépistage peut être proposé (simple analyse de l'urine).
Afin de prévenir les récidives, il est possible de recourir à l'immunothérapie. Des BCG (bacille Calmette-Guérin, utilisées dans la vaccination contre la tuberculose) ou de mitomycine C (médicament de chimiothérapie) sont instillées au patient à raison d'une fois par semaine pendant six semaines.