La vie après un traumatisme crânien - Témoignages
Chaque année, en France, 150 000 personnes sont victimes d'un traumatisme crânien. Parmi elles, 8 000 conservent des séquelles invalidantes et 1 800 demeurent dépendantes. Autant de vies changées mais pas forcément brisées. Témoignages des conséquences d'un traumatisme crânien.
Traumatismes crâniens : des atteintes diverses
Un traumatisme crânien survient à la suite d'un choc violent à la tête. Les atteintes persistant après un traumatisme crânien peuvent être :
- Physiques - paraplégies, hémiplégies, troubles de la vue, de l'odorat, de la sexualité... ;
- Mais surtout neuropsychologiques - affectant la mémoire, l'attention, la capacité à communiquer, une anxiété, agitation, impulsivité, manque d’inhibition ou manque de motivation, des symptômes dépressifs, des troubles du sommeil...
Dans tous les cas, elles modifient le comportement et la personnalité du blessé et son quotidien, ainsi que celui de ses proches. La rééducation a un place importante et peut améliorer les choses.
Les facteurs qui influencent le pronostic
L'évolution du patient après un traumatisme crânien dépend de plusieurs facteurs :
- Le délai et les conditions de prise en charge au moment du traumatisme ;
- L'expérience de l'équipe médicale, ainsi que leurs ressources matérielles et humaines ;
- La gravité de l'atteinte neurologique (l'importance d'un saignement n'est pas toujours proportionnelle à l'importance des lésions) ;
- Les particularités du patients (âge, antécédents, traitements en cours...) ;
- La présence d'un autre traumatisme important (par exemple à la suite d'un accident de voiture, le crâne n'est pas forcément la zone ayant subi un choc)...
Les conséquences d'un traumatisme crânien
Le traumatisme crânien (TC) surgit sans prévenir, au détour d'un accident de voiture, d'un accident au travail ou à la maison. Ces chocs provoquent une perte de connaissance ou un coma, dont la profondeur et la durée influent sur la gravité des séquelles qui résultent des lésions cérébrales. Les atteintes physiques peuvent être majeures mais l'essentiel du handicap causé par les TC est invisible : ce sont les séquelles d'ordre neuropsychologiques.
Ces troubles modifient la personnalité et le comportement de celui qui a subi un traumatisme. Le Doctinaute bben92 en témoigne : "Je n'ai plus la même vie qu'avant mon accident".
Il évoque les séquelles : "nausées, maux de tête, vertiges, impuissance, perte d'équilibre, défaillance de la mémoire...", la difficulté à travailler : "de forts maux de tête surviennent durant mes heures de travail, je m'absente souvent parce que je passe des journées au lit car je n'ai pas la force de me lever, la douleur ne m'en laissant pas la possibilité, je n'ai plus autant de force et de vitalité qu'avant, le moindre effort me fatigue. Je ne peux plus dormir sans prendre un antidépresseur".
La vie a continué malgré tout pour lui : "Entre-temps, je me suis marié". Et bben92 espère toujours aller mieux.
Zoom sur le syndrome post-commotionnel
Ce syndrome est fréquent pendant la semaine qui suit le choc en cas de traumatisme crânien léger. Les symptômes se résolvent souvent au cours de la deuxième semaine. Dans certains cas, ils vont persister pendant des mois, voire, plus rarement, des années.
Il se caractérise essentiellement par des nausées, sensations de vertige, troubles du sommeil, fatigue, difficultés cognitives et émotionnelles.
Un parcours difficile pour les proches
La famille du blessé doit aussi s'adapter à sa nouvelle personnalité. Aurelie14 nous raconte son désarroi : "Mon père, un an après un traumatisme crânien et rachidien, est dépressif, il a des troubles de la mémoire récente, il fait toujours des confusions et me confond parfois avec ma tante, mais le plus dur, c'est qu'il a complètement changé. Il interprète mal les choses, il a des tendances à l'agressivité, il est jaloux et persécute ma mère qui s'occupe de lui, il parle sans arrêt avec un débit rapide et ne se rend pas compte qu'il peut fatiguer ou vexer les gens".
Les proches doivent assister, stimuler encourager. Un défi parfois difficile à tenir sur la durée. Mais, au-delà de l'aide qu'il est possible d'obtenir via les associations par exemple, il ne faut pas perdre de vue que l'évolution peut être lente. C'est ce que confirme macleod 57000 : "Le meilleur allié, c'est le temps. Il faut quelques années pour se remettre, c'est long pour les proches. Et il faut ainsi que la personne touchée et ses proches admettent que ce n'est plus la même personne. Pas mieux ni pire ! Simplement différente".
L'espoir de la rééducation
La rééducation est primordiale. "Plusieurs études ont montré qu'il est possible de procéder à une rééducation des troubles cognitifs (comme les troubles de la mémoire ou de l'attention notamment), comme on le ferait avec des troubles moteurs. Les principaux troubles ne concernent pas la mémoire immédiate mais plutôt la capacité à réaliser des tâches plus complexes (par exemple, faire deux choses à la fois)", explique le Pr. Philippe Azouvi du service de rééducation neurologique de l'hôpital Raymond Poincaré.
Son expérience a montré qu'après un traumatisme crânien, une rééducation appropriée, basée sur les troubles propres à chaque patient, permet d'améliorer leurs performances cognitives.
D'ailleurs, Flobby nous livre un message d'espoir : "Aujourd'hui, je vais mieux. Par contre je vois la vie différemment. Ma vie a changé irrémédiablement. Cet accident m'a ouvert les yeux sur mon entourage, sur mes amis, ceux qui je croyais être mes amis et que j'aimais et qui se sont révélés sans scrupules. Je n'ai plus envie de me battre contre des trucs futiles comme avant mais préfère réserver mon énergie pour des belles choses".