Le zona ophtalmique : causes, symptômes et traitement

Validation médicale : 11 septembre 2024

Dr Gérald Kierzek Directeur médical

Le zona ophtalmique touche entre 1 à 4 % de la population française et augmente avec l'âge. Très douloureuse, cette infection virale doit être prise en charge rapidement sous peine de complications oculaires.

Définition

Le zona correspond à une réactivation du virus de la varicelle - le VZV pour Varicella Zoster Virus. Celle-ci intervient à la faveur d'une baisse des défenses immunitaires. Le virus se fixe dans les ganglions nerveux de l'organisme, au niveau du rachis, du thorax ou des ganglions crâniens. Puis un jour, il migre et va coloniser le territoire cutané, entraînant une éruption cutanée.

Il va ensuite se manifester :

• Soit au niveau du thorax (on parle de zona intercostal) ;
• Soit au niveau d'un côté du visage, à travers le nerf optique par exemple: c'est le zona ophtalmique.

Incidence du zona ophtalmique

Chaque année en France, on recense entre 20 000 et 40 000 nouveaux cas de zona ophtalmique. "La forme ophtalmique du zona représente 20 % de tous les zonas", souligne le Dr Marc Timsit, médecin ophtalmologiste à Paris. 

Les causes

Les facteurs qui provoquent l’apparition du zona sur le visage sont essentiellement :

• L’âge : plus on vieillit, plus on a de probabilités de faire un zona. Et les personnes atteintes de zona ophtalmique sont en moyenne plus âgées que celles atteintes d’un zona classique.
• Une période de stress ou de grande fatigue.
• Un état immunodéprimé : cancer, sida, maladie infectieuse…

Les symptômes

Les symptômes du zona apparaissent en plusieurs phases : 

• Tout d’abord apparaissent des maux de tête violents et lancinants situés au niveau du front, de l’œil, de l'aile du nez et de la partie supérieure de la joue (tout un territoire innervé par la branche du nerf trijumeau). Bien souvent, une fièvre et une sensation de malaise complètent le tableau symptomatique.  ;
• Quelques jours plus tard, une éruption du zona ophtalmique apparaît sur différentes zones du visage selon les branches des nerfs atteintes : la moitié du front, le côté du visage, les paupières, l'œil ou le nez. Cette éruption se manifeste par des petites vésicules remplies de liquides qui se transforment en croûtes au bout d'une dizaine de jours environ. La personne ressent alors des sensations de picotements et de brûlures plus ou moins douloureuses. Les symptômes disparaissent après 15 jours environ.

Des complications au niveau de l'œil sont fréquentes : 

• Conjonctivite ; 
• Kératite pouvant causer des dommages à la cornée ;
• Paralysie des mouvements oculaires ;
• Voire perte de la vision.

Les autres formes de zona ophtalmique

Il existe d'autres formes de zonas ophtalmiques. Parmi elles, on compte :

• La conjonctivite zostérienne, qui donne un œil modérément rouge, peu douloureux avec des démangeaisons, et un œil collé le matin au réveil. Cette conjonctivite ne touche qu’un seul œil.
• L’épisclérite zostérienne, qui crée une rougeur localisée de l’œil avec une douleur modérée et une gêne au mouvement des yeux.
• La kératite zostérienne profonde est typique du zona ophtalmique. Elle est très souvent associée à une uvéite antérieure, donnant un œil rouge, avec une douleur et une photophobie plus intense que celle de la kératite superficielle. La baisse d’acuité visuelle est constante, et peut persister après la guérison en cas de cicatrice cornéenne.
• L’uvéite zoostérienne antérieure peut être isolée. Elle est l’atteinte oculaire la plus fréquente dans le zona ophtalmique et donne les mêmes symptômes que la kerato-uvéite.
• L’uvéite zostérienne postérieure, plus rare, est la forme la plus grave. Elle peut aboutir à une perte de la vision par nécrose totale de la rétine. Les patients atteints se plaignent de corps flottants, de photophobie et de baisse d’acuité visuelle unilatérale. L’œil peut être rouge et douloureux, mais pas forcément.
• Les manifestations neurologiques causées par le zona ophtalmique sont une paralysie oculomotrice provoquant une diplopie (vision double). Des douleurs chroniques du front et de la tête qui peuvent durer pendant plusieurs mois, même après la guérison de l’œil et de la peau : on parle de douleurs post-zostériennes.

Le diagnostic

Le diagnostic de zona ophtalmique est posé par le médecin traitant ou un ophtalmologue. Il est assez évident, notamment lorsque les symptômes oculaires surviennent avec une atteinte cutanée. Toutefois, un zona ophtalmique doit toujours être pris comme une urgence, car plus il sera traité rapidement et moins le risque de complication surviendra. N'attendez pas pour consulter un médecin, dès l'apparition des premiers symptômes.

Les traitements actuels

A l'heure actuelle, seuls les médicaments antiviraux comme l'Aciclovir ou le Valaciclovir (commercialisés sous le nom de Zovirax et Zelitrex) permettent de traiter cette maladie.

Dans certains cas, une pommade ophtalmique peut compléter l'ordonnance. "En principe, ces médicaments sont prescrits pour une durée de 7 à 10 jours, mais chez les personnes âgées, on peut poursuivre le traitement pendant une quinzaine de jours", précise le Dr Timsit.

Si le traitement n'est pas mis en place assez rapidement, des complications oculaires peuvent survenir. "Cela arrive dans 50 % des cas", précise le Dr Marc Timsit.

A noter : si vous pensez avoir un zona localisé au niveau de l'œil, ne mettez pas de collyre contenant un corticoïde qui aggraverait les lésion oculaires. Demandez conseil à votre médecin traitant ou à votre ophtalmologue.

Les complications éventuelles

Oeil rouge et larmoyant, conjonctivite, kératite, épisclérite (inflammation de l'épisclère située dans le blanc de l'œil) font partie des complications oculaires du zona.

Celles-ci peuvent être potentiellement graves lorsqu'elles concernent la cornée : une perte de sensibilité peut notamment être observée. "Lorsque le virus pénètre dans le globe oculaire, on peut observer une kérato-uvéite, c'est-à-dire une inflammation des structures profondes de l'œil. Celle-ci peut se traduire par une augmentation de la tension oculaire et un glaucome secondaire pouvant entraîner une diminution du champ visuel, souvent irréversible. Heureusement, ce phénomène reste rare", explique le Dr Stéphane Arnavielle.

Dans d'autres cas également peu fréquents, le virus va toucher la rétine. "Cela peut aller jusqu'à la paralysie, voire la perte de l'œil", ajoute le Dr Marc Timsit. Une atteinte des nerfs oculaires peut également se manifester par une vision double ou une paralysie du regard.

D'où l'importance de mettre en place rapidement le traitement antiviral pour diminuer le risque de survenue d'atteintes oculaires. Dans tous les cas, un examen complet chez un médecin ophtalmologiste s'impose. Une pommade ophtalmique ou un collyre peuvent être prescrits de manière préventive pendant une semaine. Lorsque l'atteinte oculaire est manifeste, les médecins ont alors recours à des traitements locaux. "On peut utiliser une éponge pour débrider un ulcère de la cornée, par exemple", explique le Dr Marc Timsit. Lubrifiants, collyres, antibiotiques, gels ophtalmiques seront prescrits par les ophtalmologistes. Dans certains cas, comme certaines formes de kératites, par exemple, un traitement à base de cortisone par voie générale pendant quelques semaines peut s'avérer nécessaire.

Les douleurs post-zona 

Même après la disparition des vésicules cutanées, les douleurs liées au zona (névralgies post-zostériennes) peuvent persister pendant des semaines, des mois, voire plusieurs années. "Certaines personnes peuvent aller jusqu'à se suicider tellement ces douleurs leur sont intolérables", indique le Dr Marc Timsit. "Certains patients peuvent garder une sensation de peau cartonnée ou insensible pendant longtemps", ajoute le Dr Stéphane Arnavielle.

La prise en charge des douleurs repose, quant à elle, sur plusieurs voies de traitement :

• les antalgiques : du paracétamol seul ou plus souvent associé à la codéine ;
• les antidépresseurs tricycliques ;
• les antiépileptiques ;
• les gels locaux à base d'anesthésiques ;
• le recours à la capsaïcine (alcaloïde) pour soulager les paresthésies superficielles.

Cependant, la capsaïcine ne doit pas être appliquée à proximité des yeux ; son indication concerne donc les autres localisations de zona. En cas de douleurs très importantes, une prescription de morphine, peut être également envisagée.

La prévention du zona ophtalmique

La vaccination contre le zona est recommandée chez les adultes âgés de 65 et plus  (qu'ils aient déjà eu la varicelle ou non). En effet la vaccination, permet de diminuer le risque de zona et surtout le risque de douleurs à type de névralgies post-zostériennes.

La vaccination contre le zona est recommandée pour les personnes âgées de 65 ans et plus, y compris chez celles ayant déjà présenté un ou plusieurs épisodes de zona.