Autrefois pratiquée dans plus de 60 % des accouchements de façon systématique, l'épisiotomie est aujourd'hui pratiquée dans environ 26 % des cas. Ce chiffre correspond aux dernières recommandations émises le CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français), mais reste supérieur au taux d’épisiotomies dans d’autres pays et aux recommandations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Le changement de pratiques, avec des indications plus ciblées, ont contribué à cette évolution dans notre pays.
L'utilité de l'épisiotomie revue à la baisse
L'épisiotomie, toutes les futures mamans connaissent. Cette incision du périnée est effectuée lors de l'accouchement pour prévenir, en principe, une déchirure, source de complications parfois très graves. Mais sa pratique systématique est remise en cause (lire notre article Pour ou contre l'épisiotomie).
Dès 2005, le CNGOF précisait qu’il n’existait pas de preuve solide pour affirmer que l’épisiotomie prévient les déchirures périnéales sévères ou l’incontinence urinaire d’effort. Les experts recommandaient donc de baisser le taux d’épisiotomies à moins de 30 % : c’est maintenant chose faite, même si ce pourcentage reste supérieur à celui d’autres pays européens et aux recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé qui préconise de ne pas dépasser le 20 % d’épisiotomies pour les accouchements par voie basse.
Episiotomie : des effets secondaires pouvant être importants
Les experts reconnaissent que ce geste, comme toute intervention chirurgicale, peut avoir des effets secondaires. Ainsi, les douleurs sont plus intenses dans les jours qui suivent l'accouchement après une épisiotomie. Les douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunies) sont également plus importantes.
Certes, les douleurs disparaissent en quelques semaines ou mois. Il semble également y avoir plus de pertes sanguines et parfois des complications graves (très rares).
Evaluer au cas par cas si l'épisiotomie est vraiment indispensable
Comment cette diminution a été possible ? Car les experts du CGNOF ont remis en cause toutes les indications de l'épisiotomie. En effet, on a toujours enseigné aux sages-femmes et aux gynécologues que l'épisiotomie était indispensable dans les cas suivants :
- Premier accouchement ;
- Pour les gros bébés ;
- En cas d'utilisation de forceps, beaucoup moins si une ventouse est utilisée ;
- En cas de péridurale, car la mère peut moins pousser ;
- En cas de souffrance foetale, pour accélérer l'accouchement.
Or comme le souligne le groupe d'expert, plus aucune de ces indications n'est valable aujourd'hui de façon systématique ! La nouvelle recommandation demande aux médecins et sage femmes, de juger au cas par cas, au moment de l'accouchement, si l'épisiotomie est indispensable pour prévenir une déchirure grave.
Peut-on prévenir le recours à l’épisiotomie ?
A la question : peut-on faire quelque chose pour éviter une épisiotomie ? La réponse n’est pas tranchée. Certaines sages-femmes conseillent d’essayer la physiothérapie obstétricale (exercices du plancher pelvien) comme un bon moyen, en débutant la gymnastique prénatale à partir de la 32ème semaine de gestation.
Un autre moyen préconisé est d’effectuer des massages du périnée avec les doigts, en utilisant une huile végétale. Ces mesures aideraient à détendre la zone périnéale et donc à réduire les chances de subir une épisiotomie. Mais sur ce point il n’y a pas pour l’heure de consensus ni validation scientifique.
L'épisiotomie en pratique
Si l'épisiotomie s'avère malgré tout nécessaire, il faut souligner que les pratiques ont évolué et que les nouvelles recommandations précisent cette prise en charge. Aujourd'hui, l'incision doit être inclinée latéralement à 45° (épisiotomie mediolatérale par opposition aux épisiotomies médianes, qui sont sources de plus de complications). Et pour recoudre ensuite, il n'est plus question de le faire sans anesthésie ! Aujourd'hui, une anesthésie locale est préconisée. Inutile d'occasionner des souffrances inutiles.
Dans tous les cas, parler de vos inquiétudes avec votre médecin et la sage-femme. N'hésitez pas à leur poser toutes les questions qui vous passent par la tête, pour arriver le jour J totalement sereine !