Que dire à mon ado qui veut inviter son amoureux.se à dormir à la maison ?
Un ado de 14 ans qui voudrait inviter son amoureux·se à la maison n’aura pas les mêmes consignes imposées par ses parents que celui qui en a 17. Comment réagir en tant que parents ? Que faut-il autoriser ou interdire ? On fait le point.
À l’adolescence, le jeune fait face à des bouleversements physiques et des émotions extrêmes. Il s’émancipe peu à peu, prend position et peut vivre un chamboulement intense au niveau de son identité et de son idéal. C’est aussi une période de la vie durant laquelle peuvent apparaître les débuts des flirts avec son lot d’histoires d’amour, de passion et de déception. Et l’ado, épris de son ou sa partenaire, peut vous poser la question fatidique : “est-ce que je peux l'inviter à dormir à la maison ?” Faut-il l'autoriser ? On fait le point avec Pascale Roux, psychologue et coach ados et adultes.
Une décision en fonction de l’âge et de la maturité de l’ado
“Le problème avec le mot ‘ado’, c’est que cela concerne les jeunes de 12 à 18 ans. Or, selon les âges, on n'accepte pas la même chose” estime Pascale Roux.
“À partir de 14 ans, on peut accueillir le ou la chéri.e, la journée, après les cours ou pour dîner. Ils peuvent passer du temps dans la chambre porte ouverte, mais cela doit rester dans un contexte de journée” recommande la spécialiste. “Cela est bien suffisant”.
“À 16 ans, il y a une forme de maturité qui s’installe. On peut entrouvrir un cadre qui dépend de la conviction parentale, car cela pose la question de la sexualité” précise-t-elle. “Certains sont pour, ils le préconisent parce qu’ils estiment que si leur enfant a des relations sexuelles, il vaut mieux que ce soit dans un lieu sécurisé sous leur toit. Cela permet de garder un œil et de donner des conditions sécurisées”, indique la spécialiste. “D’autres parents sont contre et estiment que l’ado n’est pas encore un adulte, donc la sexualité n’est pas officialisée”.
“Lorsque l’ado a 18 ans, il s’agit plutôt de voir si les parents sont à l’aise avec le ou la chéri.e. C’est une histoire de contexte de vie”, précise Pascale Roux.
La spécialiste des adolescents suggère aussi aux parents de prendre du recul et de regarder la relation que leur enfant entretient avec son ou sa partenaire. “On peut se demander : le.a chéri.e est-il.elle là depuis deux semaines ou cela fait longtemps ? Est ce qu’il y a un vrai engagement dans la relation, est-ce que quelque chose s’installe dans le temps ?” questionne l’experte. “Un parent peut dire qu’il attend de voir si la relation tient dans la durée et qu’il reviendra peut-être sur sa décision dans six mois. Il ne faut pas oublier que l’ado n’a pas la même notion du temps, qu’une relation longue pour lui, cela peut être deux mois”.
Faut-il en parler aux parents de l’ami.e ?
“Si l’ado a aux alentours de 17, 18 ans, on peut lui demander si ses parents sont d’accord pour qu’il ou elle vienne dormir au domicile” estime la coach spécialisée. “Surtout si c’est une relation qui tient sur la distance. Après, si le ou la partenaire à 15, 16 ans, on peut envoyer un petit message aux parents pour être sûr qu’ils soient ok. Cela permet d'éviter la triangulation, il vaut mieux que tout le monde soit au courant”.
Les sensibiliser à la sexualité
La spécialiste rappelle que la pensée n’est pas complètement mature à ces âges où tout change. “Les ados ont de la peine à veiller à leur propre sécurité. Une relation sexuelle précoce peut être traumatisante” avertit-elle.
Même si en France l'âge médian pour un premier rapport sexuel est de 17 ans, la sensibilisation dès l’enfance est possible. “En fonction de son âge, on peut commencer à lui parler de la sexualité, de la contraception et des maladies liées, le tout avec humour, pas besoin que ce soit sacralisé. On peut lui offrir des ouvrages dédramatisants sur le sujet et qui commencent à donner des informations” suggère Pascale Roux. “Si l’on sent qu’il y a le début des relations amoureuses, il faut avoir des discussions, en voiture par exemple. Personne ne sera interrompu, l’adolescent ne peut pas prendre la fuite. Et on n’est pas face-à-face mais côte à côte. Ce positionnement physique est important car il n’évoque pas la confrontation, au contraire : il donne l’impression d’aller dans la même direction”, suggère la spécialiste.
Une histoire d’amour à ne pas prendre à la légère
Comment se comporter face à l’histoire d’amour que vit passionnément notre ado ? Pour la spécialiste, il faut accueillir le ou la chéri.e. “C’est un sujet très délicat, parce qu’il est probable que la personne que votre enfant va vous présenter ne sera pas celle qu’il va épouser. Mais si votre ado est amoureux, il va se comporter comme si c’était la personne de sa vie”, révèle la psy. “Au fond, il faut le prendre au sérieux, autrement, c’est un manque de respect”. Attention aussi aux parents qui prennent l’amoureux·se sous leur aile. Il vaut mieux laisser à son ado la liberté de mouvement, qu’il ne se sente pas obligé de rester en couple pour le plaisir de sa propre famille.