Chaque année, la Journée nationale de l'audition permet de sensibiliser et d'informer le public sur les risques liés à l'audition, les mesures de prévention et les solutions. Pour en savoir plus, nous avons interrogé Jérôme Goust, Président de la manifestation.
Doctissimo : Quels sont les principaux objectifs de la Journée nationale de l'audition ?
Jérôme Goust : En France, on compte 5 à 7 millions de personnes concernées par des problèmes d'audition, si l'on inclut celles souffrant d'acouphènes (sifflements d'oreille ou bourdonnements) ou d'hyperacousie (perception exagérée des sons). Malgré ces chiffres, les autorités sanitaires restent discrètes sur ce problème de santé publique. La Journée nationale de l'audition se donne ainsi des objectifs précis : informer et sensibiliser le public sur les risques liés à l'audition, les mesures de prévention et les solutions. Ces missions sont d'autant plus importantes que le fatalisme n'est plus de rigueur. Des solutions existent et il faut réagir !
On parle beaucoup du danger des excès de décibels. Quelles sont les actions de prévention prévues sur ce problème précis ?
Ce problème n'est pas oublié. Une campagne à part entière concerne les dangers de la musique amplifiée vers les jeunes exposés à des bruits ou accros de musique amplifiée. La mini-bande dessinée distribuée l'an passé sera de nouveau envoyée dans les centres d'informations jeunesse et à nos partenaires des mutuelles étudiantes.
De plus, la Caisse nationale d'assurance maladie réalise cette année une brochure d'information à destination des adolescents et des jeunes adultes. Elle sera distribuée dans le milieu étudiant mais également dans les différentes CNAM. Les responsables sanitaires restent discrets sur ce problème, ainsi on peut noter que le rapport sur la santé des jeunes de Xavier Pommereau remis aux Ministres ne mentionnent jamais les problèmes d'audition…
On sait que trop peu de personnes bénéficient encore de dispositifs auditifs. Quelles en sont les principales raisons ?
De précédentes enquêtes ont permis de souligner deux principaux problèmes : un obstacle psychologique et un obstacle financier. Le prix d'un appareillage complet varie de 1 500 euros (pour une surdité légère) à 4 600 euros (pour un appareillage numérique). Sur cette somme, la Sécurité Sociale rembourse environ 130 euros… et l'apport d'une "bonne" mutuelle ne dépasse pas 650 euros. On reste loin du compte…
Pour les autres appareillages (dispositifs spéciaux pour le téléphone, etc.), aucun financement n'est prévu. Mais ce n'est pas la seule solution, ainsi nous soulignons cette année l'importance de la lecture labiale conduite par un orthophoniste. A titre personnel, on m'a dit pendant trente ans que je n'étais pas "assez sourd" pour commencer la lecture labiale… Résultat : je ne l'ai commencé que depuis sept mois. Elle devrait idéalement être conseillée dès la mise en place des prothèses, pour compléter l'apport auditif.
Quand l'audition baisse au travail. Comment réagir et à qui s'adresser ?
On distingue deux cas. Il s'agit :
- D'une maladie professionnelle ;
- D'une maladie sans lien légal avec la survenue de la surdité.
Il n'y a pas que les professions identifiées à risque, qui présentent un danger pour l'audition. Ainsi, de nombreux métiers présentent un environnement sonore provoquant des fatigues auditives et un vieillissement accéléré de la fonction auditive.
Le médecin du travail et les services sociaux peuvent aider les personnes à faire face à la baisse d'audition et à conserver une activité professionnelle. Pour bénéficier des aides, toute personne rencontrant des problèmes de communication dans son travail du fait de son audition doit demander le statut de travailleur handicapé. C'est cette reconnaissance T.H. qui permet d'obtenir le financement des matériels (aides auditives, aides techniques) et l'aménagement du poste de travail. Cette démarche de demande de statut de T.H. doit être faite auprès de la COTOREP du département.
Ensuite, les structures Cap Emploi vous conseille pour constituer les dossiers d'accompagnement.