Urines troubles : définition, causes et traitements
L'urine est normalement claire et jaune pâle. Si elle apparaît trouble, ce peut être le signe d'une infection à traiter rapidement. Cette coloration peut également apparaître si des cristaux de phosphates sont présents en grande quantité du fait d'un régime alimentaire riche en phosphates. Dans ce cas, il n'y a aucun caractère de gravité. C'est dire s'il est important de faire la différence !
Quand parle-t-on d'urines troubles ?
Des urines troubles sont un symptôme et non une maladie. Elles ne traduisent d'ailleurs pas forcément un problème nécessitant un traitement.
Urines troubles et alimentation
Chez les personnes ayant une alimentation riche en phosphates (fromages fondus, saucisses, charcuteries, etc.), les urines peuvent sembler troubles. Dans ce cas, l'adjonction de quelques gouttes d'acide acétique dans le bocal de recueil des urines permet de les éclaircir et de faire le diagnostic.
Infection urinaire basse
En cas d'infection urinaire basse, aussi appelée cystite, les urines peuvent également être troubles, mais d'autres symptômes liés à l'infection donnent l'alerte et si un test à la bandelette urinaire est réalisé, il retrouve un taux anormalement élevé de globules blancs et de nitrites.
Infection urinaire haute
En cas d'infection urinaire haute, ou pyélonéphrite, les symptômes liés à l’infection du rein sont :
- La fièvre ;
- Les frissons ;
- La douleur lombaire qui peut aussi irradier vers le pubis ou les organes génitaux.
Facteurs de risque
La fréquence des cystites chez la petite fille et la femme est très élevée, au point que rares sont celles qui n'en ont jamais au cours de leur vie.
Le conduit urinaire permettant de vider la vessie (urètre) ne mesure pas plus de quatre centimètres chez la femme, contre une vingtaine chez l'homme. Germes intestinaux et génitaux ont donc vite fait de remonter l'urètre féminin jusqu'à la vessie, où ils provoquent une inflammation ou cystite.
Être diabétique est également un facteur de risque car les germes prolifèrent davantage dans des urines sucrées.
Symptômes des urines troubles
Seules les urines troubles en rapport avec une infection urinaire peuvent s'accompagner d'autres signes, comme une envie fréquente d'uriner quelques gouttes (pollakiurie) et/ou des brûlures lors des mictions.
La pollakiurie et les brûlures mictionnelles peuvent manquer, en particulier chez la femme enceinte et chez les personnes âgées. Dans ce cas, le risque est grand de passer à côté de l'infection. C'est d'ailleurs pourquoi les femmes enceintes bénéficient d'une surveillance régulière de leurs urines.
Diagnostic
L'examen cytobactériologique des urines (ECBU) est l'examen clé. Il n'est cependant pas demandé en cas de cystite banale, car la bactérie le plus fréquemment retrouvée est une Escherichia coli en provenance de l'intestin.
Qui consulter ?
Le médecin traitant est tout à fait apte à gérer un problème d'urines troubles et à faire la différence entre des urines trop riches en phosphates et des urines infectées.
Toutefois, vous devez rapidement le voir ou vous rendre aux urgences de l'hôpital, chaque fois que des signes de complications sont présents :
- Apparition d'une fièvre, même modérée (supérieure à 38°) ;
- Présence de sang dans les urines (en dehors des périodes de règles) ;
- Et douleur localisée au bas du dos.
En effet, ces symptômes peuvent annoncer une pyélonéphrite , c'est-à-dire une infection d'un rein.
En quoi consiste le bilan ?
Au cabinet du médecin, le test à la bandelette urinaire permet de vérifier qu'il s'agit bien d'une infection. Mais pour connaître le germe en cause, ce qui est notamment important chez la femme enceinte ou en cas de cystite rebelle, il prescrit un examen cytobactériologique des urines (ECBU) avec antibiogramme. La liste des antibiotiques efficaces contre le ou les germes en cause sera ainsi connue.
Les principaux traitements des urines troubles
Il faut boire beaucoup en attendant de voir le médecin, afin de diluer au maximum les urines et les évacuer souvent : c'est un moyen simple et mécanique d'éliminer un maximum de germes.
En l'absence de facteur de risque, le médecin prescrit un antibiotique "minute" ainsi appelé parce qu'il repose sur la prise en une seule fois d'un antibiotique qui va agir pendant 72 H. Sinon, il prescrit des antibiotiques pour une durée plus longue, quitte à ajuster sa prescription en fonction des résultats de l'ECBU et de l'antibiogramme, lorsque les résultats du laboratoire reviennent.
En cas d'infection parenchymateuse rénale ou prostatique, un traitement par antibiothérapie de longue durée (environ 21 jours) sera prescrit.
Les médecines naturelles ont-elles leur place en complément du traitement ?
En acidifiant les urines et donc en rendant ce milieu peu propice au développement des germes, plusieurs plantes s'avèrent très utiles pour prévenir les récidives d'infections urinaires.
Efficacité probable : les plantes à fruits rouges comme la canneberge (en jus de fruit frais, en gélules ou en comprimés) ont montré qu'elles réduisaient la fréquence des cystites chez les femmes faisant de fréquentes récidives.
En usage traditionnel, la busserole (une autre plante à fruits rouges) est également préconisée en cas de cystite, pour ses vertus désinfectantes (d'après "Phytothérapie, la santé par les plantes", Sélection du Reader's Digest, éd. Vidal).
Prévention
Il faut tout faire pour empêcher des germes de l'intestin, de remonter jusqu'à la vessie et d'y stagner.
Buvez au moins 1,5 litre d'eau par jour
En buvant de l'eau minérale tout au long de la journée, vous allez favoriser le flux urinaire et donc, le départ des microbes ayant élu domicile au niveau de votre vessie. Pensez à augmenter votre ration hydrique en cas d'activité intense, de forte chaleur ou de fièvre : des urines concentrées, de couleur jaune foncée, indiquent que vous ne buvez pas assez.
Urinez après chaque rapport sexuel
Un rapport favorise la remontée des germes présents dans le vagin vers le méat urinaire. Videz donc votre vessie dans les minutes qui suivent car le flux urinaire empêche l'ascension des microbes le long de l'urètre.
Toujours s'essuyer de l'avant vers l'arrière
Dirigez toujours votre papier de l'avant vers l'arrière - et non l'inverse - après une selle. Expliquez bien ce geste à vos enfants : ils ont naturellement tendance à faire l'inverse. Enfin, utilisez autant de papier propre que vous répétez ce geste, sous peine de ramener des germes intestinaux vers le conduit urinaire.
Ne vous retenez pas quand vous avez envie d'uriner
Et prenez le temps de vider votre vessie. Vous retenir des heures ne ferait que favoriser la multiplication des germes présents dans la vessie (les urines sont un bon milieu de culture pour les germes). Ces indésirables risqueraient même de remonter les voies urinaires pour arriver jusqu'aux reins et les infecter à leur tour.
N'abusez pas de la toilette intime
A trop vouloir bien faire, vous risquez surtout d'obtenir l'inverse de l'effet désiré. L'usage intime de produits antiseptiques et les injections vaginales trop fréquentes (même s'il ne s'agit que d'eau) perturbent la flore vaginale naturelle et favorisent le développement d'autres bactéries (intestinales, en particulier). Pour maintenir une bonne hygiène du périnée, optez plutôt pour un savonnage externe à l'eau et au gel de toilette intime au pH adapté.
Surveillez votre transit intestinal
La perturbation de la flore intestinale est un facteur de risque d'infection urinaire. Vous devez donc veiller au maintien de son équilibre, en ayant une alimentation parfaitement équilibrée et suffisamment riche en fibres.
N'attendez pas pour consulter en cas de pertes vaginales
S'il s'agit d'une infection, elle risque de s'étendre aux voies urinaires (question de proximité). Seul un traitement antimycosique prescrit par votre médecin - s'il s'agit de champignons - ou antibiotique - s'il s'agit d'une bactérie - peut en venir à bout.