Anesthésie des enfants : comment cela se passe ?
Techniques d'anesthésie, prise en charge de la douleur, présence et rôle des parents… Votre enfant doit être anesthésié et vous vous posez plein de questions ? Françoise Galland, directrice de l'Association Sparadrap, vous aide à y voir plus clair et à aborder cette expérience de façon sereine.
Un million d'enfants de 0 à 15 ans sont anesthésiés en France chaque année. Quand parents et enfants sont bien informés, ils vivent mieux cet acte médical. Suivez le guide !
Avant l'anesthésie d'un enfant : l'importance de la consultation
"La consultation d'anesthésie est un moment-clé pour l'enfant et ses parents", informe Françoise Galland, directrice de l'Association Sparadrap. Dans le cas d'une opération programmée, la consultation a lieu une semaine avant celle-ci en général.
Elle permet au médecin anesthésiste-réanimateur de s'assurer de l'état de santé de l'enfant afin d'évaluer les risques éventuels d'une anesthésie générale et de choisir le type d'anesthésie en conséquence. Au programme :
- Interrogatoire médical ;
- Lecture du carnet de santé ;
- Et examen clinique de l'enfant.
Certains examens complémentaires peuvent parfois être réalisés, comme une prise de sang, une radiographie… Ils permettent en particulier de rechercher des troubles éventuels de la coagulation ou des signes de maladies musculaires.
"C'est pendant cette consultation que les parents et les enfants peuvent poser toutes les questions qu'ils ont en tête", conseille la directrice de Sparadrap. L'objectif ? Anticiper au mieux le déroulé de l'anesthésie.
"Après, à la maison, les parents peuvent être attentifs aux éventuels signes d'inquiétude de leur enfant : énervement, mauvais sommeil… et lui proposer de répondre à ses interrogations, par exemple en lui lisant le guide illustré édité par l'association", indique Françoise Galland.
Anesthésie des enfants : les techniques
L'initiation de l'anesthésie, appelée aussi induction, peut se faire soit dans une salle spéciale (salle d'induction), soit directement en salle d'opération, les deux étant situées au sein du bloc opératoire. Si l'anesthésie a lieu dans une salle d'induction, les parents peuvent parfois rester auprès de leur enfant jusqu'à ce qu'il soit endormi.
Il existe deux techniques d'induction de l'anesthésie : par inhalation, avec application d'un masque et respiration de vapeurs anesthésiques, ou par injection intraveineuse grâce à une perfusion :
- L'induction par inhalation est la plus utilisée chez les enfants de moins de 4 ans. Le gaz de référence aujourd'hui pour ce type d'anesthésie est le sévoflurane. Ses avantages ? Une bonne tolérance respiratoire et cardiaque qui autorise l'utilisation de concentrations de gaz élevées, ce qui permet une induction douce et rapide. Cet anesthésiant a cependant des limites, il est notamment déconseillé chez les enfants épileptiques et peut entraîner des épisodes d'agitation au réveil ;
- L'induction par injection intraveineuse, elle, est parfois préférée par les enfants de 6 à 15 ans, qui appréhendent le masque. L'anesthésique majoritairement utilisé est le propofol. Il a remplacé le thiopental, même si celui-ci reste recommandé dans le cas particulier d'induction chez un enfant à l'estomac plein, en cas d'intervention urgente indispensable.
L'anesthésie de votre enfant vous angoisse plus que l'acte chirurgical ? "Le taux de mortalité lié à l'anesthésie est extrêmement faible", rassure le Dr Frédéric Lacroix, responsable d'unité fonctionnelle d'anesthésie pédiatrique à l'hôpital d'enfants La Timone à Marseille.
Anesthésie des enfants : prise en charge de la douleur post-opératoire
A la fin de l'opération, l'enfant, encore endormi, est conduit en salle de réveil. On y surveille ses paramètres vitaux en continu (pouls, tension artérielle, saturation en oxygène, fréquence respiratoire) et son score de douleur. Le personnel soignant administre des médicaments antidouleur afin de prévenir et traiter la douleur post-opératoire.
"Quels que soient les médicaments prescrits, le traitement anti douleur débute alors même que la chirurgie n'est pas terminée, de façon à ce qu'il soit parfaitement efficace au réveil de l'enfant", explique le Dr Frédéric Lacroix. En fonction du type de chirurgie, des médicaments plus ou moins forts sur la douleur seront utilisés (allant du paracétamol aux dérivés morphiniques en cas de douleurs intenses aiguës), et ce, durant quelques jours après l'opération.
Le bon complément des médicaments ? Les parents ! "Aujourd'hui, c'est sans doute à peine 20 % (8 % en 2003) des équipes soignantes qui accueillent systématiquement les parents en salle de réveil", déplore Françoise Galland. Pourtant, la présence des parents est très importante. "Ils participent à la réassurance de l'enfant, le distraient et sont ses porte-parole, notamment en cas de douleur non soulagée", assure-t-elle.
Si vous êtes présent, que pourrez-vous faire ? "Rassurez votre enfant en lui disant qu'il est réveillé, que vous veillez sur lui", conseille la directrice de Sparadrap. "Demandez-lui s'il est bien installé, s'il est bien soulagé", ajoute-t-elle.
Si votre enfant a mal, signalez-le au personnel médical, des médicaments plus puissants peuvent lui être administrés. Tous les paramètres sont bons ? La douleur est soulagée ? Votre enfant va pouvoir rejoindre sa chambre. L'anesthésie est derrière lui…et vous !
La cotation de la douleur chez l'enfant
Pour pouvoir administrer les médicaments adaptés, il faut évaluer la douleur de l'enfant :
- Chez les enfants de moins de 5 ans, l'évaluation se fait grâce à un score déterminé par l'observation du comportement et la recherche de signes signifiant la douleur par le personnel soignant, avec l'aide des parents ;
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Chez les enfants plus grands, des outils adaptés à chaque âge peuvent être utilisés :
- L'échelle des visages, à partir de 4 ou 5 ans, réglette sur laquelle l'enfant peut montrer le visage qui correspond à la douleur ressentie ;
- Dès 5 ou 6 ans, une réglette permet à l'enfant d'indiquer lui-même l'intensité de sa douleur, en plaçant le curseur à la hauteur de sa douleur ;
- A cet âge, l'enfant peut aussi noter sa douleur sur une échelle numérique simple de 1 à 10.
- Association Sparadrap
- Pour vous : Conseil pour les parents : Mon enfant va être opéré sous anesthésie générale
- Pour votre enfant : le guide pratique, "Je vais me faire opérer - Alors on va t'endormir !"
- La distraction des enfants lors des soins. GALLAND Françoise, TRACOU Antoine. DVD A vous de jouer ! Association SPARADRAP. 2011. Lien vers le film court.