Après les bons résultats de 1998, l'année 1999 témoigne d'une stagnation concernant le nombre de greffes d'organes, selon un rapport préliminaire de l'Etablissement français des greffes. De plus, le nombre de personnes décédées l'année dernière alors qu'elles étaient en attente de greffe a augmenté, passant de 293 en 1998 à 333 en 1999.
L'année 1998 avait redonné espoir aux nombreuses personnes en attente de greffe d'organes, mais force est de constater que l'embellie était de courte durée : d'après un rapport de l'Etablissement français des greffes, la situation en 1999 est beaucoup moins bonne.
Moins de greffes, plus de personnes en attente
Selon le rapport, le nombre global de greffes d'organes est en légère diminution par rapport à l'année 1998 (-3 %). Ce recul est plus important pour les greffes de coeur (-13,2 %) et de poumons (-19,3 %). A l'inverse, le nombre de greffes de foie est au niveau le plus élevé jamais atteint en France, avec 699 greffes l'année dernière. En ce qui concerne le nombre de patients en attente de greffe au 31 décembre dernier, on constate une augmentation : 5353 personnes en 1998 contre 5818 en 1999. Cette hausse globale de 8,6 % porte essentiellement sur le coeur +24,4 %, le foie +32,8 % et le rein +7,3 %. Parallèlement, le nombre de nouveaux inscrits dans l'année augmente pour le foie de 5 % et pour le rein de 10 %.
Des chiffres à relativiser
Cette baisse du nombre de greffes en 1999, associée à une augmentation de personnes en attente, est principalement due à la comparaison avec l'année 1998, au cours de laquelle le nombre de greffes avait énormément progressé. Pour Didier Houssin, Directeur de l'Etablissement français des greffes, "il y a une stagnation par rapport à 1998 plutot qu'une baisse. Dans le cas du coeur, la diminution des greffes s'explique par les progrès réalisés en cardiologie. En matière de cornée, la progression du nombre de greffes a été très nette".
| 1998 | 1999 |
---|---|---|
Cour |
370 |
321 |
Cour-Poumons |
26 |
28 |
Poumons |
88 |
71 |
Foie |
693 |
699 |
Rein |
1883 |
1842 |
Pancréas |
47 |
50 |
Intestin |
9 |
7 |
Total |
3116 |
3018 |
Pourtant, le nombre de personnes décédées alors qu'elles attendaient une greffe a augmenté : de 293 personnes en 1998, il est passé à 333 en 1999. Certes, ce chiffre reste identique à celui de 1997 et il est inférieur à ceux de 1995 et 1996. Dans le détail, le nombre de décès en liste d'attente a réellement augmenté en 1999 pour les greffes de poumons (nombre de décès le plus élevé depuis 1995) et les greffes de reins (nombre de décès le plus élevé depuis 1996).
Toujours autant de refus de prélèvement
En 1999, 1916 personnes ont été recensées en état de mort cérébrale. A peine plus de la moitié d'entre-elles a été prélevée. Dans un tiers des cas, la cause de non-prélèvement était l'opposition de la famille. Depuis 1995, ce taux reste stable, aux alentours de 30 %. Pour Didier Houssin, " ce taux est une moyenne : les refus peuvent constituer 10% dans certains hôpitaux et 50 % dans d'autres. Pour que le nombre de refus baisse, certains établissements doivent améliorer l'information et l'accueil des familles ".
La répartition des causes de décès des sujets prélevés est par ailleurs peu modifiée en 1999. La part des accidents d'origine vasculaire augmente alors que les accidents sur la voie publique baissent. En conséquence, l'âge moyen des donneurs augmente : il est passé de 37,8 ans l'année dernière à 40,1 cette année. Ce vieillissement risque d'aboutir à une baisse du nombre de greffons de bonne qualité.
Curieusement, le nombre de personnes prélevées en état de mort encéphalique n'est pas plus élevé en 1999 qu'en 1998, alors qu'en juillet 1998 a été mis en place le registre national des refus (les personnes qui ne souhaitent pas donner leurs organes doivent dorénavant s'inscrire dans ce registre). Comme le souligne Didier Houssin, " il ne peut y avoir d'accroissement spectaculaire du nombre de greffes suite à cette mesure : l'état de mort encéphalique est un cas qui reste rare ".
En matière du nombre de greffes, la France est, malgré cette stagnation, dans la moyenne haute en Europe, devant des pays comme l'Angleterre, l'Italie ou l'Allemagne. Elle reste par contre encore loin derrière l'Espagne.