Sida : de nouveaux espoirs (Octobre 2000)

 Dr Corinne Tutin
Dr Corinne Tutin Médecin et journaliste santé
Mis à jour le 

Validation médicale : 27 juin 2014
Jesus Cardenas
Jesus Cardenas médecin, ancien directeur médical

Si l'infection à VIH provoque des dommages aussi graves dans l'organisme, c'est que notre système immunitaire ne parvient pas à se débarrasser du virus ou du moins à en neutraliser les effets négatifs.

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Une étude de biologistes américains suggère toutefois qu'après un traitement antiviral précoce, les défenses immunes pourraient prendre un certain contrôle sur l'infection et, même, permettre d'arrêter pendant quelque temps le traitement. Enfin, un espoir contre le Sida !

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Ces résultats optimistes ont été observés par l'équipe du Dr Bruce Walker à Boston chez des malades récemment infectés par le VIH de type 1, soit le virus le plus habituellement rencontré dans le Sida*.

Une expérience d'arrêt du traitement antiviral

Dans un premier temps, les auteurs ont noté qu'une catégorie de globules blancs, qui jouent un grand rôle dans les défenses immunitaires, les lymphocytes T helper, était activée chez les patients ayant reçu un traitement antiviral dans les 72 heures suivant le diagnostic de l'infection. Ensuite, ces biologistes ont entrepris une étude pilote chez un petit nombre de malades dans le but de déterminer si l'activation du système immunitaire est suffisante pour permettre une interruption du traitement antiviral, voire son arrêt définitif.

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Afin de ne faire courir aucun risque aux patients, il a été décidé d'administrer de nouveau les médicaments antiviraux dès que la quantité de virus augmentait excessivement après l'arrêt du traitement (en pratique dès que la charge virale dépassait 50 000 copies du virus par ml de sang ou 5 000 par ml pendant 3 semaines consécutives, un chiffre qui correspond au taux habituellement retenu pour proposer un traitement). Mais, après une nouvelle décroissance du nombre de virus, le traitement était de nouveau stoppé.

Un arrêt du traitement chez 5 malades sur 8

L'expérience a été menée chez 8 malades récemment infectés. Chez tous ces sujets, l'arrêt du traitement a conduit dans un premier temps à la quasi-disparition du virus dans le sang, mais sa présence a de nouveau été décelée 17 jours, en moyenne, plus tard. Néanmoins, chez 3 patients, la quantité de virus est restée en dessous du seuil retenu pour décider de commencer de nouveau un traitement antiviral, et 2 de ces sujets présentaient encore un nombre de particules virales très faible (moins de 200 par ml) après, respectivement, 9 et 7 mois de suivi.

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Chez les 5 autres malades, le traitement a dû être de nouveau instauré en raison d'une reprise de l'infection, mais après une seconde tentative d'arrêt, la multiplication virale a redémarré moins vivement et, au bout du compte, une nouvelle administration des médicaments antiviraux ne s'est avérée nécessaire que chez un patient. A noter qu'une réponse immune spécifiquement dirigée contre le virus a été constatée dans le même temps chez les 8 malades. En définitive, au moment où l'article a été rédigé, quelques mois avant sa publication le 28 septembre dernier dans la revue scientifique Nature, 5 des 8 patients demeuraient sans traitement, 6,5 mois en moyenne après le début de l'infection.

Réponse dans un futur proche

Bien évidemment, ces données sont très encourageantes. Car elles suggèrent que le VIH, même s'il a la capacité de se camoufler à l'intérieur de zones refuges du corps comme les ganglions, peut être surveillé par le système immunitaire lorsque le traitement a été donné très tôt.

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Cet effet sera-t-il suffisant pour maintenir le virus sous contrôle assez longtemps ? Peut-on espérer la guérison des malades ou le maintien d'un état de tolérance réciproque entre le virus et l'organisme, ainsi qu'on l'observe dans d'autres infections virales chroniques ? Seul le suivi de ces 8 malades permettra de mieux répondre à cette interrogation. Réponse donc dans quelques mois.

N'interrompez pas de vous-même votre trithérapie

Il ne saurait en tout cas être question de conseiller aux malades séropositifs de suspendre leur trithérapie au vu de ces résultats. C'est beaucoup trop tôt, et il n'est pas certain que les données obtenues par les médecins américains soient extrapolables à d'autres patients, chez lesquels l'infection a été reconnue plus tardivement, ou qui ont déjà développé une infection chronique.

Pour l'instant, la poursuite du traitement antiviral à vie demeure donc la norme. Si vous êtes infecté par le VIH, ne prenez aucune décision de vous-même. Cela pourrait être dangereux pour votre santé.

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* Nature, 2000 ; n° 407, pp : 523-526


Révision médicale : 27/06/2014
Jesus Cardenas
Jesus Cardenas médecin, ancien directeur médical
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