Cancer : bientôt un traitement à la carte
Bien difficile de savoir pourquoi certains patients sont sensibles à la chimiothérapie anti-cancéreuse et d'autres non. Récemment, des chercheurs américains et espagnols viennent de mettre en évidence des variations génétiques qui pourraient expliquer ce phénomène. De plus, un test diagnostique devrait être mis au point pour déterminer à l'avance la réponse de la tumeur. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à un traitement individualisé en cancérologie.
Si nous ne sommes pas égaux devant la maladie, nous ne le sommes pas non plus devant les médicaments. Une nouvelle branche de la médecine, la pharmacogénétique, connaît d'ailleurs actuellement un développement important.
Son but : mieux prendre en compte les paramètres héréditaires, qui influencent la réponse des patients aux traitements. D'ici quelques années, bien des maladies, bénignes ou plus graves, tireront parti des travaux de cette discipline en plein essor et les traitements pourraient être de plus en plus choisis, non seulement en fonction des caractéristiques de l'affection elle-même, mais aussi du terrain présenté par chaque malade.
Comprendre le cas de résistance à la chimiothérapie
Pour l'heure, les résultats, que viennent de publier les biologistes de l'université Johns Hopkins de Baltimore et de la clinique universitaire de Pampelune* se rapportent à un cancer du cerveau grave, le gliome.
Le traitement habituel de cette tumeur repose sur l'emploi de médicaments anti-cancéreux tels que la carmustine, qui bloquent la division cellulaire anarchique des cellules malignes.
Mais, bien souvent une résistance à cette chimiothérapie se développe peu à peu.
Des traitements plus efficaces
On connaissait déjà l'un des gènes à l'origine de cette résistance, appelé MGMT. Des chercheurs américains et espagnols viennent de découvrir que certains patients étaient capables d'inactiver cet allié du cancer. Dans ce cas, les cellules tumorales ne peuvent plus échapper aux effets du médicament anti-cancéreux, qui exerce alors pleinement son activité.
L'existence d'une telle caractéristique est importante car elle permet de prévoir l'efficacité de la chimiothérapie et, par voie de conséquence, le pronostic : 30 à 40 % des patients qui inactivent la MGMT répondent de manière favorable à la chimiothérapie alors c'est le cas chez un sur 28 seulement lorsque ce gène reste actif.
D'autres cancers fréquents concernés
Ces données devraient avoir des conséquences pratiques. Elles pourraient permettre d'adapter le traitement et de choisir d'autres médicaments actifs chez les malades non sensibles à la carmustine, sans leur faire subir les inconvénients d'une chimiothérapie. Les espoirs sont d'autant plus grands que la firme britannique Virco envisage prochainement de commercialiser un test permettant de détecter les personnes susceptibles d'inactiver le gène MGMT. Il pourrait être employé pour d'autres cancers traités avec des médicaments proches de la carmustine, soit des cancers de la peau, du tube digestif, des ganglions et de la sphère ORL.
* New England Journal of Medecine; nov. 9, 2000 ; vol. 343, n° 19