Les médecines alternatives prennent du galon
Longtemps, la médecine officielle a refusé de reconnaître l'existence des médecines non conventionnelles. En 2001, son succès conduit toutefois les Autorités américaines à les prendre davantage en considération, comme en témoignent deux initiatives, l'une de l'Académie américaine de pédiatrie et l'autre des Instituts de la santé américains.
Coup sur coup, deux annonces rapprochent aux Etats-Unis les partisans de la médecine traditionnelle enseignée en faculté de leurs patients adeptes des autres médecines. En 2001, l'Académie américaine des pédiatres vient de conseiller à ses membres de mieux questionner leurs patients sur leurs recours à ces "autres" médecines. Parallèlement, les Instituts de la santé américains ont annoncé qu'ils allaient ouvrir une base de données consacrée aux médecines parallèles sur internet.
Ecouter plutôt que condamner
En Amérique du Nord, un tiers des patients ont déjà recouru à des médecines non classiques et de nombreux enfants atteints de maladie chronique prennent des vitamines et des thérapeutiques à base de plantes, sans que les pédiatres en aient forcément connaissance. Pas moins de 50 % des enfants victimes d'autisme, une grave maladie psychiatrique, auraient ainsi reçu aux Etats-Unis des traitements alternatifs, souvent à base de vitamine B6, de magnésium et de suppléments nutritionnels, voire de médicaments antifongiques destinés à lutter contre les champignons ! * Face à ces chiffres, l'Académie américaine de pédiatrie (AAP) conseille à ses adhérents, plutôt que d'ignorer ces usages d'en parler avec les parents. Cette Académie juge en effet qu'il est préférable que les pédiatres américains conservent une certaine neutralité de façon à pouvoir conseiller les familles et éventuellement les détourner des thérapeutiques les plus dangereuses. Plus qu'un rejet brutal des médecines non conventionnelles, pouvant être interprété par les parents comme un manque d'implication, l'AAP préfère en discuter calmement, voire proposer dans certaines circonstances de surveiller les effets des traitements. Reste à savoir si ces recommandations publiées en mars 2001 seront appréciées des praticiens.
Les médecines douces côtoient les sciences dures
Les Américains ont consacré un budget de 21 milliards de dollars à ces pratiques en 1997. Face à cet engouement, le célèbre moteur de recherche des publications scientifiques internationales PubMed mis en place par les Instituts de la santé américains (NIH) tient à s'assurer de la qualité des publications concernant les médecines parallèles, qui ne sont pas toujours anodines. Il y a donc nécessité de développer une information de qualité sur ce thème en direction du grand public et des professionnels de santé. Ceci explique que le 5 février 2001, le Centre national sur les médecines complémentaires et alternatives (NCCAM) et la Bibliothèque nationale de médecine (NLM), deux composantes des NIH, ont annoncé le lancement sur internet grâce à PubMed d'une nouvelle base de données fournissant des renseignements sur la phytothérapie, l' homéopathie, les médecines orientales et les autres thérapeutiques non conventionnelles. Ce nouveau service, qui est destiné à tous, permettra de lire sans bourse délier de nombreux articles intégraux sur les médecines alternatives et d'accéder à plus de 220 000 références les concernant.
* Wong HHL, Smith RG. Patterns of complementary and alternative medical therapy use in children diagnosed with autism spectrum disorders. J Autism Dev Disord. 2006;36:901-909 (abstract accessible en ligne).
Centre national pour la médecine complémentaire et alternative Bibliothèque nationale de médecine