Médecine traditionnelle chinoise : tout savoir (ou presque) par la prise de pouls
Avant de passer par l’acupuncture ou le traitement par les plantes, le praticien en médecine chinoise tente de déceler des déséquilibres dans le corps en prenant le pouls. Comment y parvient-il ? Qu’est-il possible de dépister ? Peut-on le faire soi-même ?
L’index, le majeur et l’annulaire du praticien se posent sur le poignet. Des deux côtés. Ils exercent une pression faible, moyenne, puis forte. Cet acte dure de quelques secondes à une minute seulement, mais "nous pouvons obtenir beaucoup d’informations à partir du pouls", assure Marie-Anne Dupont, formatrice à la Faculté libre d’énergétique traditionnelle chinoise - FLETC. "On sent rapidement comment circule le sang, et l’énergie vitale qui le propulse". Éric Marié, président du Conseil académique français de la médecine chinoise, confirme : "C’est une méthode de diagnostic précise, qui permet de connaître l’état des organes".
Une trentaine de type de pouls différents
Le médecin occidental se concentre sur le rythme cardiaque lors d’une prise de pouls. Le praticien en médecine chinoise, lui, s’intéresse en plus à un ensemble d'autres critères : sa force ou sa faiblesse, son élasticité, ou encore sa fluidité.
Les ouvrages de référence distinguent une trentaine de types de pouls différents. Marie-Anne Dupont cite des exemples : "Lorsqu’on sent un pouls tendu, comme une corde sous les doigts, cela peut indiquer un problème au niveau du fonctionnement du foie, de la vésicule biliaire ou encore une accumulation d’humidité (des liquides organiques qui stagnent). À l’inverse, un pouls sans force, avec une artère qui “s’écrase”, montre un manque d’énergie, de sang".
À chaque positionnement des doigts du praticien, correspondrait un organe. Marie-Anne Dupont détaille : "Du côté du poignet gauche de la personne, sous mon index, je vais avoir des informations sur le cœur, sous le majeur sur le foie et sous l’annulaire sur le rein. Du côté du poignet droit, sous l’index, je serai en lien avec le poumon, sous le majeur avec la rate, sous l’annulaire avec le péricarde (ou le rein yang, en fonction des livres de référence)".
La prise de pouls n’est qu’un indice, qui se complète ensuite par un interrogatoire précis et l’observation de la langue pour établir un "bilan énergétique". Puis, un traitement (pharmacopée, acupuncture, massage, diététique, etc.) est proposé au patient.
S’entraîner à sentir son pouls
Il est possible de s’entraîner, chez soi, à sentir son pouls et à acquérir une certaine sensibilité. Les doigts doivent être collés entre eux et posés juste à l’arrière du poignet. Celui-ci doit être à hauteur du cœur.
En fonction du contexte et du moment de la journée, on pourra observer que le pouls varie. Il n’est pas le même selon les saisons, car "l’être humain est soumis au climat, comme la nature. En été, avec la chaleur, le pouls semble plus ample. En hiver, on le sent davantage en profondeur", affirme Marie-Anne Dupont.
Un exercice intéressant, mais il reste difficile d’en tirer soi-même un diagnostic. "Pour prendre le pouls correctement et en déceler toutes les nuances, il faut une longue formation d’une dizaine d’années et avoir travaillé avec un expert qui peut servir d’étalon", avertit Éric Marié.
Attention, donc, à bien choisir votre praticien. Le spécialiste conseille de s’intéresser à sa formation et à son parcours avant toute consultation. "Vérifiez si la personne a une pratique hospitalière en Chine, par exemple. Il existe une centaine d’écoles en France : le meilleur côtoie le pire".
Comment ça marche ?
"La médecine traditionnelle chinoise cherche à traiter le syndrome, pas le symptôme. Le praticien veut comprendre ce qu’il y a en amont de la maladie", explique Marie-Anne Dupont. Les dysfonctionnements sont vus en termes de dominances yin ou yang. Le traitement intervient toujours en complément d’un suivi médical classique et ne doit pas s’y substituer.
Cette discipline se base sur des siècles d’observation (le premier livre connu, Huang di Nei Jing, date d'environ - 500 avant JC), mais son efficacité n’est pas encore totalement reconnue par la communauté scientifique.