La prise de médicaments anti-vomitifs augmenterait le risque d'AVC
Des chercheurs de l’Inserm et du CHU de Bordeaux viennent de publier une étude montrant un risque accru de faire un AVC suite à la prise de médicaments anti-émétiques (anti-vomitifs). Ils restent toutefois prudents sur le lien de cause à effet et estiment qu’il faut néanmoins mieux évaluer les risques liés à la prise de ces médicaments de confort.
Il existe de nombreux médicaments anti-émétiques disponibles sur le marché et ils sont largement utilisés, à hauteur de cinq millions de prescriptions par an. Des chercheurs du CHU de Bordeaux et de l’Inserm ont voulu savoir si leur prise augmentait le risque de faire un AVC ischémique (causé par l’occlusion d’une artère cérébrale par un caillot de sang ou autre). Ils publient les conclusions de leurs travaux dans le British medical journal (BMJ), ce 24 mars.
Etude des données de plus de 2600 adultes
Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont utilisé des données de 2612 adultes hospitalisés pour un AVC ischémique entre 2012 et 2016. Tous avaient pris un médicament anti-vomissement dans les 70 jours précédent leur attaque cérébrale. L’objectif ici était donc de voirsi la prise de ce médicament était en lien avec l’AVC survenu quelques jours ou semaines plus tard.
Un risque accru dans les quinze jours
"Une utilisation plus forte dans la période précédant immédiatement l’accident est en faveur d’un rôle joué par le médicament dans l’attaque" explique le communiqué de l’Inserm. Pour les chercheurs, le risque d’accident vasculaire cérébral "serait multiplié par trois si la prise du médicament anti-émétique datait d’il y a moins de quinze jours".
Les résultats de cette étude suggèrent donc une augmentation du risque d’AVC ischémique dans les premiers jours d’utilisation des médicaments antiémétiques antidopaminergiques. Cette augmentation de risque a été retrouvée pour les trois antiémétiques étudiés : le dompéridone, le métoclopramide et la métopimazine et le risque apparaissait plus élevé dans les premiers jours d’utilisation.
Etude plus large pour comparaison
Prudents, les scientifiques ont voulu voir si leurs résultats ne connaissaient pas un biais qui pourrait survenir si l’utilisation du médicament variait fortement au cours du temps dans la population générale, en raison par exemple, d’une épidémie de gastro-entérite aiguë. Les chercheurs bordelais ont donc considéré sur la même période un groupe de 21 859 personnes, choisies au hasard et n’ayant pas présenté d’AVC. "Chez ces personnes, aucun pic ou excès d’utilisation d’antiémétiques comparable à celui mis en évidence chez les patients ayant présenté un AVC n’a été retrouvé" précisent leurs résultats.
Mieux connaître les médicaments et leurs effets indésirables
Aucune explication sur les conclusions de cette étude n’est pour le moment avancée par les auteurs. "Cette première étude apporte un signal fort, portant sur des médicaments largement utilisés dans la population générale. Dans l’immédiat, il parait très important que ces résultats puissent être répliqués dans d’autres études, études qui pourraient en outre apporter des indications sur la fréquence de cet effet indésirable, que nous ne pouvions pas mesurer ici compte tenu de l’approche méthodologique retenue. Disposer d’informations précises sur les sous-types d’AVC ischémiques et leur localisation permettrait également d’explorer les mécanismes en cause" indiqueAnne Bénard-Laribière, l’une des auteurs de l’étude.