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  • Accidents de la circulation : les pictogrammes sur les médicaments inefficaces

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     David Bême
    David Bême Rédacteur en chef

    accidents de la route médicaments

    Une nouvelle étude française remet en cause l'efficacité des pictogrammes utilisés pour prévenir que certains médicaments augmentent les risques d’accidents de la circulation. Le risque d'être responsable d'un accident associé avec ces médicaments n'a pas diminué à long terme après le pictogramme a été introduit.

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    Les pictogrammes colorés destinés à identifier les médicaments les plus à risque pour la conduite d'un véhicule n'ont pas permis de réduire le nombre d'accidents de la route liés à ces médicaments en France, selon une étude publiée lundi. "Les informations inscrites sur les boîtes de médicaments sont pertinentes, mais ça ne suffit pas", résume Emmanuel Lagarde, le principal auteur de l'étude publiée dans la revue British Journal of Clinical Pharmacology.

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    La nouvelle signalétique a-t-elle améliorer la prévention ?

    Les trois classes de médicaments qui sont le plus liées à un risque d’accidents de la circulation : benzodiazépines anxiolytiques, les hypnotiques apparentés aux benzodiazépines, et les hypnotiques autres que les benzodiazépines. Ces médicaments sont couramment prescrits pour traiter les troubles anxieux ou l’insomnie.

    Il y a dix ans, la France a mis en place un pictogramme de couleur graduée sur les emballages de tous les médicaments à risque pour la conduite. Trois niveaux de risque croissants ont été définis : jaune (niveau 1) qui préconise de "ne pas conduire sans avoir lu la notice", un triangle orange (niveau 2) qui demande d’être "très prudent" et de "ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé" et enfin un triangle rouge (niveau 3) qui recommande de ne pas conduire du tout.

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    Mais quel est l'impact de cette signalétique sur les accidents de la circulation ? Pour le savoir, une équipe dirigée par les Pr. Ludivine Orriols et Emmanuel Lagarde de l'Université de Bordeaux a analysé les informations liées à 142 763 conducteurs impliqués dans un accident de la route entre Juillet 2005 à Décembre 2011 (à partir des bases de l’Assurance maladie et de la police nationale). Cette large période permet de couvrir une période au cours de laquelle le pictogramme n'a pas encore été mis en place (Juillet 2005 à Décembre 2006), la période durant laquelle le pictogramme est introduit (de Janvier 2007 à mai 2008) puis deux périodes durant lesquelles le nouveau système était utilisé (Juin 2008 à Décembre 2009 et Janvier 2010 à Décembre 2011).

    Les pictogrammes s'avèrent inefficaces

    L’utilisation d'anxiolytiques de type benzodiazépine a été associée à une augmentation du risque d'être responsable d'un accident de la circulation de 42 % pendant la période initiale. L'augmentation du risque a disparu après l'introduction du pictogramme, mais est devenue de nouveau significative plus tard (19 % et 35 %de sur-risque pour les périodes 3 et 4, respectivement). Une tendance similaire a été observée pour les benzodiazépines, bien que moins d'individus aient pris ces médicaments, ce qui rend les résultats non significatifs. Pire encore, le risque d'être responsable d'un accident a augmenté chez les utilisateurs d’autres hypnotiques indépendamment de la mise en place de la nouvelle signalétique (24 %, 32 %, et 32 % de risques accrus pour les périodes 2, 3, et 4, respectivement).

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    "Nous n'avons pas vu de baisse durable du risque d'accident lié aux médicaments" reconnaît le chercheur qui insiste sur le rôle du médecin qui doit mettre en garde son patient lorsqu'il lui prescrit un médicament à risque. La durée des effets est variable selon les médicaments, allant de 6 heures en moyenne pour les benzodiazépines à des durées plus courtes pour certains médicaments apparentés. "Le problème c'est que si on reprend une dose pendant la nuit, on en a encore dans le sang le matin" relève-t-il avant d'estimer qu'une des solutions pour ces personnes à l'avenir pourrait être la voiture automatique.

    Impliquer les patients mais aussi les médecins et les pharmaciens

    Ces résultats remettent en question l'efficacité de cette sensibilisation aux effets des médicaments sur les capacités à conduire. "Nous avons estimé que la consommation de médicaments est responsable d'environ 3 % des accidents de la circulation routière", a déclaré le Dr Orriols. Et ces chiffres devraient encore augmenter, sachant que la population vieillit et la consommation de ces médicaments augmente avec l’âge…. A moins que ce problème soit mieux pris en compte comme le souligne le Dr Lagarde "Les politiques de prévention devraient être revues pour la population générale, mais aussi pour les professionnels de santé, y compris les médecins généralistes et les pharmaciens".

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    Sources

    Road traffic crash risk associated with benzodiazepine and z-hypnotic use after implementation of a colour-graded pictogram: a responsibility study. - Ludivine Orriols et al. - British Journal of Clinical Pharmacology online: 21 AUG 2016 (abstract accessible en ligne)

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