Faux médicaments : 700 000 morts par an dans 90 pays
Les médicaments de contrefaçon concernent surtout le paludisme et la tuberculose et sont présents surtout en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Mais les pays développés sont également touchés par ce trafic en pleine croissance, notamment via Internet.
Un marché illicite plus rentable que le trafic de drogues
Dans un rapport récemment publié, l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRCAM) précise que les faux médicaments tuent également de nombreuses personnes dans les pays industrialisés. En pleine expansion, la quantification de ce marché est difficile à évaluer. Selon le Centers for Medicines in the Public Interest, le marché aurait augmenté de 90 % entre 2005 et 2010 pour atteindre 75 milliards de dollars. D’autres sources évaluent le marché du médicament de contrefaçon à 200 milliards de dollars, ce qui le place en haut de la liste des marchés illicites, devant la prostitution et la marijuana. En prenant en compte les statistiques et sources fiables, comme les saisies par les douanes, l’IRCAM estime que la progression de ce marché entre 2005 et 2010 a été 20 % supérieure à celle du marché mondial des produits licites ! De plus, ce marché est juteux car beaucoup plus rentable que le trafic de drogues. Ainsi, le Fédération internationale de l’industrie du médicament, estime que la contrefaçon d’un “blockbuster“ (médicament qui génère plus d’un milliard de dollars par an) peut rapporter 500 000 dollars pour un investissement initial de seulement 1 000 dollars !
La proportion de médicaments contrefaits varie selon les pays. Selon l’OMS, un médicament sur 3 serait contrefait en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, contre un sur 5 dans les anciennes républiques soviétiques. Mais les pays développés ne sont pas épargnés puisque 1 % des médicaments sont contrefaits en Europe ou en Amérique du Nord, alors que ce pourcentage grimpe à 10 % dans les pays en voie de développement comme la Russie et la Chine.
L’inde et la Chine, principaux pays producteurs avec Dubaï comme plaque tournante
Les plus gros producteurs de médicaments contrefaits sont l’Inde et la Chine (75 %) mais la Russie est également pointée du doigt dans une moindre mesure, avec les Philippines et certains pays africains comme le Nigeria. Selon une estimation de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), la moitié environ de la marchandise transiterai par Dubaï afin d’effacer la traçabilité des produits, alors que l’Asie et l’Europe ont les taux les plus élevés d’activités criminelles liées au trafic de médicaments contrefaits.
Si les antipaludéens et les antituberculeux constituent une bonne partie de ce marché noir, en fait pratiquement aucun médicament n’échappe à la contrefaçon. La “qualité“ de l’emballage et de l’aspect des faux médicaments est très différente selon le marché : elle est assez grossière dans les pays à faibles revenus mais très proches du vrai médicament dans les pays développés.
La mondialisation de l’e-commerce booste les ventes
Internet représente une manne extrêmement avantageuse pour le crime organisé et les différentes organisations semblent l’avoir compris. Par exemple, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la moitié des sites qui vendent des médicaments par Internet dissimulent leur adresse physique, 62 % des médicaments achetés en ligne sont des contrefaçons, selon l’Alliance européenne pour l’accès à des médicaments, tandis qu’aux États-Unis, 36 millions de personnes ont acheté des médicaments sans prescription sur des sites Internet illégaux en 2010.
Devant l’ampleur du problème, autant dire que le fait de suivre les consignes de précaution émises par le Ministère de la santé sur l’achat de médicaments en ligne n’est pas un luxe.
Jesus Cardenas
Source : Contrefaçons de médicaments et organisations criminelles. Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRCAM). Septembre 2013 (rapport disponible en ligne).