Les résidus de médicaments dans l'eau
On s'interroge depuis plusieurs années sur l'effet sur notre santé de résidus de médicaments dans l'eau à l'état de traces. Un phénomène en constante augmentation. En France, les autorités sanitaires ont fait le point sur cette pollution à l'occasion d'un récent colloque.
Plus de 3 000 médicaments humains et 300 médicaments vétérinaires sont actuellement disponibles sur le marché français. Les résidus de médicaments, lorsqu'ils ne sont pas totalement dégradés dans l'organisme, sont excrétés dans les selles et les urines sous leur forme initiale ou sous une forme dégradée.
Cet impact environnemental est évalué dès les demandes d'autorisation de mise sur le marché par l'Afssaps pour les médicaments à usage humain et par l'Afssa, via l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), pour les médicaments vétérinaires. Cette étude peut conduire au refus d'autorisation du médicament, si le risque écotoxicologique est estimé supérieur aux bénéfices attendus.
Les réglementations européennes et françaises relatives à la qualité des eaux ne prévoient pas de rechercher les médicaments lors des analyses d'eau. Mais des campagnes de mesures ont toutefois été menées par différents organismes et ont constaté la présence de résidus de médicaments humains dans les rejets des établissements de santé mais aussi dans les effluents et les boues des stations d'épuration urbaines. En ce qui concerne les eaux destinées à la consommation humaine, les filières de potabilisation “multibarrières“ (succession de traitements comprenant notamment du charbon actif) éliminent normalement bien ces molécules.
Dans le cadre du “plan national santé environnement“, des campagnes de mesures de résidus de médicaments dans les eaux utilisées pour la production d'eau potable et dans les eaux potables ont porté sur 141 sites de Basse Normandie, Midi Pyrénées et Rhône Alpes. Résultat : une vingtaine de substances a été retrouvée dans les eaux potables au moins une fois à des concentrations variant de quelques nanogrammes à quelques centaines de nanogrammes par litre. Les discussions du colloque ont fait émerger les actions prioritaires à mettre en uvre :
- Poursuivre les études sur la connaissance des milieux aquatiques, non seulement en ce qui concerne les résidus de médicaments, mais aussi les autres micropolluants. La Direction générale de la santé (DGS) a confié à l'Afssa la réalisation d'une nouvelle campagne nationale de mesures dans les eaux destinées à la consommation humaine ;
- Poursuivre la mise au point de méthodes de référence avec les professionnels du médicament, pour mieux quantifier les substances à des concentrations aussi faibles que le nanogramme par litre ;
- Evaluer le risque sanitaire : cette évaluation est particulièrement complexe notamment en raison des difficultés analytiques, des faibles doses rencontrées et des effets biologiques variables qu'il faudrait investiguer ;
- Améliorer les techniques de traitement des eaux destinées à la consommation humaine.
- Mettre en oeuvre, dès à présent, les mesures préventives de gestion des résidus de médicaments le plus en amont possible dans le cycle de l'eau ;
- Favoriser les coopérations pour promouvoir la connaissance et l'innovation : le ministère de la santé entend poursuivre son rôle d'animation et de fédération des différents acteurs sur ce sujet et plus particulièrement dans le domaine “eau et santé“.
Source : Communiqué conjoint de la Direction générale de la Santé, l'Afssa, l'Afssaps, l'Agence de l'eau de Seine Normandie et l'Université Paris Sud 11.