Fluoroquinolones : des effets secondaires graves enfin pris au sérieux
La Haute Autorité de Santé a répondu à un droit d'alerte sur les effets indésirables graves des fluoroquinolones. Des complications musculo-squelettiques et neurologiques ont été signalées, entraînant une réévaluation des risques. Découvrez les mesures recommandées pour une prise en charge plus sûre.
La classe d'antibiotiques des fluoroquinolones est sous le feu des projecteurs. La Haute Autorité de Santé a répondu à un droit d'alerte exercé par France Assos Santé concernant la détection et la prise en charge des effets indésirables graves liés à ces médicaments. Quelles sont les prochaines étapes pour garantir la sécurité des patients ? Décryptage.
Des complications graves
Les fluoroquinolones, une classe d'antibiotiques largement utilisée pour traiter diverses infections bactériennes, sont désormais scrutées de près en raison de leurs effets indésirables potentiellement graves. Ce lundi, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié un communiqué suite à un droit d'alerte, mettant en lumière les risques associés à ces médicaments.
France Assos Santé avait demandé à la HAS d’élaborer des recommandations d’identification et de prise en charge des complications des fluoroquinolones, commercialisés sous différents noms (Oflocet, Ciflox ou Tavanic).
Les complications des fluoroquinolones peuvent inclure des effets musculosquelettiques avec invalidité, neuropathies périphériques, troubles neurologiques et psychiatriques, troubles auditifs, problèmes cardiaques, etc. En mars dernier, selon une information France Info, le parquet de Paris aurait ouvert une enquête pour blessures involontaires et tromperie, après plusieurs plaintes concernant les effets indésirables des fluoroquinolones. Et le nombre de victimes pourrait être très important. EN mars dernier, une association dénonçait "6 millions d'empoisonnements en France".
Les médecins incités à la prudence, les patients mieux informés
Pour répondre à cette problématique, la HAS recommande plusieurs mesures.
- La HAS incite les prescripteurs à la prudence en se limitant aux indications précises de ces médicaments. Déjà en février 2023, c'était la recommandations de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) ;
- La HAS souligne l’importance d’informer les patients des précautions à prendre pour réduire le risque de survenue de complications et de les prendre en charge lorsqu’elles surviennent.
Les prochaines actions de la HAS
Au-delà de cette volonté affichée, la Haute Autorité de santé s’engage à réaliser deux actions :
- La HAS va travailler à la diffusion d’un document d’information pour les professionnels de santé susceptibles de rencontrer les patients concernés par ces complications (médecine générale, cardiologie et chirurgie cardiaque, dermatologie, médecine physique et de réadaptation, neurologie, ophtalmologie, psychiatrie, rhumatologie, etc.). L’objectif est de "sensibiliser les professionnels à l’importance de repérer ces complications, de les inciter à les signaler via le dispositif de pharmacovigilance et de leur préciser les conduites à tenir en matière de prises en charge des patients présentant des complications liées à l’administration de fluoroquinolones ; il sera élaboré en collaboration avec les conseils nationaux professionnels et les associations d’usagers".
- La HAS actualisera, en outre, son rapport d’évaluation relatif aux "biopsies ciblées dans le diagnostic du cancer de la prostate" pour le recours aux fluoroquinolones doit être réévalué.
La HAS insiste enfin sur la nécessité, "pour l’ensemble des institutions compétentes, de rechercher de nouveaux vecteurs pour renforcer la sensibilisation des professionnels sur les conditions de juste prescription des fluoroquinolones".
Cette réponse de la HAS reconnaît la nécessité d'une meilleure gestion des risques liés à ces antibiotiques mais n'apporte pas à ce jour beaucoup plus d'éléments que les rappels de prudence de différentes sociétés savantes et de l'Agence nationale de sécurité des produits de santé.