Lidocaïne : Tout savoir sur cet anesthésique local
C'est quoi au juste la lidocaïne ? Dans quels produits la retrouve-t-on et pour quels usages ? L'éclairage du docteur en pharmacie Yves Dour.
La lidocaïne est un anesthésique local. Découvrez les indicatoins, les formes galéniques et les contre-indications de ce médicament avec notre expert.
Définition : qu'est-ce que la lidocaïne ?
"La lidocaïne est un anesthésique local du groupe des amino-amides. Son effet est rapide (au bout d'une minute) et de longue durée (environ une heure)", commence le docteur en pharmacie Yves Dour. Il explique : "Une administration unique aux patients permet ainsi de soulager une douleur passagère ou liée à un acte médical". Pour les douleurs plus prolongées, la lidocaïne peut être administrée en plusieurs fois (à faible dose) ou de manière prolongée, par exemple lors d'une anesthésie péridurale. La lidocaïne présente également des effets anti-arythmiques.
Mode d’action : comment agit la lidocaïne ?
"Le mécanisme d'action est basé sur l'inhibition de l'influx nerveux par fixation de la molécule activée sur un récepteur spécifique du canal sodique dans la membrane qui entoure la fibre nerveuse", rapporte le pharmacien. Appliqué localement, il permet de soulager la douleur en anesthésiant la zone affectée.
Quels médicaments contiennent de la lidocaïne ?
"Un grand nombre de médicaments contiennent de la lidocaïne, dépendant de la zone à anesthésier, de la dose à administrer et de la forme galénique utilisée. Certaines spécialités sont réservées à l'usage professionnel", détaille Yves Dour. Outre les formes commercialisées sous le nom de lidocaïne par certains laboratoires génériques, on retrouve les spécialités commerciales aux dénominations suivantes comme par exemple : Aftagel®, Anesderm®, Angi-Spray mal de gorge®, Colludol®, Dynexan®, Dynexangival®, Emla® et génériques, Humex mal de gorge®, Onctose®, Strepsils lidocaïne®, titanoréine, versatris...
Le Vidal, manuel médical français de référence, complète en listant l'ensemble des gammes contenant la substance :
- Aftagel (gel buccal pour les aphtes et autres affections de la muqueuse buccale) ;
- Amylmetacresol / alcool dichlorobenzylique / lidocaïne Biogaran Conseil
- Anesderm (crème)
- Angi-Spray Mal de gorge (spray buccal)
- Aurigoutte (gouttes pour les oreilles)
- Chlorhydrate de lidocaïne Renaudin (solution anesthésique locale)
- Cirkan à la prednacinolone (suppositoires)
- Colludol (spray)
- Dynexan (crème buccale)
- Dynexangival (crème buccale)
- Emla (crème anesthésiante)
- Emlapatch (patch)
- Fortacin (spray contre l'éjaculation précoce)
- Humex Mal de gorge (pastilles et spray)
- Instillagel (gel pour anesthésie locale avant exploration en urologie)
- Lidbree (gel anesthésiant intra-utérin)
- Lidocaïne Accord (solution anesthésiante)
- Lidocaïne Aguettant (sans conservateur 10 mg/ml sol inj)
- Lidocaïne Arrow (solution intraveineuse)
- Lidocaïne Chlorhydrate Renaudin (solution anesthésique locale)
- Lidocaïne Prilocaïne Aguettant (crème)
- Lidocaïne Prilocaïne Biogaran (crème, patch soit un pansement adhésif cutané)
- Lidocaïne Prilocaïne Teva (crème)
- Lidocaïne Prilocaïne Zentiva (crème ou patch)
- Lidocaïne Adrénaline Aguettant (solution injectable)
- Lidocaïne Kabi (solution injectable)
- Mésocaine (solution injectable)
- Nifexine (crème pour les douleurs anales)
- Onctose (crème anti-démangeaisons)
- Onctose Hydrocortisone (crème)
- Ophtesic (Gel ophtalmique)
- Oraqix (gel gencives)
- Osmogel (gel pour les inflammations musculaires)
- Otipax (gouttes)
- Panotile (solution auriculaire)
- Ryligency (sol inj en seringue)
- Strepsils Lidocaïne (pastilles à sucer)
- StrepsilSpray (spray)
- Titanoréine (crème)
- Versatis (emplâtre médicamenteux)
- Vocadys (pâte à sucer)
- Xogel (gel)
- Xylocaïne (sol inj)
- Xylocaïne Adrrénaline (solution injectable)
- Xylocaïne Nébuliseur (solution pour pulvérisation buccale)
- Xylocaïne Visqueuse (gel buvable)
- Xylocard (voie intraveineuse)
- Xylocontact (crème pour usage dentaire)
- Xylonor (solution dentaire)
- Xylonor Adrénalinée au 1/ 80 000
- Xylorolland Adrénaline (sol inj)
- Xylorolland sans vasocontricteur (sol inj)
Indications : dans quels cas prendre de la lidocaïne ?
Les indications de la lidocaïne sont nombreuses. L'utilisation de ce médicament est fréquente pour les cas d'anesthésie locale précédent un acte médical ou chirurgical (perfusion, injection, ponction, infiltration, exploration, sondage vésical, petite ablation, suture, soin d'une plaie, etc.) et en anesthésie topique ou des muqueuses en cas de plaie ou d'inflammation douloureuse (douleur locale superficielle, mal de gorge, plaie ou inflammation de la muqueuse buccale ou génitale, etc.).
La lidocaïne injectable est utilisée en anesthésie régionale, par bloc nerveux, ou encore en anesthésie péridurale.
La lidocaïne peut être utilisée seule ou associée à une autre molécule, par exemple à un corticoïde, à un antibiotique, à un antiseptique ou un bactéricide tels que la chlorhexidine dans les maux de gorge ou de la bouche, à l'adrénaline ou la noradrénaline pour les anesthésies loco-régionales, à un autre anesthésique tel que la prilocaïne dans le soulagement des douleurs cutanées avant un acte médical, ou encore à la naphazoline pour les anesthésies liées à des actes ou examens buccodentaires, des bronches ou de la sphère ORL.
Posologie : quand et comment prendre de la lidocaïne ?
La lidocaïne est un médicament réservé à l'adulte et à l'enfant de plus de 1 an.
"Elle est commercialisée sous plusieurs formes, en fonction de la localisation de la zone douloureuse à anesthésier", note Yves Dour. Elle est principalement administrée sous forme topique pour les douleurs cutanées, mais est également utilisée en infiltration, en instillation (ex : gouttes auriculaires Panotile® et Otipax®) et par voie intraveineuse.
Pour le traitement des maux de gorge ou de la bouche, on opte pour une administration sous forme de pastilles, de pâtes à sucer, de sprays à pulvérisation buccale ou encore de gels ou de crèmes.
Pour les préventions des douleurs liées à une injection (comme des vaccins ou des médicaments injectables) ou à une prise de sang, les crèmes et les patchs sont souvent privilégiés.
L'emplâtre à base de lidocaïne (Versatis®) est utilisé dans les douleurs post-zostériennes (= consécutives à un zona).
"Pour une péridurale, une infiltration articulaire, un acte dentaire douloureux, une ponction lombaire, une biopsie ou de manière générale toute douleur loco-régionale autre que cutanée ou superficielle, la lidocaïne est administrée sous forme d'une solution injectable ou d'un gel injectable disponibles en flacons ou en seringues", souligne le Dr. Dour.
Lidocaïne : quelles sont les contre-indications ?
Selon le pharmacien, les contre-indications au recours à la lidocaïne sont :
- Une hypersensibilité ou allergie connue à la lidocaïne, aux anesthésiques locaux, aux liaisons amides ou aux excipients du médicament concerné ;
- Les personnes atteintes de porphyries récurrentes (altération de la fabrication de l'hémoglobine) ;
- Une épilepsie non stabilisée ;
- Une administration intraveineuse à une concentration supérieure à 5 mg/ml ;
- Une association avec des médicaments anti-arythmiques donnant des torsades de pointe (amiodarone, sotalol, etc.).
Les principaux dangers lors de l'utilisation de la lidocaïne sont liés à la dose administrée et la voie d'administration. Pour éviter tout risque, la lidocaïne doit être utilisée avec prudence chez les personnes souffrant de problèmes de santé tels qu'une hypovolémie, de l'épilepsie, certains troubles cardiaques, une insuffisance respiratoire, une insuffisance hépatique ou encore de la porphyrie.
Des interactions avec d'autres médicaments ?
"Quelques médicaments comme les anti-arythmiques, la cimétidine, la fluvoxamine ou encore certains médicaments utilisés en cardiologie font l'objet de précautions d'emploi, une surveillance doit être effectuée", avertit Yves Dour.
La conduite de véhicules et l'utilisation de machines est aussi à prendre en compte en raison des altérations possibles de la mobilité et de la coordination des mouvements ainsi que de la fonction mentale. Selon le spécialiste, "il convient également d'être vigilant lors de l'utilisation de la lidocaïne au niveau buccal ou de la gorge (gels, sprays, comprimés ou pâtes à sucer) en raison du risque de fausse route (passage des aliments dans le pharynx)".
Risques et effets secondaires indésirables de la prise de lidocaïne :
Les effets secondaires indésirables de la lidocaïne peuvent être cardiovasculaires (hypotension, dépression cardiaque, ralentissement du rythme cardiaque, voire un arrêt cardiaque) ou neurologiques (étourdissements, engourdissements, bourdonnement d'oreilles, troubles auditifs, troubles articulaires, désorientation, somnolence, contraction musculaire, tremblements, frissons, convulsions, choc anaphylactique, dépression respiratoire, voire arrêt respiratoire).
La gravité des effets indésirables est souvent liée à la dose administrée et des symptômes de toxicité (intoxication aux anesthésiques locaux) peuvent être le signe d'un surdosage. De rares cas de réactions allergiques ont été observées (urticaire, lésions cutanées, œdèmes).
Pour les formes topiques, peuvent être constatées des sensations de brûlure ainsi que des démangeaisons, œdèmes, rougeurs, chaleur et pâleur au site d'application.
Lidocaïne : avec ou sans ordonnance du médecin ?
Comme le rappelle le Dr. Dour, "la délivrance avec ordonnance (prescription obligatoire du médecin) de lidocaïne est nécessaire pour les patchs ou emplâtres à usage". On peut en acheter chez son pharmacien sans ordonnance pour les collutoires (solution pour pulvérisation buccale), pastilles et pâtes à sucer contre les maux de gorge.