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  • 80e anniversaire du débarquement : quel est l'impact à long terme du syndrome de stress post-traumatique ?

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    Lecture 3 min.
    Sihem Boultif
    Sihem Boultif Journaliste santé
    en collaboration avec Dr Joachim Müllner (Psychiatre)

    Débarquement : qu’est-ce que le syndrome de stress post-traumatique et quel est son impact à long terme ?

    Demain, 6 juin 2024, commencera les nombreuses commémorations du 80e anniversaire du débarquement en Normandie. Cette opération militaire américaine d’une ampleur exceptionnelle, changera le cours de la Seconde guerre mondiale, mais occasionnera de nombreux morts et blessés. Comment se définit le syndrome de stress post-traumatique qui en a résulté pour les soldats et les victimes et quel est son impact à long terme ? Le Dr Joachim Müllner, psychiatre, nous répond.

    Des commémorations exceptionnelles auront lieu le 6 juin 2024 à l'occasion du 80e anniversaire du débarquement en Normandie. Ces célébrations teintées de fierté, de souvenirs, mais aussi de souffrances seront l'occasion de garder en mémoire que plus de 10 000 soldats ont perdu la vie, sans compter les pertes civiles. Un traumatisme important dont certains gardent encore des traces aujourd'hui. Doctissimo a interrogé le Dr Joachim Müllner, psychiatre, pour en savoir plus sur le syndrome de stress post-traumatique et ses conséquences.

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    Comment peut-on définir le syndrome de stress post-traumatique ?

    "On parle ici d'état de stress post-traumatique (ESPT), qui est un trouble psychiatrique causé par l’exposition à une situation de danger grave pour soi ou pour un tiers" définit tout d’abord Joachim Müllner, psychiatre à l’Hôtel-Dieu, à Paris. "Ce trouble peut se développer dès les suites immédiates de l’exposition au traumatisme mais également se développer dans un second temps".

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    Ce syndrome est marqué par une symptomatologie particulière :

    • Des reviviscences, qui sont "des flashbacks le jour et des cauchemars la nuit où la personne revit la scène traumatique comme si elle était en train de la vivre sur le moment avec des émotions intenses, et des images très vivaces qui envahissent la personne" précise Joachim Müllner ;
    • Une hypervigilance, avec "le cerveau est en état d’alerte permanent et des stimuli qui seraient passés inaperçus en temps normal deviennent source d’alerte pour la personne" précise l’expert. "Cela entraîne une méfiance importante, de l’anxiété, des sursauts et jusqu’à des fausses reconnaissances (le cerveau qui croit d’abord reconnaître l’agresseur avant de se rendre compte que c’est une erreur)" ;
    • Des conduites d’évitement de pensée (la personne essaie tant bien que mal de ne pas repenser à l’évènement traumatique), de situations (la personne évite toutes les situations qui pourraient rappeler le traumatisme), ou de lieu (évitement du lieu de l’agression).
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    Un syndrome particulièrement observé chez les soldats des deux guerres mondiales

    En Occident, la formalisation de ce tableau clinique a été particulièrement faite par les médecins militaires qui ont constaté cette symptomatologie chez de très nombreux soldats déployés pendant les deux guerres mondiales. "Ils ont été victimes d’une exposition à des scènes de violences inouïes, les exposant eux-mêmes comme leurs camarades à un risque de mort et de blessure grave" expose encore le psychiatre.

    Mais bien que le tableau soit plus clair, la prise en charge, elle reste défaillante. "Pendant de nombreuses années les personnes revenaient de la guerre avec des prises en charge totalement insuffisantes, l'État distribuant des médailles et laissant les soldats livrés à eux-mêmes dans leur quotidien qui ne sera pourtant plus jamais le même, ce manque de prise en charge pouvant entraîner une aggravation et une chronicisation de la symptomatologie".

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    Quel est l’impact d’un état de stress post-traumatique sur le long terme ?

    Lorsqu’un SSPT n’est pas correctement pris en charge, des complications comme des addictions - qui sont souvent une forme d’automédication se compliquant ensuite d'une dépendance au produit – surviennent. "Un isolement social et affectif, une impossibilité de reprendre une activité professionnelle ou de rester en lien social même avec sa famille, et des dépressions avec un risque de décès par suicide sont aussi retrouvées" détaille le médecin.

    "Les guerres engendrent donc des blessures physiques dramatiques mais également des troubles psychiques particulièrement douloureux et handicapants sur le long terme" reconnaît enfin le psychiatre, "qui restent, encore aujourd’hui, trop peu diagnostiquées et trop peu prises en charge".


    Sources
    • Entretien avec le Dr Joachim Müllner, le 5 juin 2024
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