L'attentat visant Donald Trump peut-il affaiblir ou renforcer le mental du candidat ? L'avis de notre psy
Victime d’une tentative d’assassinat samedi lors d’un meeting de campagne en Pennsylvanie, le candidat Donald Trump a donné une interview dès le lendemain, affirmant sa chance d’être en vie. Mais quel est l’impact d’une telle attaque personnelle ? Et comment avancer après un tel acte ? Nous avons posé la question à Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne.
"Je devrais être mort". Cette phrase est celle de l’ancien président américain Donald Trump, visiblement combattant, dans les colonnes du New York Post, seulement 24 heures après avoir été visé par un tir mortel.
Donald Trump se considère comme un miraculé
Samedi, lors d’un meeting en Pennsylvanie concernant son investiture, le candidat a en effet été visé par le tir d’un assaillant solitaire passé entre les mailles du filet des services de sécurité. Touché à l’oreille droite, la joue en sang, il a évité la mort de quelques centimètres seulement, avant d’être évacué par sa garde.
Deux personnes ont été blessées et une autre est décédée dans les tirs. L’assaillant, un jeune homme de 20 ans, a été abattu. Une situation de chaos, qui a de quoi traumatiser le candidat comme son public. Mais dans les premières secondes, comme au lendemain de l’attentat, Donald Trump s’est montré plus combattif que jamais.
"Le médecin de l’hôpital a dit qu’il n’avait jamais rien vu de tel, il a appelé cela un miracle" a-t-il concédé au quotidien new-yorkais.
La veille, la dernière image le montrait un poing de rage tendu vers ses militants.
Peut-on se remettre si vite d’un attentat ?
Si certaines personnes craignent de voir un candidat affaibli, d’autres au contraire, misent déjà sur une expérience qui renforcera l’aura du Républicain. Quelles sont les issues possible quand on a frôlé la mort et quand l’attaque était si personnelle ? Pour Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne, difficile de savoir à l'avance quelles seront les conséquences directes.
"Quand une personne subit une agression, les réactions psychologiques et émotionnelles peuvent varier considérablement d'un individu à l'autre. Certaines vont reprendre le cours de leur vie après un certain temps, tandis que d'autres peuvent être profondément affectées et traumatisées".
Il n’y a pas, à ce titre, une bonne façon de réagir, mais la réponse proviendra de plusieurs facteurs qui influencent la manière dont quelqu'un se remet de cette expérience traumatique.
Un processus classique, suivi de diverses réactions
Le processus de récupération suit souvent un schéma classique.
“Il y a d'abord l'impact immédiat : juste après l'agression, l'état de choc peut être plus ou moins intense, avec une incapacité à croire ce qui s'est passé. La peur, la colère, la tristesse et l'anxiété sont des réponses fréquentes et peuvent être plus ou moins difficiles à gérer".
Mais avec le temps, la personne commence à intégrer l'expérience et à adapter ses comportements et ses pensées pour y faire face. "Le soutien des proches, des amis ou de professionnels est crucial. La croyance, par exemple, se raconter qu'on a été protégé, peut aussi aider. Parler de l'expérience et recevoir de l'aide peut faciliter le processus de guérison". Ce qui semble être le cas chez Donald Trump.
Enfin, la capacité à rester ou non efficace dans ses activités professionnelles ou personnelles après une agression dépend de nombreux facteurs :
- La résilience individuelle : la capacité à rebondir rapidement ;
- L’accès aux ressources : une thérapie, du soutien social et d’autres formes d'aide peuvent accélérer la récupération.
Oui l’agression peut aussi renforcer les convictions de Donald Trump
Il est pourtant étrange dans un délai aussi bref de voir un homme reprendre le fil de sa tournée comme si de rien n’était, dès la neutralisation du terroriste. Pour autant, cela n’étonne pas notre experte.
“L’agression peut également avoir un impact sur les convictions. Pour certains, l'agression peut renforcer leurs croyances et valeurs, les poussant à s'engager davantage dans leurs convictions. Cela peut être une manière de reprendre le contrôle et de donner un sens à l'expérience. Pour d’autres, ils peuvent aussi ressentir le besoin de réévaluer leurs valeurs et leurs croyances à la lumière de ce qu'ils ont vécu".
Pour Donald Trump, la première solution semble être à ce jour la plus proche de la réalité. L’homme est actuellement en route vers Milwaukee, dans le Wisconsin pour une autre convention républicaine, avant même que son oreille ne soit guérie.
- Entretien avec Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne, le 15 juillet 2024.
