L'effet Bridget Jones, cette envie de friandises lorsque les femmes se sentent seules, confirmée par une étude
Vous avez tendance à vous précipiter sur le pot de glace en cas de rupture amoureuse ? On vous explique quel mécanisme se cache derrière ce comportement.
Dans le célèbre film à succès "Bridget Jones", l’héroïne romantique tente, tant bien que mal, de trouver l'amour. Entre deux déboires, elle affronte sa solitude avec un pot de glace à la main, affalée sur le canapé. Une attitude, que l'on connaît que trop bien. Et la Science aussi ! Des chercheurs se sont justement intéressés au fameux lien qui existe entre la solitude et les pulsions alimentaires chez les femmes...
Les femmes isolées ont plus de fringales
Pour mieux comprendre l'effet "Bridget Jones" chez la gent féminine, les chercheurs ont évalué 93 femmes et leur ont montré des visuels d’aliments sucrés et salés.
Or, les femmes seules - c'est-à-dire qui présentaient des niveaux d’isolement social élevés - avaient tendance à avoir une masse grasse plus élevée, une alimentation de moindre qualité, des fringales plus importantes, une alimentation basée sur la récompense (ou incontrôlée), ainsi qu’un niveau accru d’anxiété et de dépression.
Plus intéressant encore, ces femmes présentaient une activité accrue dans les régions du cerveau associées à une forte envie de consommer des aliments sucrés... et une plus faible activitée dans la région du cerveau associée à la maîtrise de soi.
Des effets, qui se sont confirmés à l'écran : les IRM ont montré une hausse de l'activité cérébrale dudit groupe.
Les aliments sucrés semblaient également avoir un impact plus significatif et plus généralisé que les aliments salés. Ils agissaient en effet comme des "analgésiques émotionnels", expliquent les chercheurs, en réduisant "la douleur associée à l'exclusion sociale".
Pour les scientifiques, nul doute donc : ces résultats sont la preuve d'un lien instrinsèque entre une mauvaise alimentation et une santé mentale vacillante.
"Ces résultats sont intéressants car ils fournissent la preuve de ce que nous savons intuitivement", a révélé Arpana Gupta, chercheuse et codirectrice du Goodman-Luskin Microbiome Center de l'UCLA. "Lorsque les personnes sont seules ou solitaires, cela n’a pas seulement un impact sur ce qu’elles ressentent ; elles sous-estiment ce qu’elles mangent, leur désir de manger et leurs envies, en particulier d’aliments malsains".
Bien dans son corps, bien dans sa tête !
L’alimentation émotionnelle, une stratégie d’adaptation face aux émotions négatives
Amélie Boukhboza, psychologue clinicienne, reconnaît elle aussi un lien évident entre les émotions et les pulsions alimentaires.
"L’effet Bridget Jones, le nom est bien choisi. Ce phénomène parle du rapport bien connu entre les émotions et les comportements alimentaires (...) En effet, dans des moments de vulnérabilité émotionnelle intense, comme la solitude, le cerveau peut réclamer un peu de douceur. La consommation de sucre, fait alors fonction de "doudou". C’est réconfortant !", affirme-t-elle. "C’est la même chose qui se produit en cas de pic de stress intense ou de dépression, l’alimentation émotionnelle vient comme une stratégie d’adaptation face aux émotions négatives. L’effet au niveau du cerveau est double : d’une part, libération de sérotonine, le neurotransmetteur de l’apaisement et du bien-être qui a donc un effet antidépresseur ; d’autre part, la consommation d’aliments sucrés déclenche aussi la libération de dopamine, le neurotransmetteur associé notamment au plaisir et à la satisfaction", confie-t-elle.
On comprend mieux pourquoi, dans ces moments difficiles, le cerveau peut rechercher une augmentation de cette sensation de bien-être rendant les aliments sucrés particulièrement attrayants.
"Les friandises ont la capacité à susciter rapidement une sensation de récompense et sont donc un choix privilégié pour pallier temporairement à ces sentiments négatifs. Évidemment, sur le long terme, ça ne fonctionne pas, puisqu’il faut réitérer sans cesse l’expérience. À la fin des fins, ce sont des kilos en trop, déprime assurée, le cercle vicieux est lancé puis vite installé (déprime sucre déprime….) et la boucle bouclée", rappelle l'experte.
Dans ce contexte, comment gérer de façon habile ces émotions difficiles ?
"Peut-être en adoptant des stratégies plus saines, avec notamment la pratique régulière d’une activité physique, mais aussi l’expression artistique, la méditation, le yoga, ou pourquoi pas des comportements qui génèrent un peu plus d’adrénaline comme l’escalade ou le saut en parachute...", conclut la psychologue.