"Hommes princesses", la tendance qui fait débat sur TikTok : notre psy nous éclaire sur ce concept
Avec plus de 57 millions de publications sur Tiktok, le phénomène des "hommes princesses" interroge. Véritable évolution ou régression pour la société ? Eclairage de notre psychologue clinicienne.
Les hommes princesses, vous connaissez ? Il s'agit d'hommes qui adoptent des comportements traditionnellement associés au genre féminin. Une expression inappropriée ou un terme qui contribue à l'éveil des mentalités ? Nous avons posé la question à Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne.
Les hommes princesses, ce fleuron délicat de la gent masculine ?
"On sait ce qu'est un homme princesse c'est pour ça qu'on les fuit !", "Un homme princesse c'est un homme qui n'est pas dans son énergie masculine", "Si tu te fais conduire par ta meuf, t’es un homme princesse"... Depuis plusieurs mois, l’expression "homme princesse" fait débat sur le réseau social chinois.
Et pour cause : il met l'accent sur ces hommes "gâtés'", qui ont décidé consciemment ou non d'adopter des attitudes dites "féminines" - comme le fait de se faire draguer, de se laisser conduire ou encore de ne pas payer l'addition au restaurant.
Une évolution, qui déplaît à certaines femmes, estimant que les "rôles sont inversés".
Pourtant, cette tendance n'est pas forcément négative, estime Amélie Boukhobza.
"Le concept des "hommes princesses" bouscule volontairement les stéréotypes de genre, et c’est ce qui le rend assez fascinant. Traditionnellement, le terme "princesse" est associé à des qualités comme la délicatesse, la douceur, l’apparence soignée, mais aussi à une forme de vulnérabilité ou de passivité. Appliquer ce terme aux hommes casse directement ces codes, et invite à repenser les notions de masculinité et de féminité, qui sont souvent enfermées dans des schémas rigides", décrypte-t-elle.
Une "invitation à la liberté d’être"
Dans un monde où l'on prône de plus en plus la fluidité des genres et l’individualité, l’idée d’un "homme princesse" reflète cette volonté de se libérer des attentes sociales, estime la psychologue.
"Pourquoi un homme ne pourrait-il pas, lui aussi, incarner des qualités traditionnellement "féminines" tout en restant pleinement lui-même ? Après tout, être doux, sensible, prendre soin de son apparence ou accepter des comportements traditionnellement associés aux "femmes" n’est en rien contraire à la virilité. Cette étiquette, provocante et volontairement ironique, souligne que la force d’un individu n’a jamais été une question de genre ou d’apparence extérieure", explique-t-elle.
L'autre intérêt de cette notion 2.0 ? Elle pousse à s'interroger sur "nos propres perceptions des rôles genrés".
"Pourquoi associe-t-on encore certaines qualités ou comportements à un sexe plutôt qu’à un autre ? Derrière le terme "homme princesse", il y a une invitation à la liberté d’être, à l’expression sans contrainte des émotions, des goûts et des choix de vie", souligne l'experte.
"Il faut aussi reconnaître que ce concept, un peu provocateur il faut bien le dire, peut agacer ou inquiéter ceux qui voient dans cette fluidité une menace pour les repères établis. Mais en réalité, il ne s’agit pas de nier les différences de genre, mais bien d’élargir les possibilités d’expression et de se défaire de la peur de ne pas correspondre à une norme. Et puis, si des hommes veulent se glisser dans le rôle de la "princesse" – avec tout ce que cela implique d’élégance, de raffinement et d’imagination – qui sommes-nous pour les en empêcher ? Peut-être est-ce même une manière de se réapproprier la vulnérabilité, ce terrain longtemps réservé aux femmes, et de montrer que la fragilité n’a jamais été une faiblesse... !", conclut-elle.
