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  • 452 objets métalliques retirés de l’estomac d’un homme après une crise psychotique : comment est-ce possible ?

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 3 min.
    Sihem Boultif
    Sihem Boultif Journaliste santé
    en collaboration avec Dr Joachim Müllner (Psychiatre)

    Des médecins retirent 452 « objets métalliques » de l'estomac d'un homme après un épisode psychotique.

    Des médecins iraniens rapportent le cas étonnant d’un homme de 37 ans ayant ingéré près de 3 kilos de petits objets, principalement métalliques, à la suite d’une crise psychotique. Comment est-il possible de mettre ainsi sa vie en danger ? Le Dr Joachim Müllner, médecin psychiatre, nous éclaire.

    Le cas est tellement surprenant qu’il a fait l’objet d’une publication scientifique. Un homme de 37 ans a avalé pour près de 3 kg de petits objets en tout genre, principalement métalliques, à la suite d’une crise psychotique.

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    Une radiographie qui montre "une masse métallique"

    Pris en charge à l’hôpital de la ville d’Ahvaz, en Iran, près de la frontière avec l’Irak, l’homme subit différents examens médicaux, dont une radiographie de l’abdomen montrant une masse de métal à la hauteur de son estomac. Cette masse lui provoquait des douleurs gastriques chroniques mais également des vomissements fréquents l’empêchant de s’alimenter et de s’hydrater correctement.

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    Après une endoscopie complémentaire, les médecins s’aperçoivent qu’il s’agit en réalité d’objets agglomérés dans l’estomac du patient, qu’il aurait avalé depuis trois mois, au moins.

    Une opération pour retirer plus de 450 objets en tout genre

    Opéré rapidement, l’homme se serait parfaitement remis de son intervention. Les médecins, quant à eux, font part de 452 "vis, noix, clés, pierres et autres pièces métalliques" pesant au total 2,9 kg, retirés de l’abdomen de cet homme.

    En parallèle, les psychiatres de l’hôpital ont établi qu’il avait souffert d’une crise psychotique, l’ayant poussé à commettre cet acte. Les causes de cette crise n’ont pas été détaillées par les experts, qui rapportent toutefois que l’homme est "fortement accro à l’opium". Comment expliquer cela ?

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    Un épisode "délirant" ou de "désorganisation"

    Interrogé, le médecin psychiatre Joachim Müllner, membre du comité d’experts de Doctissimo, nous en dit davantage sur ce cas insolite. "L'article parle en effet d'un épisode "psychotique" mais ce terme est de moins en moins utilisé. On préfère aujourd'hui le terme d'épisode "délirant" ou de "désorganisation"" débute le médecin.

    Une crise de ce type correspond à "un épisode pendant lequel le cerveau présente une désorganisation du traitement des informations" ajoute le Dr Müllner. "Ce qui entraîne une désorganisation des émotions, des pensées et des comportements. En conséquence de ce trouble du traitement des informations, les épisodes dits "psychotiques" s'accompagnent le plus souvent d'idées délirantes".

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    D’après Joachim Müllner, c'est très probablement ce qui s'est passé pour cette personne. "Elle a dû avoir des idées délirantes produisant la "nécessité" d'ingérer ces pièces de métal, très probablement en conséquence d'idées délirantes de persécution et de l'idée que ce comportement permettrait de se protéger". Autre possibilité : la certitude que la personne aurait "comme la capacité surnaturelle de pouvoir faire ce genre de choses sans que cela ne lui nuise".

    Quelle est la conduite à tenir, face à ce type de crise ?

    Face à une personne qui vit un épisode délirant, l’hospitalisation sous contrainte est souvent la règle. "On hospitalise la personne pour la protéger de ses comportements auto ou hétéro agressifs - contre elle-même ou les autres - et donc pour protéger l'entourage aussi" indique le psychiatre. "Et on l’hospitalise aussi pour traiter la maladie, l'épisode délirant pouvant survenir dans le cadre des maladies différentes comme le trouble schizophrénique ou lors d'un épisode maniaque d'un trouble bipolaire".

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    Enfin, le traitement administré sera établi selon deux plans : "un traitement qui sera anxiolytique et sédatif si la personne est agitée, et un traitement de fond, neuroleptique antidélirant – ou "antipsychotique" – avec plus ou moins un traitement thymoregulateur, c’est-à-dire régulateur de l'humeur" confie Joachim Müllner.

    Comment évolue ce type de crise délirante ?

    Enfin, ce type de bouffée délirante connaît trois évolutions :

    • "Dans un tiers des cas, l’épisode sera isolé et ne se reproduira plus jamais ;
    • Dans un second tiers, on assiste à plusieurs épisodes, mais avec un retour à la normale, à chaque fois ;
    • Enfin, dans un dernier tiers, l’évolution se fait vers une schizophrénie ou un trouble bipolaire" conclut le médecin.
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    Sources
    • Entretien avec le Dr Joachim Mullner, le 20 août 2024
    • Farhadi, F., Mohtadi, A., Pakmehr, M. et al. This is a successful removal of more than 450 pieces of metal objects from a patient’s stomach: a case report. J Med Case Reports 18, 381 (2024). https://doi.org/10.1186/s13256-024-04672-3
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