Syndrome de Münchhausen par procuration : pendant des années, elle invente des maladies à son enfant
Parce qu’elle inventait des maladies chroniques à son fils, une mère a été reconnue coupable de maltraitance, aux Etats-Unis. C'est ce qu’on appelle un syndrome de Münchhausen par procuration, une pathologie mentale assez rare mais destructrice.
L’histoire est choquante et incompatible avec l’idée qu’on se fait d’un parent aimant. Aux Etats-Unis, en Oklahoma, une mère a été reconnue coupable de maltraitance sur son jeune fils : depuis des années, celle-ci lui inventait des maladies alors qu’il était en bonne santé, dans le but de toucher de l’argent.
Des années de maltraitance sur son enfant
Pendant des années, cette mère consultait donc de nombreux pédiatres pour des pathologies jamais retrouvées chez le petit garçon. Après un divorce difficile, le phénomène s’est amplifié selon les informations du Journal de Québec.
La mère désormais seule consulte de multiples professionnels de santé et attribue à son fils des problèmes pour manger, utiliser ses mains et parler, jusqu'à ce que les médecins traitent le garçon. Pendant 4 ans, elle va même jusqu'à placer son fils sous perfusion, sans y ajouter cependant les vitamines nécessaires à sa santé créant d'importantes carences. Le jeune garçon doit alors être hospitalisé plusieurs fois pour malnutrition et pertes de cheveux. Dernier détail sordide, cette maman aurait consciemment laissé son fils dans des couches remplies d'urine, causant ainsi une infection des voies urinaires et des infections bactériennes.
Arrêtée en 2019, la femme a reçu six chefs d’accusation de maltraitance et deux chefs d’accusation de négligence d’enfant. Elle a été reconnue coupable de maltraitance la semaine dernière et risque la prison à vie dans l'Etat américain. Le jeune garçon vit désormais chez son père qui, compte tenu des circonstances, a hérité de la garde complète de l’enfant.
Le syndrome de Münchhausen par procuration, un syndrome rare de maltraitance
Selon les éléments d’accusations, cette femme souffrait vraisemblablement du syndrome de Munchausen par procuration. C’est-à-dire que tous les symptômes et les traitements de l'enfant auraient été basés sur les mensonges de son parent. Un trouble heureusement rare mais qui peut faire souffrir plusieurs personnes. “Je n’en ai jamais rencontré dans mon parcours mais c’est quelque chose que l’on voit en étude de médecine” explique le Dr Mahieu Bellahsen, psychiatre. “Ce sont généralement des cas d’enfants qui ont des maladies qu’on ne peut pas expliquer, qui déclenchent un diabète par exemple, alors que leur pancréas va très bien. On s’aperçoit alors que l’entourage donne de l‘insuline volontairement à l’enfant”.
Au niveau de son explication, l’expert entrevoit plusieurs causes :
- Côté psychologique, cela peut être un acte conscient mais qui ne reflète pas toujours une volonté de nuire. Parfois c'est une volonté inconsciente d'être soi-même soignée. Et comment être soigné, quand on est dans le déni ? En créant des problèmes chez un proche pour qu'il soit soigné à sa place.
- Côté psychiatrique, cela peut être lié aussi à un trouble de la personnalité, une personne psychopathe qui fait souffrir l’autre consciemment pour attirer l'attention, ou pour se venger d’un proche. C’est quelque chose que l’on peut rencontrer aussi chez les personnes âgées.
- Enfin, il peut s'agir aussi d’un profil psychotique d’une personne qui n’est pas dans la réalité. A ce titre, elle peut être convaincue, que son enfant est malade. Mais c'est le remède qu'elle lui administre qui le rend effectivement malade. C’est alors un élément délirant.
Une prise en charge est-elle possible dans le syndrome de Münchhausen par procuration ?
Pour l’expert, cela dépend à qui on a affaire : dans le cas d’une mise en danger intentionnelle, quand la personne a conscience de ses actes, elle est responsable. Elle doit alors répondre de ses actes devant la justice.
Si la personne est au contraire dans un délire, qu’elle a la conviction que son enfant est malade, il faut voir ce qu’il y a en dessous en effet. Quels sont les malheurs qui ont pu générer cet état et cela passe par des soins. “Bien souvent, les personnes font aux autres ce qu’on leur a fait, le parent a pu être maltraité”.
Quelle différence avec la pathomimie et l'hypocondrie ?
Si ces troubles liés à la maladie nous effraient, ils nous intriguent également un peu. A ce titre le syndrome de Münchhausen est-il différent de la pathomimie ou de l’hypocondrie. ?
Pour le psychiatre ce sont des pathologies bien différentes :
- La pathomimie, c'est mimer une pathologie et tous ses symptômes. Par exemple, des personnes schizophrènes ont parfois tendance à prendre la pathologie et les symptômes d’un proche ;
- L’hypocondrie connaît deux grades : l’hypocondrie grave est classée dans la dimension mélancolique (le sujet considère son corps comme mourant) ou légère, comme les étudiants en médecine qui s'identifient à toutes les maladies qu’ils apprennent en cours. “La gravité est dans la fixation : est-ce que le patient est convaincu d’être malade ? Est ce qu’il fait tourner toute sa vie autour de cette maladie imaginaire ? Ou est ce qu’il peut relativiser ? ".